Nélia
_ Regarde qui arrive enfin !
Je suivais le regard de Masala et aperçus au fond de la salle un jeune homme grand et bien bâti, à la peau foncée, qui se dirigeait vers nous. Kalé Dagary. Le garçon le plus beau et le plus attirant de la ville. Oui de la ville, et je pesais bien mes mots ! Le béguin que j'avais pour ce garçon était indescriptible. C'était la plus belle chose qui pouvait m'arriver à ma première année de lycée. Sept mois plus tard, je pouvais désormais confirmer mon amour pour ce jeune homme de deux ans mon aîné. Et cet amour avait tourné à l'obsession, de sorte qu'il me fallait ma dose de Kalé au quotidien. Oui il avait une mauvaise réputation, et alors ? Je ne pouvais pas dire que j'étais une sainte non plus !
Seulement, dans la ville où je vivais, avoir une mauvaise réputation n'avait rien à voir avec les délits, petits ou grands, qu'une personne avait commis. Mais plutôt à la force occulte de sa famille. Le père de Kalé était un « Myste », terme qui désignait un sorcier de naissance. On devenait Myste de père en fils. De par son droit d'aînesse, Kalé avait été désigné comme le successeur de son père. Son initiation avait débuté à 15 ans et devait se terminer à 19 ans, âge auquel il devait faire preuve d'une totale maîtrise de ses facultés surnaturelles avant de se voir décerner une partie des pouvoirs paternels. Sa succession serait alors confirmée et il entrerait ainsi dans le cercle prestigieux des « Grands-Mystes », ces êtres obscurs aux pouvoirs incommensurables.
Les arts magiques faisaient partie intégrante de la culture de la ville d'Avent, au sud d'Earthland ; une ville qui regroupait la plus forte communauté afro-antillaise du pays. Malgré la crainte que pouvait susciter la sorcellerie, elle s'affirmait pourtant comme un élément incontournable de la vie publique et privée. Aussi contradictoire que cela pouvait paraître, nombreuses étaient les familles qui attribuaient un pouvoir divin à cette société secrète, tandis qu'un nombre restreint de familles s'opposaient à elle. Et ma famille en faisait partie. J'étais la seule fille de mon père et de ma mère, décédée à ma naissance. Avant que je ne fasse mes premiers pas, mon père avait déjà trouvé celle qui remplacerait cette dernière.
Six ans et deux fils plus tard, ma belle-mère succombait à une maladie foudroyante, dont aucun médecin n'eut le fin mot. Cela n'empêcha pas mon père de la remplacer aussitôt après le deuil. Ma seconde belle-mère en eut pour huit ans et trois fils, avant de mettre fin à sa vie sans aucune raison apparente, selon les dires de mon père. A quarante-huit ans, ne pouvant certainement pas prétendre à son titre de chef de famille sans maîtresse de maison, j'eus droit à une troisième belle-mère, qui dans sa première année, tardait à mettre au monde. Ce qui n'était pas pour me déplaire. J'étais à la tête d'une petite armée dont la seule ambition était de me voir courber l'échine !
Kalé portait un jean noir et un polo blanc avec des sandales noires. Il était simple, mais avait une présence imposante. C'était indéniable ! Pour moi, il était juste l'homme parfait ! J'étais prête à l'épouser pour peu qu'il ait conscience de mon existence ! Tandis qu'il s'approchait de ma meilleure amie et moi, il me jeta à peine un regard. Il poursuivit son chemin et s'arrêta près de ma plus grande rivale : Belga Falle ! Qu'est-ce que je pouvais la détester ! D'ailleurs, je ne comprenais pas ce qu'il pouvait bien lui trouver. Ils n'avaient absolument rien en commun. On disait que les contraires s'attiraient. Eh bien, j'avais une preuve tangible sous mes yeux !
Belga était certes la fille la plus populaire du lycée, mais ça c'était uniquement parce que son père avait été maire de la ville deux ans plus tôt. C'était une belle fille de 17 ans, une de ces filles au teint clair, dont tout le corps pétri de volupté éveillait chez les hommes un désir lancinant et tenace. Et elle savait user de ce pouvoir pour obtenir d'eux ce qu'elle désirait. Sa mère l'avait appris à ses dépens. Elle avait subitement perdu la raison quatre ans plus tôt et était internée dans sa propre maison !
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Femmes de pouvoir : Nélia Mbassal
Fantasy"C'est une fille de l'eau, une sirène. Si tu réussis à posséder son cœur et son corps avant que ses pouvoirs ne se manifestent, tu obtiendras l'immortalité !" C'était la mission que s'était fixée Kalé Dagary, le garçon que j'aimais ! C'est...