- Unique - Tome 2

Chapitre 34 - Faustine

       

Les dernières images qui me parviennent de Miles me font froid dans le dos.

J'ai beau savoir qu'il ne risque rien pour l'instant, je ne peux m'empêcher de penser qu'encore une fois, son sacrifice a été inutile. C'est moi que Max veut. Et cela tombe bien car je désire moi aussi obtenir une chance de l'affronter.

Je m'enfonce dans les bois en laissant mes émotions me submerger. La colère, la peur et la tristesse se mélangent de manière à ne laisser qu'une boule au fond de mon estomac. Je tremble légèrement, sans savoir pourquoi.

Sans me préoccuper du reste du monde, je m'oblige à marcher. Pas après pas, je fixe le sol en ne me concentrant que sur une et unique chose : avancer. Je voudrais courir pour me défouler. Sentir mon cœur tambouriner contre ma poitrine, le souffle court, et les muscles me bruler jusqu'à ce que je ne sente plus rien.

Mais j'entends les pas de Peeter qui me rejoignent et je m'oblige à ralentir l'allure. C'est bien la première fois que je n'ai pas envie de le voir ou de lui parler. J'aimerais juste qu'on me laisse tranquille.

-Faustine, tu ne devrais pas rester ici toute seule, me réprimande-t-il. Tu n'as même pas d'armes pour te défendre si quelqu'un venait...

Je me retourne d'un coup et le pousse tout en glissant ma jambe derrière l'un de ses pieds. Il tombe en arrière dans un tas de feuilles mortes et humides tandis que je me jette sur lui et pose un couteau sous sa gorge. Pendant une seconde, je vois la panique s'installer dans son regard. Il croit que je suis de nouveau sous influence du sérum.

-Je sais me défendre, je réponds en appuyant légèrement la lame sur son cou.

Je lui envoie un léger sourire avant de ranger mon couteau dans ma ceinture et de me relever. Pourtant, il m'empêche de me redresser et me fait chuter à côté de lui avant de repasser au-dessus de moi.

-Que tu crois, réplique-t-il en souriant davantage.

-Ne m'oblige pas à te faire mal, je le menace faussement.

Il s'esclaffe et son rire allège un peu ma mauvaise humeur. Peeter se redresse enfin et m'aide à en faire de même.

-On devrait retourner au camp, dit-il en soupirant. Ils n'ont pas envoyé de patrouilles pour surveiller les environs.

-Je n'ai pas l'intention de rester sagement sous la pseudo protection du Sergent. Nous enfuir et nous cacher ne résoudra rien.

-Tu veux te jeter dans la gueule du loup en retrouvant Miles, pas vrai ? Et tu t'imagines sûrement assez forte pour te mesurer à Max ?

-Au moins, lui, ne me sous-estime pas, je réplique.

Peeter semble vexé par ma remarque et fait un pas en arrière.

-Je ne te sous-estime pas, se défend-t-il. J'essaie de te protéger.

-C'est sûr que ça a vraiment bien fonctionné jusqu'à maintenant ! je lâche avant d'avoir pu mesurer mes paroles.

Cette fois, les sourcils de Peeter se haussent en une expression d'étonnement mêlée de colère.

-Quand je dis que j'essaie de te protéger, je parle de te protéger de toi-même, siffle-t-il froidement.

Je reste bouche bée un long moment. Est-ce qu'il sous-entend que je suis mon plus grand danger ? Et a-t-il raison ?

Je ne sais pas ce que j'avais l'intention de faire. Je voulais quitter cette voiture et m'enlever les images de Miles de la tête. Je voulais du calme pour réfléchir. Trop de choses se trament pour que je puisse clairement les assimiler : les révélations de May au sujet des Uniques et de Peeter, la guerre entamée par le Gouvernement pour nous détruire, l'évolution génétique des Uniques et leurs facultés spéciales, l'enlèvement de Jérémie, la menace silencieuse de Max, Rune et la capture de Miles... jusqu'à mon exécution programmée.