Wanted. Je sais que tu es là, cette étoile au milieu de milliards d'autres. On ne se cherche pas et pourtant un jour on se trouvera, un jour je serais dans tes bras. Je ne t'ai jamais parlée mais tu seras la confidente de mes mots. Oui, un jour... Un jour tu franchiras le palier de ma porte et tu partageras mon toit. Un jour je te ferais sourire, peut-être pleurer.
Je sais que tu existes et qu'en ce moment tu ne te soucies pas de la mienne. Ton regard sera-t-il comme je l'imagine ? Tes lèvres seront-elles aussi douces ?
Saurais-je trouver les mots devant tant d'émotions ? Trop de questions me hantent.
Il ne faut pas s'en poser. La maladie me ronge un peu plus chaque jour, un peu plus chaque nuit. Ces visites chez le médecin qui deviennent de plus en plus fréquentes. Le moral de mes parents qui flanche.
Cela devait être une journée comme une autre. Ayant toujours été très optimiste, j'avais reçu de nombreux soutiens qui m'avaient énormément touchés. Cette lettre posée sur mon chevet d'hôpital que je saisit avec ce bras perfusé, que j'ouvre les doigts tremblants, que je lis le regard brillant.
Soudain, la poignée qui tourne, la porte qui grince et qui laisse pénétrer un rayon de lumière. C'est un grand monsieur, chauve avec une longue blouse blanche décorée de crayons. Il s'approche doucement vers moi, s'assoit à côté de mon lit et commence à me regarder, son regard concentré sur le mien.
D'habitude, il entre toujours avec son large sourire, me demandant si ça va en me proposant un petit gâteau. Mais pas cette fois. Je pouvais même entendre le souffle de sa respiration.
Il passe sa main froide dans mes cheveux, je ne sais pas si cela doit me rassurer mais je ne dit rien.
-"Depuis combien de temps tu as ton cancer ?" me dit-il d'un ton neutre.
-"3 ans, monsieur...", répondis-je.
Il se leva, fit quelques pas dans la chambre et soupira. C'est alors qu'il m'annonce cette nouvelle. Cette terrible nouvelle. La maladie a gagnée, je suis condamné et je n'ai plus que quelques mois à vivre. Ou plutôt à survivre. Tous mes rêves d'enfance disparaissent. Mon optimisme s'efface à jamais. Je vais maintenant compter les jours comme à Noël quand j'étais petit, attendre cette date fatidique, cette prophétie.
Il quitte la chambre en m'adressant un dernier regard. Il sait qu'il ne me reverra plus jamais. Je le sait aussi. Peu de temps après, ma famille entra dans la chambre en m'apportant un magnifique bouquet de fleurs, des roses roses et blanches, mes préférées. Un jour, cela sera des chrysanthèmes.
Je vois bien qu'ils essayent de garder le sourire mais au bout d'un moment, ma mère s'effondre. Mon père est obligé de la consoler mais il n'a pas les mots. Lui-même doit se consoler et accepter mon destin.
Chacun leur tour, ils s'approchent de moi et me demandent ce que j'aimerais faire une fois sorti de cet hôpital. Je leur répondis :
-"Je veux ce qu'il y a de plus beau et de plus précieux dans ce monde, que maman sèche ces larmes et revivre tous ces merveilleux instants une dernière fois et partir en étant heureux. Vous êtes mon plus beau cadeau vous savez, contentez-vous de toujours rester auprès de moi quoiqu'il arrive et je serais le plus chanceux de tous ceux qui se battent comme moi".
A travers ces mots, personne n'a pu retenir cette larme luisante. Mon petit frère s'approcha et me pris dans ces bras en me disant qu'il m'aimait. C'est la première fois qu'il me le disait.
Les mois passent, chaque soir je raye la journée passée sur mon calendrier. Je sais que plus ils s'écoulent, plus je me rapproche du fameux jour. Je suis heureux. Ma famille est pleine de petites attentions qui me touchent énormément. Chaque matin, maman m'apporte le petit-déjeuner au lit, avec cette même rose parfumée blanche et rose. Mon petit-frère toque à ma porte les mains remplies de Legos pour me proposer de jouer avec lui. Mes grands-parents m'appellent tous les matins pour me tenir compagnie. Mes amis m'accordent également du temps, je m'amuse tellement avec eux. Nous sortons, ils me font tellement rire. C'est formidable d'être si bien entouré mais tout ça me gêne un peu dans un sens, j'ai toujours été très modeste et du jour au lendemain j'ai l'impression d'être un prince. Mais ils le font car ils m'aiment. Et qu'il ne me reste que très peu de temps.
Un beau matin ensoleillé, je n'ai pas pu regarder ce beau temps. J'étais parti dans la nuit rejoindre les étoiles que je contemplais à la nuit tombée. Les funérailles se sont faites deux jours après. A présent, je suis dans un monde meilleur. J'ai mon nom gravé sur ma tombe couverte de roses blanches et roses.
Depuis ces 3 ans, j'ai toujours cru que j'arriverai à vaincre ce mal en moi. Je voyais mes amis voisins de ma chambre d'hôpital s'éteindre l'un après l'autre mais d'autres réussissaient. Je me disait "Pourquoi pas moi ?". Le destin ne s'écrit pas, il se vit. Certains meurent alors qu'ils méritaient de vivre comme certains vivent alors qu'ils ont commis les pires atrocités de l'espèce humaine.
Chaque jour est trop court pour se projeter vers l'avenir. La mort peut t'attraper à chaque instant, je ne t'apprend rien. Il faut simplement retenir que tu auras beau être la personne la plus riche au monde, tu resteras pauvre sans famille ni amis, car ils n'ont pas de prix.
J'étais en bonne santé, il y a plusieurs années. Personne n'est à l'abri de la même aventure que moi. Le mal est une illusion, invisible et pourtant il était là. Mais grâce à lui, j'ai reçu tout l'amour du monde.
Ne pleure pas maman, je repose en paix.
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Illusion
General FictionChaque jour, je veillis. Chaque jour, mon coeur bat. Chaque jour, je respire. Un jour, tout s'arrête. La vie est l'illusion de la mort.