Beyond The Dream

chapitre 1

J'ouvre les yeux, le cœur battant encore à cent à l'heure dans ma poitrine. Je me maudit intérieurement ; depuis le temps que je fais ce rêve, qu'il me hante la nuit, je devrais être habituée !

Mais non, il me fait toujours autant d'effet.

Bien sûr, comme tout le monde, je rêve chaque nuit de scénarios futiles et irréalistes que j'oublis passé le premier cours de la journée. Mais ce rêve-là, je m'en souviens à chaque fois. Le scénario ne change jamais et est imprimé dans mon esprit aussi clairement que de l'encre sur du papier.

J'attends que ma respiration se calme et me redresse lentement sur mon lit. J'attrape un stylo et un calendrier sur lequel j'ai l'habitude de répertorier toutes les nuits où le fameux rêve est apparu. Tout en cochant la date du jour, je remarque que depuis quelques semaines la fréquence à laquelle je fait ce rêve s'est considérablement augmentée, à raison de presque cinq fois par semaine.

Encore un phénomène inexplicable... Ce rêve est tellement étrange, si réaliste... Je ne désespère pas de lui trouver une explication, un sens. Je suis intimement convaincue que passée cette étape, je comprendrais enfin beaucoup de choses.

Après une routine matinale parfaitement minutée, je prend le chemin du lycée. Comme toujours, je compte presque inconsciemment les pas, maudissant cette habitude que j'ai de vouloir tout contrôler, de tout faire pour que rien ne bouge. Mon esprit est beaucoup trop rationnel. Le rêve est bien la seule chose qui m'échappe, et qui échappe à toute logique en général.

J'avance les yeux rivés sur mes pieds, je connais le chemin par cœur même si je suis rentrée en seconde il y a seulement deux mois.

Passées les grilles du lycée je rejoins quelques amies que je vois assises sur le banc habituel. Je n'ai pas de meilleure amie, ce genre de fille que j'aurai rencontrée en primaire, à qui je raconterai absolument tout et qui connaîtrai ma vie mieux que moi-même. J'ai plutôt une bande de potes assez proche qui m'apprécie et que j'apprécie en retour. Pas une grande histoire qui durera toute une vie, je le sais, mais pour l'instant cela me convient parfaitement.

On discute tranquillement de choses assez futiles, des histoires de cœur de l'une au nouveaux achats de l'autre. Je participe à la conversation, j'aime ça, ça fait partie du rituel que j'effectue chaque matin. C'est un repère, une habitude bien ancrée.

La sonnerie retentit à mon plus grand désarroi, et je lance mon sac sur mon épaule droite pour me diriger vers le cours de français, celui que je déteste le plus. J'aime les sciences, les mathématiques car tout est précis, logique, tout à un sens, contrairement au français où souvent l'imagination prime, ce qui n'est réellement pas mon fort.

La journée de cours défile, lentement mais pas si ennuyeuse que ça, juste banale. Le seul événement imprévu est l'absence de notre prof de mathématiques ce qui redonne le sourire à toute la classe.

On sort donc, mon groupe d'amie et moi, à 15h30, afin de profiter encore des quelques rayons du soleil restant en cette fin de mois d'octobre. Nous sommes cinq en tout. Il y a Maeva, une grande blonde aux yeux foncés, incontestablement la plus belle de notre groupe, Julie, une asiatique un peu folle mais que j'adore pour ça, Katelle, une petite rousse colérique dont le prénom évoque parfaitement ces origines bretonne, Leia, qui doit son nom à la passion inestimable de son père pour Star Wars et enfin moi, Ellie, brune au yeux vert. Je me trouve plutôt jolie, sans aucune prétention. Je déteste les gens qui font exprès de se plaindre de leur apparence dans le seul but d'être complimentés. Je ne suis pas mannequin, personne ne se retourne sur mon passage dans la rue mais j'ai appris à m'accepter comme je suis puisque de toute manière je suis "contrainte" de rester comme ça toute ma vie.