Pelouse consommation

3 ~ Projet Pelouse Conso'

Précediusly...

"Expliquez moi d'abord votre projet, dit-il d'un air à peine dédaigneux. Vous avez quatre heures."

"Très bien. Pour faire simple, je souhaite avoir votre bénédictio- hm, veuillez m'excuser- votre accord pour lancer ce que j'appelle... La Pelouse Consommation !

Avec ma tenue super sexy, mes cheveux verts sûrement décoiffés et l'air d'illuminée que j'ai pris en prononçant ma phrase, je pense que son illustre présence de Ministre ne va pas tarder à me jeter dehors. Au moins j'aurais essayé... Cependant, à ma plus grande surprise, il m'incite à poursuivre :

- C'est en faisant pousser de la pelouse, dans mon mètre carré de jardin que l'idée m'est venue : je veux commercialiser une sorte de pelouse comestible qui permettrait au consommateur de connecter ses capteurs sensoriels à des serveurs-désirs. J'ai quelques connaissances sur le sujet, mais rien de bien sensationnel, vous risquez de me prendre pour une amatrice...

Le Ministre-Gamin me fait face avec une tête de Magicarpe : de gros yeux ronds, la bouche entrouverte. Vraiment pas flatteur mon gars... Il tarde à reprendre ses esprits :

- Euh, je... allez-y continuez, je crois que je comprends...

- Paaaarfaaaait, c'est tout simplement paaaarfaaait ! (Je crois que je finirais par faire un tube à partir de cette phrase que je répète à longueur de journée)
Enfin bref ! Le principe pour le consommateur, c'est d'accéder à l'extase, l'Éden, le Paradis- Appelez le comme vous voudrez. Un brin de réconfort, et c'est le cas de le dire pour le projet Pelouse hihi !

Je suis la seule à rire à ma propre blague, même si je suis presque sûre que Garde du Corps n°7 se retenait de pouffer... Je m'interromps donc, le temps pour lui d'assimiler les quelques infos que je viens de lui délivrer.

Et c'est alors... Que je le vois dans la situation la plus délicate possible : il fait du pied à son Garde du Corps n°3, sûrement pour lui demander conseil étant donné qu'il a l'air perdu.

Surprenant mon regard amusé, le ministre se justifie :

- Je- je m'assurais juste de la plausibilité de votre projet en... donnant des coups sur la jambe de mon conseiller ! C'est une technique ancestrale qui permet de savoir... Toussa toussa... Bafouille-t-il en rougissant.

Je lui sors mon plus beau clin d'oeil et excuse son comportement :

- Oh, je ne vous juge pas, on m'a dit que vous étiez particulier hihihi... Mais à votre âge quand même, je ne-

- On peut reprendre ? demande-t-il, pourvu que son supplice s'arrête. Vous parliez d'un bonheur accessible à tous. Oui, et ?

- Vous ne comprenez donc pas ? En même temps, vu votre âge... Voilà : vous et moi, en collaboration... Je conçois le produit si formidable, si utopique, tout le monde se l'arrache -ce qui ne sera pas compliqué vu le monde pourri dans lequel nous vivons- et nous partageons les revenus : c'est tout simple ! Signez ici s'il vous plaît."

Je souhaite tellement qu'il accepte -qu'il me prête les fonds nécessaires- que j'avais sorti le grand jeu. Je fouille un instant dans une de mes valises avant d'abandonner, ne trouvant pas l'exemplaire unique de mon contrat, imprimé pour une fortune sur papier glacé. On va devoir faire sans. C'est pourquoi, sans plus attendre, je lui arrache une feuille à petits carreaux et entreprends de recopier (de tête) le contenu de mon contrat perdu.

Pelouse Conso'... Pelouse aux vertus exceptionnelles... Échapper au quotidien grâce à des serveurs sensoriels qui offrent à chacun un moment dans le lieu de son choix... En échange, consommateur devra payer l'impôt sur le Plaisir... Bla. Bla. Bla. Je rajoute des sortes de lignes un peu gribouillées sous ce charabia : ça fera office de petites lignes s'il m'arrivait d'oublier quelque chose ! Vous devriez savoir qu'il faut toujours lire les petites lignes ; or, quand elles sont illisibles, c'est encore mieux... !

Il approche sa main de mon stylo -un bic bleu qui résiste à toutes les épreuves, même à sa main collante du miel contenu dans le pot qu'il vient de s'enfiler- avant de s'interrompre :

"Non, je ne veux pas signer."

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666 mots encore, je vais finir par croire que c'est un complot...

Le chapitre est assez court, mais il fallait laisser du suspens... x)

Vala'