Ils voulaient vivre

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Courir. Encore et toujours. C'était tout ce qu'il pouvait faire. Et surtout tout ce qu'il devait faire s'il tenait à la vie. Il avait les poumons en feu, la respiration difficile. L'envie de s'arrêter. Mais il ne pouvait pas. La mort l'attendait, c'était certain. Celui qui l'avait amené là ne voulait pas sympathiser avec lui. Il ne l'aurait pas endormi sinon. Ni traîné dans cet entrepôt désaffecté qui semblait sans fin. Depuis combien de temps fuyait-il? Depuis combien de temps le traquait-il? Il avait du mal à croire que hier encore –s'il n'avait pas perdu connaissance trop longtemps- il riait avec ses amis. Mais dans son malheur il avait de la chance. S'il ne s'était pas réveillé lorsque cet homme en costume noir et au masque noir, ne sortait pas de la pièce où il était, il serait probablement déjà six pieds sous terre! Depuis il cherchait une sortie. Mais tout ce qu'il voyait était des pièces les unes après les autres. Il avait beau monter, tourner à gauche puis à droite, descendre, il ne trouvait aucune porte de sortie. Mais il ne perdait pas espoir. Il voulait vivre, alors il chercherait cette foutue sortie jusqu'à ce qu'il la trouve.


Soudain, un bruit sourd retentit derrière lui. Il courut plus vite. Les salles continuaient de défiler sous ses yeux. Et il entendit des pas qui s'approchaient de lui. Ils étaient rapides. Aussi rapide que les siens. Il s'arrêta et s'accroupit derrière des planches de bois abandonnées. Il patienta tout en essayant de calmer sa respiration saccadée. Il avait bien besoin de cette pause.


Quelques secondes plus tard, une silhouette passa en courant dans son champ de vision. Le jeune homme qu'il vit était à peu près de sa taille et avait lui aussi les cheveux bruns. Il avait jeté un coup d'œil derrière lui. Comme s'il était poursuivi. Mais Woohyun préféra rester là où il était. C'était peut-être un des alliés de l'homme en noir qui jouait la comédie. Il sortit prudemment de sa cachette et examina un peu plus les lieux. Il y avait plusieurs dizaines de planches de bois mais aussi de simples morceaux de ce matériau ainsi que de la ferraille ici et là. Il y avait au centre de la pièce, une sorte de chemin que Woohyun suivait depuis le début sans s'en apercevoir. C'était le seul endroit où un passage était possible. Le reste étant occupé par des débris.

L'angoisse le prit. Il courait depuis un moment et pourtant, il n'avait encore vu aucune porte ni aucune sortie. Une fois il se croyait dans un entrepôt, l'autre fois dans une usine désaffectée. Il ne comprenait rien et perdait peu à peu espoir. Et puis, il se souvint qu'il était jeune. Il se souvint que dehors, des gens l'attendaient. Des gens s'inquiétaient sûrement pour lui. Amis, famille, collègues. Il ne pouvait pas abandonner aussi facilement. Il devait vivre.


Il fixa l'endroit d'où il venait. L'endroit par lequel l'autre était parti. Et prit le chemin opposé. Il ne rebroussait pas chemin. Hors de question. C'était trop dangereux.

Il se vida l'esprit, essayant de ne penser qu'à l'endroit où il était. Il se remémora les couloirs qu'il avait empruntés, les différents matériaux rencontrés et où. Il y avait forcément un indice. Quelque chose qui lui permette de trouver la sortie. Mais il ne vit rien. Le désespoir le gagna.


Il leva la tête, observant un point imaginaire devant lui et décida qu'il n'abandonnerait pas tant qu'il serait capable de rester debout. Il voulait vivre.


Il avait pris cette décision depuis une quinzaine de minutes, lorsqu'il percuta quelque chose. Ou quelqu'un. Le choc les avait mis tous deux à terre.
Il se dit aussitôt que c'était lui, l'homme en noir. Qu'il l'avait retrouvé et qu'il le tuerait. Mais ce n'était pas lui. C'était celui qui fuyait aussi.

Ils voulaient vivreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant