Chapitre 1: Le cœur en crise, le corps en manque

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« On s'était dit que rien ne nous séparerait. Que de toute façon on finirait par se retrouver. Qu'on s'aimerait pour toujours. Que ni dans la mort ni dans la difficulté on ne laisserait notre amour se consumer. Car si le destin choisit de réunir deux personnes c'est pour une raison. Pourtant je suis là. Je t'attends. Mais je sais que tu ne viendras pas. »





J'ai  des idées noires qui pèsent depuis longtemps sur mon cœur esseulé. Une rancœur grandissante, une vie qui me dégoûte, une terre qui m'enterre petit à petit. Le paradoxe même de la vie - vivre pour mourir - m'a toujours semblé logique. Aussi je décide de sortir, la tête remplie de maux, de souvenirs, de pulsions inassouvies. Prisonnier de ma solitude, je tente de combler mon manque de liberté en allant marcher ; marcher, courir, et peut être m'envoler. M'envoler loin, partir vers un autre monde, un monde moins triste et dénoué de sens, un monde moins absurde et violent, un monde qui me correspondrait mieux.

Je sors, marche une bonne heure, assez pour m'éloigner de tout, et m'assois sur un banc. Je connais bien cet endroit, j'y viens depuis quelques temps. On y voit très bien les étoiles. Elles brillent et semblent briller pour toujours, symbole d'éternité dans un monde où les rêves sont si éphémères. J'aime les regarder. Je leurs donne des noms. Je m'amuse à imaginer qu'elles étaient autrefois des personnes qui vécurent sur cette terre. Compagnons de misère, elles me réchauffent le cœur dans cette nuit glaciale.

Une fois assis, je scrute l'horizon:  à mes pieds s'étend un lac infini tant le brouillard de cette nuit est épais. Les lueurs pâles de la lune qui transpercent avec peine ce gris brumeux, ajouté à la faible lueur d'un réverbère perdu près de vieilles forêts d'arbres donnent à l'atmosphère un aspect lugubre.
Je sursaute lorsque j'entends une voix qui vient briser le silence de ma nuit : Un cri de femme. Je crois reconnaître quelque chose de semblable à un nom; à mon nom.
S'en suis un hurlement strident qui me glace le sang et me paralyse.
Tout se passe tellement vite que je n'ai pas le temps de me retourner. Une douleur au niveau de ma tête se fait déjà ressentir. Un léger picotement qui part d'un point de mon crâne et qui se multiplie en plusieurs brûlures dans tout mon corps. J'ai froid et je peux sentir mon cœur battre dans ma tête : Je saigne. L'idée du sang met mon corps en panique. Le temps se ralentit et dans ma débâcle je tourne la tête et aperçois derrière moi une forme floue, complètement noir, à contre-jour de cette lune témoin d'une telle violence.

Je comprends seulement maintenant ce qui s'est produit - comme un caillou qui est venu s'éclater sur ma tempe - et ma vision s'assombrit. Ma tête vacille de droite à gauche, je ne contrôle plus mon corps. Ma nuque ne supporte plus ma tête qui devient de plus en plus lourde et finit par la laisser tomber en avant. Malgré mes efforts, mes paupières se ferment sur mes yeux laissant place à une obscurité totale. Je sens mon être entier tomber dans un gouffre. Je ne vois rien, ne sens pas, ne pense plus.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 20, 2017 ⏰

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