chapitre25: Megan

175 10 0
                                    


Je me laisse glisser à bas de Tempête et lui tapote tendrement la croupe, puis j'accroche ses rênes à une branche d'arbre située à l'ombre. Je retire ma bombe, secoue mes cheveux et cherche sous les racines le panier que j'ai demandé à June de venir déposer un peu plus tôt. Tempête reporte son attention sur l'eau que je lui ai servie, et j'étends la couverture sur le sol, de l'autre côté du petit arbre. Tout excitée, je m'assois et attends qu'Aston me rejoigne.

La piste de Palm Canyon a toujours été l'une de mes préférées. Venir m'asseoir près du ruisseau pendant que Tempête se reposait était un passe-temps quotidien pour moi avant que je parte pour Berkeley. Nous faisions aussi d'autres balades, mais nos samedis étaient toujours réservés à celle-ci. Et, maintenant, je me souviens pourquoi.

La couleur verte de la faune crée un vif contraste avec le désert aride au-delà, et les rochers qui parsèment le ruisseau sont juste assez gros pour qu'on puisse s'y asseoir. C'est un endroit magnifique. Particulièrement paisible en hiver, quand personne ne s'aventure jusqu'ici.

— Comment je descends ? demande Aston, qui approche.

Je ris en le voyant apparaître.

— Fais claquer ta langue trois fois et elle s'arrêtera. Ensuite, tu descends comme tu es monté.

— Sans lui donner de coup de pied dans les fesses, c'est ça ?

— Exactement.

Il fait claquer sa langue et Poppy s'arrête. Il met agilement pied à terre et on dirait presque qu'il a monté toute sa vie.

— Un pique-nique ? s'étonne-t-il en accrochant les rênes autour de la branche comme je l'ai fait, avant de retirer sa bombe.

— Tu es surpris ?

Je lui souris tandis qu'il s'installe à côté de moi sur la couverture.

— Oui, mais, en même temps, tu me surprends tout le temps.

Il m'embrasse et je prends son visage entre mes mains.

— Tu as dit que tu voulais voir Palm Springs. Il n'y a rien ailleurs que tu ne puisses pas voir dans n'importe quelle autre ville, mais ici c'est mon endroit préféré dans le monde entier. (Je jette un regard alentour.) Ça m'a manqué. Je ne m'en étais pas rendu compte jusqu'à ce que je m'asseye ici.

— C'est carrément sympa, approuve Aston en admirant le paysage. Tu as vraiment grandi ici ? — Plus ou moins. Ma mère a elle aussi son cheval à l'écurie. Tu ne l'as pas vu, mais Minuit est... — Noir ?

— Eh bien oui. (Je lui jette un regard.) Elle a grandi ici et m'a appris à monter. On venait y passer tous nos week-ends jusqu'à mes quatorze ans, et ensuite elle m'a laissée venir toute seule. Je n'en ai jamais manqué un seul jusqu'à ce que j'entre à la fac.

— Tu n'envisages pas de monter, à Berkeley ?

Je secoue la tête.

— Je ne crois pas que j'aurais le temps. En plus, je ne peux pas demander à mes parents de me payer ça en plus de la fac. Je pourrais me trouver un boulot, mais alors je n'aurais vraiment plus une seconde pour faire du cheval. C'est le serpent qui se mord la queue.

Aston fouille dans le panier.

— Au moins, tu peux continuer à monter quand tu rentres chez toi... Même si c'est seulement quelques fois par an.

— C'est vrai.

Il sourit en sortant les fraises. Il en attrape une qu'il pose sur mes lèvres. Je croque une grosse bouchée. Le jus coule sur mon menton et il l'essuie avec une grimace.

jeux dangereux-tome2- le secretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant