L'heure du repas arriva. Thomasine avait imaginé pendant plus de deux heures les sms enflammé qu'elle aurait pu écrire à Etienne si elle avait un temps soit peu de courage. Mais chaque phrase amorcée, finissait irrémédiablement effacée.
Elle avait tellement peur qu'un simple mot efface la magie de cet instant...
"Thom, viens manger...
- J'arrive.
Elle repousserait ça à plus tard. Puis de toute façon, ce serait peut être lui le premier à lui écrire....
Lorsqu'elle entra dans le salon, l'ambiance était tout autre. Elle s'installa à la table, en écoutant les pas lourds de son père amenant la salade sur la table. Elle repéra, soudainement que seulement deux couverts étaient présents sur la table.
- Maman ne mange pas avec nous ?
Son père s'installa à sa table et elle remarqua qu'il évitait son regard.
- Non... Thom... C'était à elle de t'expliquer tout ça mais... Je ne sais pas si elle en est capable...
Thomasine se leva d'une traite et se dirigea vers la chambre parentale... Son cœur battait la chamade...
Elle s'arrêta une seconde devant la porte. Elle savait. Mais tant que cette porte ne serait pas ouverte ce ne serait pas vrai. Tant que cette porte sera fermée, l'événement le plus important de la journée sera ce baiser.
Avait elle envie de ça ? Une fois la porte ouverte elle devra faire un choix : sa quête ou sa vie.
Déjà de grosses larmes coulaient sur ses joues mais elles ne les sentaient même pas. Elle recula d'un pas.
- Thom... Tu n'y est pour rien...
Thomasine se retrouna doucement. Croisa le regard de son père. Elle remarqua qu'il avait les larmes aux yeux, désarmé devant la tristesse de sa fille. Mais elle ne pouvait pas l'affronter. Avec autant de douceur, elle se dirigea vers l'entrée ; passa la petite veste militaire qui trônait au porte manteau. Elle cru un instant qu'il était plus lourd que d'habitude. Elle prit le temps de la boutonner sous le regard silencieux de son père.
Sans un mot, elle attrapa ses clefs au porte-clefs et sortit.
Une fois de l'autre coté de la porte, elle savait exactement ce qu'il lui restait à faire. Elle quitta l'immeuble, passa devant le libraire, qui la regarda passer et s'inquiéta des larmes sur les joues de la jeune fille enjouée qu'il connaissait. Il la halât :
- Hey Miss ! J'ai reçu le dernier...
- Pas cette fois, dit-elle sans même se retourner...
Le libraire, pencha la tête sur le seuil de la porte, en regardant la jeune fille disparaître au coin de la rue.
Sans même se retourner, elle continua, mécaniquement son chemin. Tout droit, puis prochaine rue à droite. Troisième immeuble. 648A227. Dernier étage. Droite Elle sonna.
Etienne les cheveux ébouriffés paru surpris mais lui sourit. Puis il remarqua ses larmes.
- Tu es...
Il l'a regarda de la tête au pied. Chercha un mot puis lui tendit la main. Elle ne ne répondit pas à son invitation. Elle essuya ses larmes avec sa manche.
- Je suis désolée Etienne. Je suis désolée... Je.. Crois-moi, j'aurais aimé que ça se passe autrement. Crois-moi j'ai aimé ce baiser. Crois moi je donnerais tout pour revenir à cette après-midi.
Etienne s'approcha pour l'embrasser à nouveau. Mais Thomasine recula.
- Non. Ecoute moi jusqu'au bout. J'ai besoin de toi Etienne, plus que tu ne l'imagines... Mais je me suis détourné de ma quête et je n'ai plus beaucoup de temps pour sauver ma mère... Je... Le temps est compté tu comprends ??
- Oui je comprends... Mais tu as le droit de vivre ta vie...
- Non. Je dois me concentrer sur l'essentiel, sur elle, je dois la sauver.
Une salve de pleurs l'envahit à nouveau. Etienne l'attira contre elle, elle n'eu pas la force de le repousser. A nouveau, son torse contre elle l'émouvait, de façon incontrôlable. Mais une sensation de réconfort et de calme l'envahit enfin. Il l'attira dans l'appartement et avec la même incapacité à réagir, elle le suivi. Il lui ota son manteau, en écoutant ses larmes.
Il passa son pouce sur ses joues.
- Je serai là. Quoi qu'il arrive. Je serai là de la façon dont tu le désires, dont tu auras besoin. On a toute la vie pour s'embrasser.
Dans le silence de la maison, Thomasine esquissa un sourire.
- Tu veux rester ? Demain, c'est dimanche. On oubliera tout : le baiser, le bar et le serveur... On va dormir un peu et demain, à la première heure on reprend nos recherches. Ma mère arrive demain soir... Il sera toujours temps de lui poser des questions.
Sans un mot, ils se dirigèrent vers la chambre du jeune homme. Enlacés, ils s'endormirent sous la musique de la pluie contre la vitre, qui venait laver ce jour si particuliers à leurs yeux.
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Le médaillon de Mousseline
Ficción históricaThomasine a 5 ans quand elle découvre qu'elle peut lire l'avenir. Mais ce pouvoir n'est pas un don, gratuit, tombé du ciel... Il lui est offert pour sauver sa famille d'un mal étrange qui touche toutes les femmes de sa famille. Seul problème: si qu...