Mon quotidien.

393 37 28
                                    


Mon ami,

Si tu savais comme j'ai mal. C'est peut-être cliché de commencer une lettre en disant ça mais c'est ce que je ressens et autant être franc dès le début, j'ai mal partout, à la tête, au ventre et au cœur. J'ai mal à la voix aussi car j'ai crié mais malheureusement pas pour de bonnes raisons. Je n'ai pas crié parce que j'étais heureux, j'ai crié mon désespoir. Des hurlements qui venait du cœur car je ne pouvais extérioriser autrement. J'aurais pu pleurer, et c'est ce que j'ai fait, pendant des heures, des jours et des mois j'ai pleuré, puis très vite ce n'était plus suffisant, ma tristesse était tellement immense que de pleurer ne m'apaisait plus. Quand j'ai appris ce qu'il t'était arrivé j'ai d'abord rigolé en pensant à une blague, puis j'ai frappé tout ce que je voyais, j'ai pleuré, j'ai crié, j'ai bu, j'ai fumé et maintenant j'écris en faisant tout ça à la fois. Je viens de passer des journées entières enfermé chez moi dans mon appartement à maudire le sort. J'ai arrêté de travailler, je ne peux pas continuer sans mon collègue... C'est sûrement stupide mais je ne suis qu'un homme et je fais comme je peux... On ne m'a pas appris à faire ça.

Tu sais que Chloé m'a quitté ? Cela va faire trois mois maintenant que je suis totalement seul. Je la comprends après tout je suis devenu plus que minable, je fume, je bois et je pleure... La pauvre mérite mieux qu'un homme en deuil. Je ne comprends déjà pas ce qu'elle a pu me trouver pour sortir avec moi. Je ne suis qu'un fan de jeux-vidéos de 28 ans qui passe ses journées sur l'ordinateur à parler à sa webcam. Tu sais je ne veux pas que les autres aient pitié de moi, je ne supporterais pas que des gens disent "Oh le pauvre" en me voyant, mon meilleur ami est mort mais ça ne veut pas dire que je suis faible. Je suis minable mais certainement pas faible... Disons que pour l'instant je me laisse simplement un peu aller.

Je repense à toutes ces fois où tu promettais de toujours être là pour moi, toutes ces fois où tu m'avais promis de me protéger mais aujourd'hui... Où es-tu ? Et d'ailleurs tu te souviens de cette promesse qu'on s'était faite ? Le premier qui mourrait devait envoyer un sms à l'autres... Et moi comme un con j'attends ton message depuis des mois.

Je ne suis pas un grand milliardaire blond musclé aux yeux bleus et j'en suis conscient et d'ailleurs une seule personne m'aimait pour ce que je suis. Toi. D'ailleurs je t'en veux terriblement. C'est de ta faute si je suis devenu aussi pitoyable, si tu avais regardé avant de traverser je ne serais pas comme ça. Tout est de te faute. Tu es un connard de première... Et en plus de ça tu es mort et tu n'es même plus là pour entendre toutes les reproches que j'ai à te faire. Tu es un putain d'égoïste de merde ! Tu as pensé à moi ? Qu'est ce que je vais devenir sans toi bordel ? Tu n'as pensé qu'à ta gueule en mourant ! Je te déteste tellement... Je te déteste presque autant que je t'aime et Dieu sait à quel point je t'aime.

Parfois je me dis que je vais réussir à oublier et à faire mon deuil comme tout le monde, puis je me retrouve tout seul le soir et je me remets à boire et à fumer. Comme si de faire ça allait te faire revenir. Pourtant j'y crois pourtant dur comme fer... Les sentiments peuvent détruire un homme mais peuvent tellement fortifier quand on a de l'espoir. Je me prend à rêver et à imaginer que demain tout ira mieux et que je retrouverai ma petite vie de vidéaste mais non. Je suis con et damné à vieillir sans toi.
"La vie continue" qu'ils me disent, tous des idiots. Quand un être apparaît dans votre vie et qu'il n'est pas seulement de passage quand il s'en va, il prend votre vie avec lui sans se soucier du reste... Tu t'es tiré avec ma vie Gab tu es conscient de ça ? Je t'ai tout donné et apparement même l'envie de me quitter pour toujours. Je me dit qu'on se retrouvera là-haut mais on sait tous les deux que c'est impossible... J'ai un ticket vers l'enfer depuis des années et toi tu étais une personne formidable et incroyablement gentille alors bon je doute un peu qu'on se retrouve un jour. La logique des choses serait que ta femme soit encore plus triste que moi et pourtant... Elle m'appelle régulièrement pour prendre mes nouvelles sans se douter que je ne vis plus depuis des mois alors j'essaye de la rassurer et je lui dit que tout va bien et que tout comme elle j'apprends à vivre avec ton absence alors que ce qui me maintient en vie c'est tout simplement l'espoir que j'ai de te retrouver un jour.

Mais tu sais je suis usé de t'attendre alors s'il te plait... Reviens maintenant c'est plus drôle... J'ai besoin de toi. Je t'en prie... Tu es mon ami tu n'as pas le droit de me laisser comme ça. Viens me sortir de là. Tu es le seul à voir ce qu'il y a de beau en moi alors bordel... Reviens.

Le plus dur ce n'est pas quand je suis seul dans mon appartement à regarder ta photo en pleurant, c'est quand j'avance dans cette allée silencieuse. Je suis d'ailleurs usé par ce silence, usé par le vent qui souffle et qui fait s'envoler ma cendre de cigarette dans cette allée silencieuse, usé par l'oublie des gens envers ma personne car maintenant que tu n'es plus là je ne suis plus personne. Je pense à tout ce qu'on a vécu quand j'avance dans cette allée et puis je me remets à pleurer. Je t'ai rendu célèbre, tu m'as rendu célèbre, on était célèbre ensemble. Alors quand j'avance dans cette allée silencieuse je me demande à quel putain de moment ça à dérapé pour que je devienne un minable et triste alcoolique.

J'arrive devant cette pierre où est insçrit ton nom et ton prénom. Dans ma main gauche une rose blanche et dans ma main droite une bouteille de Jack. Je lève les yeux au ciel et je ne comprends pas comment le soleil peut-il continuer de briller, comment les oiseaux peuvent-ils eux continuer de chanter et comment le monde peut-il continuer de tourner... Ils ne doivent sûrement pas savoir que tu n'es plus là c'est pour ça... Quand ils se rendront compte ils deviendront aussi pitoyable que moi. C'est la fin du monde et ce depuis que tu m'as dit au revoir une dernière fois.
Je pose la rose et je m'assois à côté de cette pierre et je me mets à te parler pendant des heures en espérant que tu me répondes un jour. Je reste des heures assis à côté de toi, toujours dans cette allée silencieuse avec ce vent insupportable qui fait toujours s'envoler ma cendre de cigarette. Parfois je pleure, parfois j'élève un peu la voix mais je suis tellement heureux d'être prêt de toi que j'évite de me plaindre dans ces moments. Puis je repars avec toujours ma bouteille en main, presque vide le plus souvent.

Alors voilà les nouvelles et ce qu'est devenu mon quotidien.
J'espère que tu ne me vois pas de là où tu es, sinon tu risques d'avoir honte.
Je suis tellement seul maintenant... Alors si tu vois ça Gab... Reviens ? Cède une dernière fois à un de mes caprices et viens me prendre dans tes bras et tire moi de là. S'il te plaît.

Ton ami qui t'aime.
Bob Lennon.

****

- Voilà ce que nous avons retrouvé dans la veste de votre fils qui elle a été retrouvée sur la tombe de son ami. Je suis désolé mais... Je crois que nous ne le retrouvons jamais.

-----------------------------
Heey ! 😁 Aaanw c'est le bad. J'avais besoin d'écrire un truc plus "sérieux" entre mes chapitres à la con de IEDR et tout le reste parce que écrire des conneries c'est facile et bien mais écrire un truc sérieux c'est pas mal aussi et j'espère que ça vous a plu !

Breeef, je vous dis à treeees bientôt, restez géniaux ! 😘

Alors voilà.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant