200 Kilomètres-Heure

Chapitre 9

J'étais resté plusieurs minutes dehors à regarder le quartier bien animé. Il était très différent de mon propre quartier. Le mien était froid et sans vie, toujours propre et ordonnée, les jardins n'accueillaient ni repas de famille agités ni soirée d'adolescent inconscient.

Le quartier des deux frères était tout le contraire, il était certes moins luxueux et ordonné que le mien mais je ressentais une vague de bien-être à me retrouver ici. Ce sentiment me rappelait mon ancienne vie, avec ma mère.

Je me sentais vivre en étant ici. Je sortis de toutes mes pensées quand je sentis quelqu'un s'installer à côté de moi contre la rambarde. Je tourne alors légèrement la tête et regarde Yanis en haussant un sourcil. Avant que je ne puisse dire quelque chose, il me lança :

"- Ça change de ton quartier bien luxueux non ?

- Oui beaucoup...

- Tout le monde ne peut pas vivre comme des riches ! "

Il avait parlé de manière cinglante en regardant droit devant lui.

"- Oui, vous avez une chance incroyable, le monde plein de fric est juste froid et agaçant. Ton quartier, ta maison respire la vie, la famille, les amis. Le mien respire le vieux se prélassant devant sa piscine ou encore dans son grand canapé, à boire un verre de vin et à étaler sa richesse devant ses voisins.

- Tu vas me dire que tu préférais abandonner ton palace, pour ma petite baraque ?

- Avant j'avais aussi une petite maison, dans un quartier plus que banal. J'habitais avec ma famille, mes parents et ma sœur. C'était parfait, le week-end je sortais avec mes amis, le soir je mangeais avec ma famille. Mais... bien vite ça a changé... Mon père a changé, ma mère aussi. Puis ma sœur et moi avons été obligé de suivre mon père et sa nouvelle famille. Ils ne sont pas comme nous et vivent dans ce milieu raffiné rempli d'hypocrites. "

Il me regarde longuement et soupire :

- Je suis désolé, je suis con, je suis sur les nerfs et te balance des conneries dans la gueule."

Je souris devant sa remarque.

"- Ah ça oui, tu es con, ça fait une heure que je suis là. Je t'ai cherché mais tu t'es barré...

- Oui... dis-toi que je suis énervé que tu te retrouves au milieu de toute cette merde. Ce n'est pas tes problèmes, tu n'as pas à y participer. Mais bon, maintenant que c'est fait, je ne peux que l'accepter. "

Nous restons à regarder les étoiles quelques secondes et Yanis me fait signe qu'il est temps de me raccompagner chez moi. Avant de partir, je dis bien évidemment au revoir à tous le monde et tout ceux présent me réponde, excepté Roxane, évidemment, et Eden qui me fait simplement un signe de tête.

Le trajet se fait dans le parfait silence. Un silence quelque peu gênant mais pas oppressant.      Yanis se gare devant chez moi et je descends sans oublier de lui dire " Au revoir" et " Bonne nuit".

Je m'apprêtais à rentrer quand j'entends une portière claquer. Je me retourne surprise et vois Yanis s'avancer.

"- J'ai oublié quelque chose ? "

Il ne répond pas et continue d'avancer vers moi. Quand il se retrouve à ma hauteur, il vient poser sa main sur ma joue. Je fixe alors son regard, une lueur intense se lit au plus profond de cet océan calme que forment ses yeux.

Il se rapproche petit à petit, je sens alors son souffle chaud s'abattre sur mon visage. Et en quelques secondes, sans que je m'y attende, il pose ses lèvres sur les miennes.