Les 3 Royaumes - La Grande Prophétie

V - 29 Novembre

J'ai finalement dormir hier et cette nuit aussi, malgré que je n'arrive pas à m'arrêter d'y penser... J'ai beau essayer, je me torture l'esprit avec ça... J'y pense trop, ça devient une obsession totale. Je sens en moi un terrible mélange de peur, de confusion et d'excitation. J'y pense tellement que je commence à en subir des conséquences : mal de tête, estomac à l'envers, douleurs. Je déteste me sentir comme ça...

Quelques idées me sont venues en tête hier dans la journée. J'ai quelques informations sur lui que j'ai pigées dans la tête de quelques personnes, comme son numéro de portable et même son adresse. Sur le coup, je prends le téléphone et je compose son numéro. Lorsque je l'ai entendu répondre de sa voix calme un « Allô », j'ai tout de suite raccroché. Qu'elle idée idiote de ma part de l'appeler... Comme si je pouvais arriver à lire en lui d'aussi loin...

La seule solution qu'il me restait pour arrêter de me triturer les méninges, c'était de me rendre chez lui en personne. L'idée d'aller le voir me stressait un max. Comment pourrais-je expliquer le fait que je sache où il habite ? « Ah ouais au fait... J'ai pris ton adresse dans la tête d'un de tes potes. » J'aurais l'air d'un vrai taré en lui disant aussi que je venais pour lire dans ses pensées pour confirmer un truc que j'avais vu à l'école et que je venais de l'appeler pour raccrocher aussitôt... Là c'est sûr qu'il appellerait la police parce que j'aurais l'air d'un vrai psychopathe.

Pendant plusieurs longues minutes sans fin, je n'ai fait que penser à ça et à cette solution qui s'offrait à moi... Je ne sais pas trop si j'ai envie d'aller vérifier ce que j'avais vu dans sa tête la première fois... J'ai assez peur que ça se confirme... Techniquement, ça ne devrait pas se confirmer, parce que c'est juste impossible... mais... le cas échéant... ce serait toute mon existence qui serait remise en question...

Je me suis torturé encore de longues minutes avant de finaliser ma décision. J'allais bouger mes fesses et me rendre chez lui. J'allais arrêter de penser à tout cela par la suite... Ou pas...

Je marche depuis un bon trente minutes vers la direction qui me semble être celle de sa maison. Le paysage défile devant moi, mais je ne porte mon attention qu'aux adresses et aux rues. Le soleil plombe du haut de son ciel au travers du couvert de nuages blancs. Les arbres me confèrent un semblant de protection et les gazouillis lointain de la population n'atteignent à peine mes pensées.

2450, 2452, 2454. J'y suis. Je me tiens devant une grande maison de pierre grise. Une porte se profilait devant moi. Plus que quelques pas me tenaient éloigné de sa tête. Malgré que je sois proche de lui en ce moment même, j'étais encore trop loin de lui. Je ne peux lire dans les pensées des gens que s'ils se trouvent dans mon champ de vision. Et comme des murs me séparaient de lui, je devais m'approcher et sonner à la porte, ou attendre bêtement qu'il passe devant une fenêtre...

Après avoir attendu bêtement devant chez lui qu'il passe devant une fenêtre. Je me suis lancé dans une marche vers sa porte. Avant d'appuyer sur la sonnette, je me suis figé. Je venais de faire tout ça... et j'allais rester là, figé directement devant sa porte... non... J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai appuyé dessus. À ce moment-là, j'ai pensé à m'enfuir, à aller me cacher derrière un des nombreux buissons de la cour voisine et de lire en lui bien au calme hors de sa vue. Le seul problème... c'était que j'étais totalement figé sur place. Mon corps ne me répondait plus. Jamais je n'ai eu aussi peur de ma vie... J'espérais tellement que je ne me suis fait du souci pour rien et que je vais infirmer les évènements du vendredi...

Mon sang ne fit qu'un tour lorsque la porte s'ouvrit enfin. Une fille très belle apparu dans le cadre de la porte. Elle me fit un très grand sourire. « Mignon lui... Serait-il venu pour moi ? » Elle rougit un peu avant de dire « Que puis-je pour toi ? » Moi, figé sur place, j'essaie tant bien que mal de prononcer des mots. « Euh... Il... Je veux dire... Ryan est là ? » Son sourire s'effaça d'un coup, laissant place à des traits peu chaleureux. « Me fait chier, moi, à me mettre toute belle chaque jour au cas où un gars mignon sonne et à chaque fois c'est pour mon frère... Je vais finir par le tuer un jour lui... » Elle me fixait d'un regard de braise. « Non il n'est pas là » Et elle me ferma la porte au nez.

J'étais bouche-bée... Tout ça... toute cette peur, cette angoisse... pour finalement... rien... J'allais devoir garder ça jusqu'à le voir en cours le lendemain... J'espérais être capable de dormir malgré tout...

Je me suis remis en route d'où j'étais venu, d'un pas très lent. Je regardais encore la maison de Ryan. D'un coup, la porte de la maison s'ouvrit pour laisser entrevoir la silhouette de Ryan, n'ayant autour de la taille qu'une simple serviette. J'avais un contact visuel sur plus que ce que j'en avais besoin. Malheureusement, ce que je pensais, et qui m'angoissait le plus...se révélait être... on ne peut plus réel...

Je le vis me chercher du regard. Lorsqu'il m'a vu sur le trottoir de l'autre côté de la rue, je me suis mis à courir. J'ai couru à en perdre les jambes... Je suis enfin arrivé chez moi, je me suis lancé dans mon lit, face contre l'oreiller... Je me suis mis à pleurer. Toute mon existence se remettait en question dans mon esprit... Ce que j'avais vu dans sa tête... Ou justement... Ce que je n'arrivais pas à voir dans sa tête...

Tout dans son esprit n'est que brouillard vide. Je ne peux pas lire en lui...