chapitre8: Aston

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Le temps passe trop vite. Carrément trop vite.

Depuis que j'ai embrassé Megan, je me suis lentement retiré dans mon propre esprit. À chaque jour son lot de souvenirs, qui rouvre chaque fois son lot de cicatrices. Chaque jour qui passe ouvre une nouvelle blessure qui saigne pendant des heures. Chaque lot de souvenirs entraîne dans mon esprit une série de balafres qui ne guériront jamais. À chacune sa propre forme, sa propre signification, sa propre douleur.

Chacune d'elles me rappelle pourquoi je ne peux pas procurer à Megan ce qu'elle mérite. Chacune d'elles me rappelle pourquoi j'aurais jamais dû l'approcher pour commencer, et pourquoi je dois pas plus l'approcher maintenant.

Brisé. Démoli. Inadapté.

Voilà les trois premiers mots qui me viennent à l'esprit quand je dois me décrire. Les mots qui me viennent spontanément.

Inutile. Sans valeur. Nul.

Voilà les trois suivants. Les mots qui m'ont été rabâchés tant de fois, par tant de voix différentes, pendant si longtemps. Des mots qui vous rampent sous la peau, s'insinuent en vous et ne vous quittent plus jamais.

Un compliment peut s'attarder dans votre tête pendant quelques instants fugaces, mais une méchante remarque, elle, reste pour toujours.

Ce sont des mots qui se rapprochent trop de ceux qui à la fois ont brisé ma vie et l'ont façonnée. Les mots qui m'ont démoli et qui m'ont sauvé.

Elle est partie.

Je me frotte les yeux avec le talon de mes mains, je me penche en avant et je prends une profonde inspiration. Je sais qu'il est inévitable ce week-end de repenser à elle, à la femme qui était censée me protéger à n'importe quel prix. Ça ne veut pas dire que j'en ai envie. Ça ne veut pas dire que j'ai la moindre putain d'intention de repenser à la femme que je dois appeler ma mère.

Je me lève brusquement, traverse la pièce d'un pas lourd et ouvre la porte de ma chambre. Je la laisse claquer derrière moi, je dévale les escaliers vers la source de musique qui résonne pour l'anniversaire d'un deuxième année, Mark, et je vais chercher une bière dans le frigo. Je la décapsule, la porte à mes lèvres et laisse le liquide froid couler dans ma gorge. J'ai besoin d'oublier. Je me fiche avec qui, mais il faut que j'oublie toutes les merdes de mon passé.

Ce serait bien plus facile si Megan Harper ne m'avait pas foutu en l'air par rapport aux autres filles. Ce serait foutrement plus facile si je comparais pas la bouche des autres filles à ses lèvres roses et douces, ou leurs yeux à la couleur bleue et profonde des siens. Ouais. Ce serait plus facile s'il s'était rien passé le week-end dernier.

Je capte le regard d'une fille de l'autre côté de la cuisine. Elle me jette un coup d'œil et repousse ses cheveux derrière son épaule en me souriant. Je me penche au-dessus du bar pour lorgner sa mince silhouette. Elle s'approche de moi d'un air plein d'assurance et m'adresse un sourire éblouissant.

— Je peux faire quelque chose pour toi ? je lui demande avec un sourire narquois en faisant tourner ma bière entre mes doigts.

Elle s'approche encore et mes yeux tombent sur sa poitrine. Ses nichons débordent presque du col en dentelle noir de son haut.

— Je suis pas sûre, répond-elle d'un ton sensuel. Mais je suis sûre que moi, je peux faire quelque chose pour toi.

Elle fait glisser son doigt sur mon bras et se penche vers moi. Waouh – je suis pour les filles entreprenantes, mais cette gonzesse n'a manifestement jamais entendu parler du concept d'espace vital.

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