Chapitre 17

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         Après s'être rhabillée, et avoir enfoui sa gêne - qu'elle sentait poindre à retardement face à son audace - au plus profond d'elle-même, Mai emboîta le pas à ses nouveaux camarades. Ceux-ci babillaient joyeusement entre eux, et Mai se surpris à simplement profiter de l'instant en les écoutant et en riant aux blagues osées d'un dénommé Sage. Elle se sentait étrangement sereine, mais pour sa défense, elle devait dire que pour la première fois depuis un moment – combien de temps cela faisait-il d'ailleurs ? 2, 3 jours ? – elle ne ressentait pas d'urgence à fuir, découvrir qui était les gens autour d'elle, réfléchir s'ils lui voulaient du bien ou du mal. Et cela lui faisait un bien fou. Les commissures de ses lèvres l'élançaient délicieusement à force de s'étirer pour sourire comme cela ne lui était plus arrivé depuis son arrivée ici.

Son comportement la surprenait elle-même, il lui était rarement arrivé de se retrouver si proche et fondamentalement si BIEN, avec des gens qui étaient des inconnus il y a peu.

Par nature, elle était méfiante et préférait ne pas trop montrer d'elle-même dans un premier temps, se positionnant le plus souvent en observatrice lorsqu'il s'agissait de rencontrer ou de discuter avec de nouvelles personnes.

Elle avait toujours pensé que cette attitude prudente faisait partie de son tempérament et faisait seulement d'elle une personne moins sociable et avenante que d'autres. Elle s'était d'ailleurs accoutumée à ce fait.

A présent néanmoins, alors qu'elle se retrouvait catapultée parmi des créatures – comme elle ! – qui relevaient plus du mythe que de la réalité, elle songeait que, peut-être, au fond d'elle-même, restait-elle auparavant constamment sur la réserve car elle savait ne pas être parmi les siens ? Cela pourrait expliquer pourquoi elle ne s'était véritablement et sincèrement liée d'amitié qu'avec ses amies qui étaient elle-aussi des métamorphes...

Est-ce que les personnes comme elles ressentaient une attraction particulière envers les gens de leur espèce par rapport aux gens ordinaires ? Et comment cela se faisait-il ?

Alors que tous franchissaient la barrière séparant la forêt des bâtiments qui formaient le Centre, Mai songea qu'elle aurait tout le temps d'éclaircir tout cela et de poser ses questions plus tard. Elle étouffait déjà son troisième bâillement en l'espace de 5 minutes, et cela allait lui faire perdre sa crédibilité de dure à cuire aussi vite qu'elle l'avait gagnée.

Elle entreprit par habitude d'essayer de rassembler ses cheveux en un chignon flou au-dessus de sa tête, avant de s'apercevoir qu'elle n'avait plus son fidèle élastique autour du poignet, et ce depuis un moment sûrement. La coiffure de fortune qu'elle avait réalisée dans le box, une éternité auparavant lui semblait-il, n'avait guère tenu le choc de sa transformation. On lui heurta le flanc gauche alors qu'elle relâchait sa chevelure.

- Oh, June ...

- Excuse-moi, gloussa la jeune femme à son côté, c'est l'adrénaline qui retombe, je vais rester encore un peu fofolle un moment je pense !

- Oui j'ai bien remarqué que tout le monde semblait d'excellente humeur... et plutôt en forme vu l'horaire, répondit Mai en souriant... et en bâillant sans pouvoir s'en empêcher cette fois.

L'autre lui adressa un clin d'œil malicieux en s'en apercevant :

- Les premières sorties en meutes sont fatigantes pour les nouveaux, vous n'y êtes pas habitués ni physiquement ni psychiquement, ton épuisement est normal !

- C'est vrai que je me suis rarement sentie aussi crevée, même après mes pires soirées...

June éclata d'un rire qui avait un petit éclat diabolique du point de vue de Mai. Légèrement inquiète, celle-ci lui jeta un regard pendant que l'autre fille se rapprochait étrangement d'elle.

MétamorphesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant