Éric alluma la lumière. Deux ou trois rats s'enfuirent en couinant sous les plinthes. Il avait fait venir un dératiseur quatre jours auparavant. Celui-ci n'en avait tué qu'une dizaine. Éric soupira et jeta le journal sur la table. Il ouvrit le frigo et sursauta : un rat s'y était installé et mangeait du poisson. L'homme le chassa et prit une bière. Il ouvrit u placard et attrapa une boîte de gâteaux apéritifs. Il la posa sur la table, s'assit et ouvrit le journal. Il le feuilleta distraitement, lorsqu'un titre attira son attention: "PROBLÈMES DE RATS ? ACHETEZ UN SERPENT !". Il plongea la main dans la boîte de gâteaux. Elle y rencontra quelque chose de doux qui la mordit. Il retira sa main tandis que le rat renversait la boîte et s'enfuyait en courant. Il regarda l'article et la décision fut prise. Le lendemain vers 18:00, Éric sortit de son travail et monta dans sa voiture. Il roula quelque minutes avant d'atteindre l'étape intermédiaire avant sa vieille bicoque perdue en pleine campagne. Il poussa la porte de l'animalerie et se dirigea vers le rayon N.A.C. Il y trouva un boa de 2 mètres. Un vendeur vint lui proposer ses services :
" Vous voulez quelque chose en particulier ?
- Euh...non, répondit Éric en regardant le long corps du serpent.
- Ah, vous regardez notre boa ! Sourit le vendeur.
- Mmmm.
Quand il vit le prix, Éric se demanda si ça valait la peine de le prendre. Puis, ses yeux rencontrèrent le panneau: NOURRITURE : rongeurs.
- Je...Je le prend. Dit Éric au vendeur.
Quelques secondes plus tard, il sortait du magasin, le boa dans une boîte transparente. Éric avait demandé des conseils concernant le dératissement:
- La nuit, le serpent doit se déplacer comme il veut, et le jour, il faut le remettre dans la boîte, qu'il faut, éclairer d'une lampe à infrarouge ou d'une lampe U.V. Lui avait dit le vendeur.
Éric déverrouilla les portes de sa Volvo V40 et mit le serpent à l'arrière. Il lui fallu quinze minute pour arriver chez lui. Dans l'entrée, il hésita longuement à relâcher le boa, mais la vue du journal grignoté confirma ce qu'il voulait faire depuis le début. Il posa la boîte sur la table, à côté du journal, et ouvrit le couvercle. Le serpent dévisagea son propriétaire, puis s'extirpa de sa nouvelle maison transparente. Il tomba de la table et, le premier rat se présenta. Le boa se détendit comme un ressort et attrapa le rat entre ses mâchoires. Le rongeur poussa un dernier couinement. Le rat traversa la gorge du serpent avec un bruit gluant. Éric prit le journal et lut enfin l'article en premier. La longueur maximum de cette espèce de boa était de 4 mètres, et il pouvait peser jusqu'à 100 kilogrammes. Il mangeait 3 à 4 rat per nuit. Pour fêter la mort des rongeurs, Éric regarda un documentaire sur les boas. À la fin de l'émission, Éric hésita à aller se coucher. Dans le documentaire, de nombreux voisins et pompiers témoignaient l'horreur du spectacle du serpent avalant son propriétaire. Mais aucun drame de ce genre ne s'était produit dans la région. La nuit d'Éric fut tout de même agitée : les bruits de couinements des rats, le bruits gluants quand ils passaient dans la gorge du serpent et le son de celui-ci rampant un peut partout le réveillèrent plusieurs fois. Le matin, il avait des cernes, le teint pâle et les traits tirés. Le nombre des rats avait tout de même diminué, et quand Éric remit le serpent dans la boîte, il remarqua que le serpent avait grandit et grossit. Les journées semblaient pareilles: lever, petit dej', boulot, midi, boulot, pause café, boulot, maison, dîner, télé, nuit blanche... Et ainsi de suite. Pendant une semaine, Éric fut prit dans cette boucle temporelle. La septième nuit, il n'y eut pas de bruit. Le serpent avait énormément grandit. À présent, il mesurait près de 8 mètre. Éric se promit de le signaler à l'animalerie dès le lendemain. Mais où était le serpent ? Sous le frigo ? Contre l'écran encore chaud de la télé ? Où dans la chambre d'Éric plongée dans l'obscurité ? Et si il avait encore faim ?