Adam

A comme antonyme

Soir 1: Choix et réflexion

On a pas suivi l'idée de son pote, elle était pourtant bien meilleure. Jene sais pas si c'était par habitude, tradition ou solidarité familiale, mais j'ai choisi le plan foireux de mon frère.
Mouton, vous me direz; qui ne se différencie pas des autres, peut-être, mais mon frère manquait de soutien et je ne voulais pas le voir afficher une moue déçue et renfrognée le reste de la soirée.
Mon frangin a remplacé son air de défi par une expression de victoire et on s'est installés dans la voiture de Tommy, moi à l'arrière, les deux devant.
J'ai lancé un regard à Tommy, dans lequel on pouvait clairement lire: "Désolé, mais tu connais cet énergumène".

Mon frère a voulu conduire mais Tommy tenait trop à Melinda [oui il a donné un nom à sa voiture, un problème?] pour le laissait toucher -ne serait-ce du bout des doigts- le volant -nous lui en sommes reconnaissant.

Et tandis que les deux amis à l'avant de la voiture partaient en débat sur dieu ne sait quoi, je me replongeai déjà dans les méandres de mes pensées.

On ne se ressemble pas, – mon frère et moi –, souvent les profs pensent que notre nom de famille commun est une pure coïncidence et c'est au p'tit monsieur "je-sais-tout" de lever la main pour faire comprendre au professeur que: non ce n'est pas une coïncidence, nous sommes jumeaux; et au prof de répliquer qu'il blaguait.
Outre notre mâchoire saillante et nos yeux en amande, nous sommes le contre exemple parfait des jumeaux identiques, qui s'adorent, font tout ensembles et ont les mêmes amis; nous ne sommes pas cet archétype idiot.
lui et moi c'est à peine si on se parle en dehors des banaux "passe moi le sel" et "on a un exam en maths?".
Alors aujourd'hui, passer une soirée avec son meilleur et lui, ça tient du miracle, je veux dire lui et moi on est tellement différents, il est un peu le mythique bad boys du lycée, celui qu'on retrouve dans toutes les histoires d'ados pré-pubères écrits du point de vue de la fille fragile, paumée, belle et intelligente, qui finira avec ce bad boy dans une incontournable happy end devinée depuis la première phrase du livre.
C'est vrai qu'il est populaire, beau, et très apprécié des filles, qui le zieutent sans cesse, même quand il vient avec sa gueule du matin en cours, oui vous savez la tête qu'on a tous lorsqu'on se réveille le lundi matin.
Tandis que moi, je ne suis qu'un ordinaire lycéens, connu de nom par sa classe et ses amis, qui eux tiennent sur les doigts d'une main, j'ai ma bande d'amis, une popularité inexistante et un physique banal; simplement Monsieur Tout Le Monde.
Je suis grand, plus que mon frère, mais ma taille ma souvent complexée, être plus grand que les autres n'a pas toujours été un avantage.

Je suis un gars normal, modeste selon les opinions, plutôt généreux et au cœur sur la main paraît-il. Et non pas ce genre de personne à poster une photo sur les réseaux sociaux sous son "bon profil" accompagnée d'une de ces phrases stupides, sans fond qui font place de description.
De un, parce que c'est digne d'une histoire de fille de 11 ans qui fantasme sur les abdos et les cheveux blonds. Deuxième parce que la plupart du temps ces courtes phrases son fausses, impliquant un nom américain, et je ne suis pas américain, je m'appelle Adam (je n'ai pas de copine qui s'appelle Ève, j'ai déjà subi ce genre de blagues au collège alors passez votre chemin s'il vous plait, je ne le répéterai pas), des diminutifs ridicules, et je déteste cela, et (c'est le dernier "et", promis) cela ne me ressemblerai pas. Troisièmement et dernièrement, ce genre de présentations sont souvent bourrées de fautes et ( ah bah apparement c'est pas trop possible enfait) je suis un fan incontestable de la grammaire, la conjugaison et l'orthographe. Et la plupart du temps ces courts textes sont écrits par des filles pour des histoires stupides qui inclues romance et manque d'imagination, seulement il s'avère que je n'ai pas été doté d'un sexe féminin...

Alors si vous comptiez sur ça je suis désolé de vous décevoir à ce point.

Vous comprenez alors que mon frère et moi sommes la définition parfaite du mot "antonyme".
Prenez un dictionnaire, cherchez la définition du mit "antonyme" et vous y découvrirez:
«antonyme»: nom masculin; signifie: deux mots qui se contredisent.
ex: les frères Adam et Nathanaël MARTIN.

Du côté de nos prénoms, nos parents doivent vous sembler très catholiques, le fait est que nous n'avons même pas une bible à la maison et que aucun d'entre nous n'est baptisé. Pourtant nos noms sortent tout juste de ce livre sacré, et ce n'est cependant qu'une simple coïncidence, ou peut-être suis-je simplement né le jour de la Saint Adam? enfin non, je suis né le jour de la Sainte Élisabeth, désolé de vous décevoir mais mes parents ne faisaient qu'idolâtrer ces prénoms.
Je vous vois venir avec vos "Mais Adam, dis comme ça ça perd toute sa crédibilité, idolâtrer c'est pas vraiment le bon mot tu sais?". Mais allez donc fourrer votre nez ailleurs, c'est mon histoire et mes mots [excuse débile pour camoufler ma flemme, chercher un autre mot m'est trop dur, je crois que ma seule ambition est celle-ci: transmetteur de la flemme au niveau mondial].

Un claquement de doigt me sort de mes pensées, une main familière se balade devant mon visage, il s'avérerait que je me sois encore plongé dans mes pensées, là où seul moi peut parvenir.