chapitre14: Aston

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Quand je l'ai vue avec un autre mec, peu importe qu'il s'agisse d'un rendez-vous innocent ou amical, j'ai senti une partie de mon cerveau surchauffer, une partie qui n'avait encore jamais pris vie jusque-là. Mon envie de l'attraper par le bras pour la sortir de ce restaurant a failli l'emporter. Le besoin de la protéger de tous les autres types de la ville, même de l'État tout entier, a failli causer notre perte.

Personne ne pourrait comprendre. Pour la première fois de ma vie, j'ai laissé quelqu'un entrer dans mon intimité tout en prenant ce qu'elle avait à m'offrir. Et c'est bien ça le problème : je prends ce que Megan a à m'offrir sans rien lui donner en retour. Je ne lui apporte pas ce qu'elle mérite, et pourtant, d'une certaine manière, elle semble savoir exactement ce qu'il me faut. Tout le temps.

Pour la première fois de mon existence, je m'autorise à éprouver autre chose que ce qui m'a foutu le cerveau en l'air. Je l'ai laissée entrer dans ma vie. La seule fille qui pouvait ouvrir mon cœur avec un simple sourire ou un simple regard ; et c'est ce qu'elle a fait. Chaque fois, elle réussit à me mettre à nu, comme si elle tirait sur le fil d'une couverture tricotée à la main et que je m'effilochais sous ses yeux sans rien pouvoir faire.

Mais le plus dingue, c'est que j'ai envie de m'effilocher. J'ai envie de lui dire tout ce qu'elle veut savoir. J'ai envie de lui expliquer pourquoi je suis un vrai mélange de chaud et de froid, pourquoi je l'attire contre moi avant de la repousser. Mais je risque aussi de tout fiche par terre.

Si je lui dis, elle pourrait me quitter et laisser un vide immense et glacial.

Si je lui dis, c'est un synonyme d'acceptation, qui implique de revivre le passé et de se souvenir.

À l'exception de papy, c'est la seule personne pour qui j'ai jamais éprouvé quelque chose. C'est la seule personne pour qui j'ai envie d'éprouver quelque chose, et ces sentiments échappent à mon contrôle. Ils grandissent en même temps que mon désir pour elle, qui est bien plus fort et bien plus addictif qu'il le devrait.

C'est le mot. Elle est addictive. Le parfum de vanille de ses cheveux, la lueur dans ses yeux, l'éclat de son sourire, la douceur de sa peau... tout chez elle est addictif.

Et c'est encore plus que ça... elle me cerne. Même si elle voit l'abruti qui saute tout ce qui bouge, ou l'enfoiré arrogant et trop sûr de lui qui ne s'intéresse qu'à lui-même, elle sait aussi ce qu'il y a au-dessous. Elle perçoit ma véritable identité, celle que personne d'autre ne semble avoir envie de voir.

Elle voit les fissures. Elle voit la discordance. Le type paumé.

Et très bientôt, dès que je serai prêt à avoir cette conversation déchirante, elle va me débarrasser de ce fardeau.

— Ça ne marche pas. Essaie de lui faire oublier ces rencards foireux.

C'est la voix de Megan qui résonne dans le couloir.

— Je ne peux rien faire, répond Maddie. Tu la connais. Elle se prend pour Cupidon ou je ne sais quoi.

— Un seul succès – le tiers d'un succès, plutôt – avec Braden et toi, ça ne fait pas d'elle un Cupidon ! Et moi non plus, d'ailleurs. Mince. Est-ce qu'elle s'est déjà dit que j'étais peut-être heureuse comme je suis ?

— C'est à elle que tu vas devoir poser la question. Je ne fais que dire oui ou non concernant les mecs, Meg. Sérieux, tu devrais voir certains des idiots qu'elle a sélectionnés. On se serait cru dans un club de strip-tease. Et encore, sans le côté sexy.

— Arghhhh, soupire Megan en se tapant la tête contre la table quand j'entre dans la cuisine.

— Qu'est-ce qui se passe ? C'est si dur que ça d'être forcée à rencontrer des mecs ? je demande en souriant quand elle relève la tête.

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