Divergent Fiction : The Anchor

Chapitre 11 :

Il a plu toute la semaine, sauf aujourd'hui, et hier il y avait les funérailles de Moly. Je me demande à quoi ça ressemble, ici, mais je n'ai pas été invité et c'est normal. Le sol est trempé et bien que j'ai cherché de meilleures chaussures, je n'ai pas trouvé grand-chose. Les seules chaussures fermées que j'ai pu prendre ne sont pas très belles mais cachées par ma longue jupe brune-orangée.

Je viens de finir ma corvée d'eau quand je vois que je suis presque en retard. Octavia est venue voir Rachel et doit maintenant repartir vers la ville, avec moi. Je dois récupérer quelques affaires et poursuivre ma formation, qui sera à présent plus élargie. Elle a attaché ses cheveux cuivrés et est une des rares filles à porter un pantalon. Elle cherche quelques volontaires car nous devons livrer de la nourriture aux sincères. Je monte à l'arrière, entre les caisses de bois et les quatre volontaires. Le camion sort de notre collectivité et doit s'arrêter pour être contrôlé par des audacieux. Ils nous demandent de descendre le temps du contrôle et nous les écoutons. Plus loin, je remarque un groupe de jeunes audacieux qui en écoute un parler. Ce sont des novices et il y a Peter parmi eux. Ça m'étonnerait beaucoup qu'il veuille me voir comme ça et entouré de tous ses amis alors je ne fais rien à part le regarder. Et c'est sûrement déjà trop. Leur leader a fini son speech et Bryan m'aperçoit en se retournant pour nous observer. Je ne pense pas qu'il va me reconnaître dans cet accoutrement mais je le vois plisser les yeux avant de me faire un signe. Je lui réponds discrètement et il avertit son meilleur ami. Tous les novices nous regardent, ou presque. Peter me sourit doucement et je l'imite. Nous ne devons pas nous faire remarquer. C'est alors que deux ou trois garçons nous sifflent. Je regarde les autres, qui déjà remontent dans le camion. Il y a deux autres filles, l'une laissant apparaître son nombril et l'autre ayant un léger décolleté. Elles sourient timidement et rougissent tandis que je m'assois près d'elles et nous repartons. Je regarde Peter dans les yeux, jusqu'à ne plus les voir. Etre près de lui sans pouvoir l'approcher est assez douloureux et je dois me mordre la lèvre pour ne pas pleurer. Une femme et un homme, surement un couple à la façon dont ils se regardent, commencent à jouer du banjo et à chanter tandis que la fille en face de moi me dévisage, je crois. Je n'ose pas relever la tête et regarde mes chaussures, qu'on voit quand je suis assise. Je joue nerveusement avec mes mains, je n'aime pas qu'on m'observe, comme pour voir si je cachais quelque chose. Nous arrivons dans la ville quand la fille me demande enfin :

-C'est toi l'audacieuse ?

-Oui, c'est mon visage qui te l'a fait comprendre ? je réponds un peu vite.

-Toujours sur la défensive je vois.

Elle sourit en coin. Elle est très belle avec ses cheveux de jais et ses yeux bleus ciels. Elle doit avoir presque 30 ans, je dirais.

-C'est ton tatouage plutôt, reprend-elle.

Elle prend ma main et l'observe.

-Je savais pas que c'était possible d'en faire chez nous.

Elle parle des fraternels, je suppose.

-Ou alors tu es allé chez les noirs sans prévenir.

Elle sourit en coin, les autres froncent les sourcils, je réplique :

-Je l'ai fait avant de venir ici.

Je tire ma main pour qu'elle la lâche et croise les bras.

-En sachant que tu viendrais ici en suite ? C'est pas très malin.

-Ça ne pose de problèmes qu'à toi.

Elle ne dit rien d'autre. Nous arrivons au secteur des sincères et elle saute du camion puis me révèle :

-C'est moi l'autre audacieuse.

Je n'ai pas le temps d'en savoir d'avantage car elle s'éloigne avec une caisse de fruits. Je saute du camion et attrape celle que me tend l'homme au banjo puis vais la poser. Les sincères nous observent bizarrement, certains nous jettent des regards méprisants et d'autres nous sourient. C'est là que je me rends compte que dans ma tête, je ne me considère pas comme une fraternelle, toujours pas. Je pense que les sincères sont en conflit avec eux, pas nous. L'autre audacieuse pense-t-elle comme moi ? Je dois absolument parler avec elle. Je vais chercher une autre caisse en courant pour être à son niveau :