Depuis le temps, j'ai perdu le compte.
J'ai tellement tué au nom de l'opprimé que je ne sais même plus qui de ceux que je protège ou de ceux que j'affronte est opprimé.
Je me remémore encore ce camp d'Orc réduit à néant par mes soins... Ils préparaient un festin de tous les diables, ils s'apprêtaient à fêter quelque chose. Ils y avait des enfants joyeux, des guerriers loins de leurs armes, disposés à la cuisson... Sur le moment, tout cela n'était qu'avantage stratégique. Aujourd'hui, c'est source de remords. Ai-je vraiment bien fait ? Ai-je vraiment protégé les miens en commetant cet acte ? Le Gouverneur m'avait intimé de me débarasser par le sang des Orcs qui polluaient la région et effrayaient son peuple... Mais ils ne nous avaient rien fait. Est-ce la cupidité de cet homme où la peur de tous les autres qui m'avait mené ici ?
Les Orcs sont grands, sont un peuple fort et guerrier, ils sont puissants, de redoutables adversaires ! Mais il y avait des vieillards ne tenant plus debout et des enfants marchant à peine... Et pourtant, j'avais agis sans me poser la moindre question.J'étais arrivé au début de la nuit, quand l'obscurité pouvait déjà me dissimuler, seul, armé d'un couteau, mon épée à mon côté, et j'avais égorgé sans états d'âme le premier Orc qui fut à ma portée : une petite fille avec les cheveux mal peignés. Elle avait les yeux cachés et était tournée vers un mur, parlant seule, à la manière de nos enfants quand ils jouent à se cacher et se retrouver. Je l'avais égorgée sans qu'elle n'ai eu la moindre occasion de savoir ce qui allait lui arriver. Le sang avait giclé, le gargouillis s'était fait entendre, mais le bruit des adultes cuisinant l'avait vite dissimulé. Elle était morte en silence. Et je ne lui avait accordé aucun regard. Je m'étais immédiatement tourné, usant de mes sens pour retrouver l'ennemi, ou plutôt, la proie. Elle semblait jouer à cache-cache. D'autres enfants étaient donc dans les environs, cachés et attendant qu'elle les retrouve. Là où ils peuvent voir sans être vus...
J'observais le camp autour de moi. Nombreux devaient être ceux dans les ombres de la forêt, mais sûrement que d'autres se cachaient dans les huttes aux abords du campement. Je décidait de commencer par ici et je tuais sans vergogne les enfants qui se retenaient de rire en restant cachés. Je ne me souvins même pas de leurs visages. Seuls leurs yeux vides me revenaient, leur regard était rieur ; ils n'avaient même pas eu le temps d'avoir peur. Après l'assassinat d'une dizaine d'enfants, je m'approche furtivement du centre du camp, là où un grand feu sous éclairant la clairière anéantissait toute cachette possible. Peu m'importait. Je rengainais mon couteau et m'apprêtais à sortir mon épée quand un Orc de démarque des autres et vont dans ma direction. Je n'avais aucunement peur, me sachant à la limite, mais toujours dissimulé dans l'ombre. Il me dépasse et appela d'une voix rauque et douce. Sûrement prévenait-il les enfants du repas immédiat. Je me levais de derrière lui et enfonçais ma lame dans son dos, perçant son coeur. C'est sans un bruit qu'il rendit l'âme. Je soulevais et tirais son corps à l'ombre, puis me levait, arme en main, et le précipitais vers les Orcs restant. Avant qu'ils ne comprennent qu'il y avait un intrus, deux d'entre eux heurtaient déjà le sol. Un troisième perdit la vie lorsqu'ils me virent enfin et hurlèrent. Deux autres s'affalèrent au sol pendant que les autres commençaient leur course vers les armes en hurlant un cri de guerre. J'en pourfendais un autre quand ils prenaient les armes. Ils revinrent ensuite, armés et alertes, vers moi. Mais je n'étais plus ici. Ils en restait alors 4. Deux étaient côte-à-côte, ils venaient de récupérer leurs armes. Je surgis alors de l'ombre, l'âme dressée, égorgeant ceux-ci d'un simple et vif mouvement. Le bruit du sang qui gicle alerta les deux restant qui me chargerent. L'un armé de deux épées, l'autre d'une hache de guerre. Celui portant les épées était faible et fébrile. Le doyen, sûrement. D'un pas de côté, j'évitais la hache qui venait s'enfoncer dans le sol et me ruais vers le vieillard. Ses reflexe étaient affaiblis vers le temps, et il n'eut à peine le temps de voir l'arc de cercle produit par le métal briant et rougit par le sang avant que le sien ne salisse le sol. Je me retournais vers mon ultime adversaire. Il leva son arme, et en une fraction de seconde, mon couteau vint se ficher dans son buste. Mon lancer ne perfora pas son coeur, mais le perturba suffisamment pour que ma lame s'en occupe. Voilà, mon oeuvre était fini. C'est du moins ce qu'il me semblait, avant que je n'entends un cri assourdissant, me veillant les tympans, un mélange de larmes, de rage et de désespoir. Un enfant que je n'avais pas vu courrait vers moi, larmes aux yeux, portant à bout de bras un espadon deux fois plus grand que lui, il le souleva et, combinant le poids de l'arme, le sien, et sa vitesse de charge, asséna un coup puissant qui enfonça l'arme jusqu'q la garde dans le sol, à l'endroit où je me tenais un instant plus tôt. Il lâcha son arme inutilisable et me saura dessus, bras tendus. Sa tête heurta le sol un instant avant son corps, figeant ses traits sur son visage mort.Voilà. C'était ma dernière oeuvre. Mon dernier méfait. C'était pour cela que l'on m'avait acclamé, nommé comme un héros, que l'on m'avait payé.
Seul dans ma chambre bien entretenue, les mains salies de sang, j'étais resté assis un instant, réalisant ce que j'avais fait. J'avais tué, réduit à néant, massacré des familles innocentes qui ne faisaient que vivre paisiblement, préparant un méchoui d'agneau, sans porter leurs armes, jouant dans l'obscurité sans se soucier des dangers... Ce que les hommes leur reprochaient... Était-ce simplement ce courage dont ils faisaient preuve, cette confiance en le monde que nous, humains, n'avons ? Leur avons-nous reproché notre propre lâcheté ?Sont-ils... Ils sont morts pour nos défauts. Nos péchés. Ils... Ils étaient innocents.
Est-ce cela, être un héros ?
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Monstrueusement Héroïque
FantasyUn homme, nommé héros par les siens, remettant en question le sens de ce terme. Peut-on réellement être un héros quand les actes que nous comettons nuisent à d'innocents personnes ? Asken Coreslicer, héros de son temps, monstre de son futur.