Journal d'une blonde

Danser sur la plage

Je m'avance lentement, laissant mes pieds s'extirper de leur prison de cuir. Le sable glisse entre mes orteils comme des billes brûlantes. Le vent marin fait valser mes cheveux détachés et frissonner chaque muscle de mon corps. Des senteurs salées viennent s'accrocher à ma robe blanche qui flotte doucement autour de moi.

D'abord, il n'y a pas un son. Simplement le léger clapotis des vagues sur le rivage. Je promène mes yeux sur cette eau sombre où brillent des centaines d'étoiles aux reflets déformés par l'océan. À cette heure tardive, les enfants sont, depuis longtemps, bercés par les bras de Morphée.

Et puis, au loin, une musique se fait entendre. Quelques notes résonnant dans la nuit noire. Je ne sais pas d'où elle vient. Mais je savais qu'elle ne tarderait pas à me rejoindre. Elle sonne comme une berceuse, triste et mélancolique. À la fois rythmée et intemporelle. Elle semble venue d'un autre monde, comme un perturbateur venant briser le calme nocturne.

Mes bras commencent à bouger tout seuls, puis mes jambes. Bientôt, mon corps entier ondule sur ces notes lointaines. La danse. Un échappatoire. J'improvise chacun de mes pas et pourtant, j'ai l'impression de connaître cette chorégraphie sur le bout des doigts. Des mouvement lents, dans lesquels transparaissent chacun de mes sentiments.

Sur la promenade qui longe le sable fin, des groupes s'arrêtent. Des hommes, des femmes, des couples, des familles... Certains contemplent cette étrange femme en blanc qui danse sur la plage. D'autres, qui observent mieux, voient une fille triste, désespérée et terriblement seule. Et puis il y a les plus rêveurs, qui regardent une danse magnifiquement poétique. Mais aucun ne connaît la vérité, à la fois étrange, triste et poétique.

Tu m'as toujours appris à vivre chaque jour comme si c'était le dernier. Alors, depuis maintenant dix ans, je viens tous les soirs danser une dernière fois sur la plage ou je t'ai rencontré. Près de cet océan, où je t'ai vu disparaître.