« Grand-frère ! Grand-frère ! »
Seule dans cette foule immense et sous cette pluie ardente, elle tentait de le retrouver. Elle poussait et repoussait tous les moindres obstacles qui l'empêchaient de le rejoindre. Plus elle s'avançait et plus elle remarquait qu'il s'éloignait d'elle. Cette jeune fille avait beau l'appeler, mais celui-ci ne répondait pas. Ce jeune homme aux cheveux bruns ne prenait même pas la peine de se retourner vers elle. Il était comme préoccupé dans ses pensées. Pourtant, au moment où elle parvint à attraper l'une de ses mains, elle sentit que tout s'effondrait. Tout disparaissait : la foule, la pluie, les bâtiments, la route, les voitures et surtout, lui. Elle tomba alors dans un vide noir et sans fin. Elle eut l'impression que tout ce qui venait de se passer n'était qu'une illusion. Se laissant alors emporter par les profondeurs de l'abysse, elle fermait ses yeux et sombrait dans les bras de Morphée. Elle était comme impuissante de ce qui lui arrivait.
Soudain, lorsqu'elle ouvrit ses yeux, elle découvrit la salle de musique. Allongée sur le canapé, elle était encore fatiguée. Elle se releva et remarqua qu'il manquait des instruments de musique. Il n'y avait plus de batteries, plus de clavier, ni de guitare électrique et d'acoustique, ni de basse... Plus rien. L'espace était vide tout comme son esprit.
C'est alors qu'une personne entra dans la pièce. Il s'agissait de son amie Claire. Elle était belle, gracieuse et intelligente. On ne pouvait rien lui reprocher, elle était parfaite. Tous les hommes étaient à ses pieds, mais aucun n'avait réussi à conquérir son cœur. Cette belle blonde qui changeait de style était sans conteste comme une icône pour notre jeune fille. Son amie semblait à la fois pressée et excitée. Dans sa belle robe bustier blanc avec des motifs à fleurs, elle s'approcha d'elle et l'emmena dans les toilettes pour se préparer. Ce fut alors dans un mouvement précipité qu'elle la suivit tout en ne comprenant pas ce qui lui arrivait.
Pendant que les musiciens installaient les préparatifs du concert, des lycéens arrivèrent petit à petit devant la scène. Tandis qu'ils s'asseyaient, elle aida les autres. Peu à peu, elle se rendit compte qu'elle devrait chanter devant tous les étudiants et professeurs de l'établissement. Son anxiété et sa peur envahissaient peu à peu ses pensées. À un moment, elle alla aider un des techniciens pour faire des tests micro. Elle s'installa devant le clavier, posa ses doigts délicats contre les touches et commença à jouer et chanter. Mais... Elle n'entendit aucun son sortir de sa bouche et aucune mélodie ne résonnait dans cette immense pièce. Perplexe, elle s'arrêta. Elle fit un pas ou deux en arrière pour se retirer et percuta alors une personne derrière elle. Mais, lorsqu'elle se retourna, tous les problèmes auxquels elle faisait face disparaissaient. Un jeune homme d'environ le même âge qu'elle, la regardait avec un sourire rassurant. Il était comme la lumière qui effaçait ses peurs, le bonheur de sa vie, le chasseur de ses tourments ainsi que la protection de ce monde si dangereux. Cet homme brun adressa un sourire à la jeune blonde. Elle ne savait pas ce dont elle ressentait, mais pour la toute première fois, elle sentait son cœur battre comme jamais. Cette personne qui se tenait face à elle était le pianiste d'un des groupes de musique. Ses yeux bleus perçaient les siens de telle manière qu'il arrivait à percevoir toute la crainte et la joie qu'elle ressentait. De sa taille petite et mince, elle n'avait aucun moyen de se défendre. Elle était faible. Alors que lui, son corps imposant et musclé prouvait l'importance de sa force alors que sa beauté dépassait celle de Narcisse. Ces deux personnes étaient opposées l'une à l'autre. Elle n'était pas prête à l'oublier. Avec sa gentillesse et sa bonne humeur, il brancha le piano à la table de régie et il se présenta. Elle fit de même et reprit les tests micro.
Lorsque le moment fut venu, son anxiété prit le dessus, à tel point qu'elle oublia la rencontre du jeune homme. S'avançant vers le piano, elle approcha ses lèvres vers le micro qui était maintenu à côté de l'instrument et elle posa ses yeux devant. Tous les regards étaient fixés sur elle. Dès la moindre erreur, ils le remarqueront. Son cœur battait la chamade tandis qu'elle n'entendit plus les remarques des autres. Elle eut alors un moment d'hésitation avant de se présenter enfin au public :
