Jet Black Heart

Chapitre 1

Le crépuscule embrasait petit à petit le ciel. Confortablement installée sur ma terrasse, un livre à la main, j'observais avec émerveillement la mer paisible et le ciel aux couleurs de feu. Un mois que j'étais ici, sur l'île de la Réunion, et je ne m'en lassais pas.
Je fermai les yeux et écoutai avec délice le bruit calme des vagues venant s'échouer sur la plage. C'était un petit coin de paradis.

Mais soudain, un étrange sifflement me fit froncer les sourcils et me força à ouvrir les yeux.
Ce n'était pas le bruit des vagues.
Je me levai et regardai autour de moi, intriguée. Le bruit s'amplifiait et je n'avais aucune idée de sa provenance.
Tout à coup, alors que je tournais sur moi-même, de plus en plus perdue, il s'interrompit. Un choc sourd fit trembler le sol et je vacillai, surprise.
Cela provenait de la plage, à quelques mètres.

Sans attendre, le coeur battant, je posai mon livre et me précipitai vers le portail de bois du jardinet qui donnait immédiatement sur la mer et les bateaux qui y mouillaient.
Le sable humide de la plage s'engouffra entre mes orteils et je songeai avec agacement que j'allais devoir les relaver - cela m'apprendrait à vivre pieds-nus - lorsque je fus brusquement tirée de mes pensées par le spectacle insolite qui s'offrait à moi.

Je m'arrêtai net. Face à moi, juste au bord de l'eau, un cratère de sable s'était formé, comme si un géant venait de donner un violent coup de poing contre le sol. Au centre, une silhouette inerte était allongée. J'étouffai un cri en comprenant que cette personne venait littéralement de tomber du ciel.
Je fus aussitôt sur mes gardes. La dernière fois que ce genre d'événement avait eu lieu, un dieu d'Asgard avait détruit une petite ville du Nouveau-Mexique en bataillant contre son frère.

C'était mon mentor qui me l'avait raconté, il s'appelait Phil Coulson. Et c'était un agent de niveau sept, bras droit de Nick Fury, directeur de l'agence secrète de sécurité mondiale la plus puissante au monde, le Shield.
Je faisais partie du Shield, moi aussi. J'étais une agent de niveau cinq, et ayant accompagné Coulson dans la plupart de ses missions, j'avais une certaine expérience concernant tout ce qui était... Inexplicable. Des gens qui tombaient du ciel, par exemple.

C'est pourquoi, au lieu d'alerter la police ou de partir en courant, je descendis prudemment au fond du cratère en position de défense. Ce n'était pas parce que j'étais en permission que j'avais relâché mon entraînement.

Du bout du pied, je m'assurai que la personne était bel et bien inconsciente avant de m'agenouiller à ses côtés pour prendre son pouls.
Vivante, c'était déjà ça. Je retournai le corps sur le dos, moins par nécessité que par curiosité.
C'était un homme, ou du moins je le pensais. Il avait la peau très pâle, presque bleuie. Ses lèvres étaient crispées et ses yeux fermés, malgré ses sourcils froncés. Une coupure rouge sombre barrait son front, et un mince filet de sang menaçait de couler dans son œil.

Son visage semblait exprimer un étrange mélange de douleur et de colère...
Il avait des cheveux noirs de jais qui lui tombaient aux épaules et il portait d'étranges vêtements, une espèce d'armure en pièces de cuir vertes et marrons.

Le doute m'envahit. Non, il ne pouvait pas être... Pourtant, les conditions étaient étrangement similaires à celles de l'arrivée de Thor, le dieu d'Asgard...
Distraitement, j'essuyai du bout des doigts le sang qui coulait sur son front.

En plein débat intérieur, je ne vis pas tout de suite qu'il avait ouvert les yeux.
Je sursautai violemment lorsqu'il articula difficilement:
– Qui... Qu'est-ce que...
Son regard se posa sur moi et il plissa les yeux. Il voulut aussitôt se relever et je reculai vivement en tombant sur les fesses à cause du sable mouillé.

Mais à peine arriva-t-il à se redresser qu'il porta son bras à son ventre en grognant entre ses dents.
« Côtés cassées...» pensai-je.
– Ne me regarde pas comme ça, stupide mortelle, cracha-t-il alors sans me regarder. Il me faut un guérisseur! Dépêche-toi, par Odin!
Sa requête et le ton qu'il avait employé eurent le don de m'agacer prodigieusement. Il ne se prenait pas pour n'importe qui, l'autre, là!