ELLE

30 Août, 2016

          A huit ans, le jour de mon anniversaire, je me suis promise de fuguer un jour.

     Il y a des raisons précises; ce n'est pas pour défier l'autorité parentale, ce n'est pas une accumulation d'un millier de petites raisons qui me pousse à fuir mon chez-moi. Je n'attends pas qu'un jour une dispute éclate pour partir; j'attends Jen. Si étant que je ne veux pas partir sans ma petite sœur, je ne veux également pas abandonner ma mère. Et mes choix, peu importe lesquels, auront des conséquences. Si je pars, je dois partir loin. Pas de retour en arrière.

          Ses cheveux blonds étalés sur mon coussin blanc et un rayon de lumière chatouillant son visage innocent, le soleil vient tout juste de se lever. Les couvertures lui recouvrent le menton malgré les hausses de température de cet été. Elle remue dans son sommeil, me tournant le dos. De dessous mon lit double, je tire mon sac de sport en le faisant glisser au sol. Le basket, c'est fini pour moi, heureusement que j'ai été rétrogradé avant les vacances sinon mon équipe aurait été bien trop déstabilisée par le départ d'une capitaine. En milieu d'année l'an passé, j'ai fais une demande de rétrogradation: le meilleur choix que j'ai pu faire l'an passé.

     Elle bouge encore, un sursaut, elle en fait souvent durant son sommeil; pourquoi ?

     La veille, j'avais préparé une pile de vêtements de Jen pour ne pas à avoir à faire les allés-retours entre nos chambres et prendre le risque de réveiller mon père. Ils m'attendent sur ma chaise de bureau sur laquelle je m'asseyais avec ma mère à mes côtés pour m'aider dans mes devoirs. A ce jour, c'est Jen qui s'y assoit pour dessiner puisqu'elle n'a que quatre ans. Je classe les vêtements par saison, je compte bien ne pas revenir et le temps que je trouve un travail pour lui acheter des vêtements elle devra se satisfaire de ceux-là. Tant qu'à moi, j'improviserai ! Mon instinct me guide la plupart du temps.

     Le sac est prêt; c'est le moment ou jamais.

     Le plus dur reste à venir. Habiller Jen alors qu'elle dort. Ma sœur est manipulable à volonté lorsqu'elle dort mais, là, il est 6:10 et à 6:20 précise, elle se réveille. Autant dire que je n'ai pas de temps à perdre.

" Ele ? "

     Merde !

" Chut ... ne fais pas de bruit, d'accord ? Elle hoche la tête en se frottant les yeux. Retires ton pyjama et mets ça. Elle obéit sans broncher ... c'est trop facile. D'habitude, elle me fait une crise. Donnes-moi ton pyjama, s'il te plaît. Je ne vais pas m'en plaindre ! Bien, maintenant, vas te brosser les dents, le temps que je plie ça [le pyjama]. "

     C'est une blague: elle s'est rendormie.

     J'attache un sac plastique contenant les chaussures à mon sac de basket, puis, j'enfile mes vêtements: un truc rapide, un short et un débardeur blanc - ou beige, je ne sais pas faire de lessive, comment vais-je faire ? N'y penses pas, Eleanor. Un kaouet sur le dos - oui, un kaouet ce n'est pas sexy du tout -, je passe le sac sur mon épaule après avoir lassé mes baskets et celle de Jen.

     Si vous savez pourquoi je fuis ...

The Sky no crying to nightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant