Chapitre 5 - Apollon

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Mon côté dieu de la médecine a vite prit le dessus et je me suis occupé de la fille. Doucement, je l'ai relevé et l'ai appuyé contre mon torse. Que voulez-vous, j'ai une âme noble aujourd'hui.

C'est maintenant que ça se complique...

Je ne peux pas utiliser mes dons de guérison mais ça n'a pas l'air utile. Elle n'est pas très amochée. Ça a dû être une petite chute. Par contre je n'ai aucun matériel sur moi... J'écarte ses longs cheveux bruns pour pouvoir voir la plaie. Elle a deux petites coupures derrière le crâne d'où sort un filet de sang. Ce n'est pas profond mais ça a été suffisant pour qu'elle s'évanouisse.

« Bon... Comment je fais maintenant ? »

Habituellement, j'aurais fait apparaître le nécessaire sans même réfléchir mais là... Puis-je risquer de me faire griller par un éclair pour aider cette petite ? Et puis zut, soigner des gens c'est mon job. Ou plutôt un de mes jobs. Zeus ne peut tout de même pas me punir parce que j'ai aidé une mortelle.

Il ne me faut pas plus d'une minute pour désinfecter les plaies et coller deux pansements. Je nettoie un peu les cheveux ensanglantés pour finalement la coucher sur son sac.

Alors que je suis sur le point de m'asseoir derrière elle, j'aperçois une sorte de petit cahier près de la jeune femme. Il est bleu, avec quelques traits dorés, mais la couverture est vierge. La curiosité prenant le dessus, je le ramasse et l'ouvre. À l'intérieur se trouvent des chansons, ou en tous cas des esquisses, écrites dans une langue que je crois reconnaître comme étant du français. Je referme immédiatement le carnet. Je sais à quel point il est désagréable que quelqu'un lise ce que l'on a écrit sans notre accord. Surtout quand ce n'est qu'un premier essai. Expérience vécue. J'ai failli griller Hermès pour ça une fois.

Je remets le carnet dans le sac pour m'ôter toute tentation, tout en faisant attention à la tête de la jeune française.

Je pourrais m'en aller maintenant mais bon... Je ne peux pas la laisser là toute seule. Il se fait tard et une mauvaise rencontre est toujours possible. En plus, elle pourrait paniquer si elle se retrouve toute seule.

Je suis finalement resté. La jeune mortelle s'est réveillée environ trois quarts d'heure plus tard. Comme une idiote, elle a essayé de se relever et j'ai dû la rattraper. Finalement, je l'ai ramené à son hôtel.

Cette fille est bien imprudente. Évidemment, je ne lui ferais rien mais si elle était tombée sur quelqu'un de dangereux, elle l'aurait suivie sans hésiter. Personnellement, je préférerai marcher avec une jambe cassée plutôt que de faire confiance à un inconnu. D'autant plus que je suis un dieu... Une mauvaise rencontre est si vite arrivée... J'ai, également, pu constater qu'elle m'a observé de façon vraiment indécente pendant un moment. Enfin... Pas que ça me dérange. J'ai pleinement conscience de l'attrait que la gente féminine a à mon égard. Mais bon... Cette fille m'a quand même fait perdre ma soirée. Et si Arès ou Hermès avaient déjà convaincu un humain ? Je m'en voudrais longtemps si j'avais perdu le pari à cause de mon esprit de médecin.

« Vous êtes français ? »

La question de la jeune fille me prend de court. J'avais la tête ailleurs et elle vient de me ramener sur Terre. En même temps, elle n'a pas dit un mot depuis le début. Bref, que devrais-je lui répondre ? Après tout, dire la vérité ne me coûte rien.

« Non, je suis grec.

- Ah... Vous parlez bien le français pourtant. Et, je me demandais, comment avait-vous su que j'étais française ? »

Hein ? Ah oui c'est vrai, elle m'entend parler en français. Bien que je parle en grec ancien, ma nature de dieu me permet d'être compris de n'importe qui. Je lui sors cependant un bobard en parlant de son carnet.

Une fois arrivés devant l'hôtel, elle me demande mon prénom. Sans doute un réflexe humain. Après, moi aussi, j'aime bien savoir à qui j'ai à faire. Avec tous ces immortels qui peuvent changer d'apparence...

« Ap.. »

Devais-je lui donner mon véritable prénom ? Je ne sais pas trop mais elle insiste. Au pire elle me prendra pour un fou. Ce n'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire.

« Apollon. »

Elle est surprise, c'est certain. Mais elle n'a pas l'air choqué ou autre. Son visage reprend rapidement une expression joyeuse. Tychée* est avec moi ce soir décidément.

« Et vous ? »

Je pose la question par pur civisme mais une idée commence à germer dans mon esprit.

« Leila. Encore merci et au revoir. »

Sur ce, elle me fait un sourire étincelant et entre à l'intérieur du bâtiment. J'ai rarement vu de tels sourires. Il était à la fois beau, sincère, gentil et adorable. Il est presque inhumain de pouvoir faire ça. Un sourire en coin vint se placer sur ma bouche quand j'entends des cris provenant de l'hôtel. Sans réfléchir, j'entre à l'intérieur.

Une femme qui doit être la mère de Leila, lui crie dessus, abondamment, sans retenue. Dis-donc, pas joyeux les retrouvailles. Cependant, je peux tourner ça à mon avantage.

« Veuillez excuser votre fille, madame Levenight. Tout est de ma faute. »

S'en suis un joli petit baratin made in moi. On ajoute à cela un soupçon de pouvoir divin et c'est gagné. La mère de Leila aurait pu me lécher les pieds. Elle et son mari n'ont même pas eu de réaction quand je leur ai dit mon nom. Les mortels sont vraiment trop facilement manipulables. Je les quitte avec un clin d'œil pour celle qui allait devenir, ma future cible.

Je sors de l'hôtel, un sourire collé sur le visage. Je parierai mon rang à l'Olympe que cette fille se rendra au temple le lendemain. C'est le genre de personne ne pouvant pas s'empêcher d'aller remercier quiconque l'a aidé. Avec un peu de chance, elle se demandera même comment j'ai pu amadouer ses parents et ça me facilitera la tâche.

Quelques minutes plus tard, je suis de retour devant ma nouvelle demeure. Mes trois collègues sont déjà là et ne semblent pas particulièrement heureux.

« Ah ! Tu es là, Apollon. Alors ? » me demande mon petit frère

Vu les têtes qu'ils font tous les trois, ils n'ont pas dû avoir beaucoup de succès auprès des mortels. Une bonne chose pour moi. Je n'ai peut-être pas perdu mon après-midi, après tout.

« Disons que ça avance, je réponds, évasif.

- Comment ça, ça avance ? Tu rigoles ? Tous les mortels auquel j'ai parlé se sont enfuis en courant. Les lâches ! réplique Arès.

- Ne m'en parles pas... Ils m'ont tous rit au nez... » ajoute Hermès.

Ma sœur ne dit rien mais je vois bien qu'elle n'a pas eu plus de succès. Voilà qui n'était pas prévu. On dirait bien que les mortels de nos jours ne sont pas très ouverts aux mythes. Enfin, ça signifie que j'ai encore toutes mes chances. Je suis même plutôt bien partit.

« On peut savoir ce qui te fait sourire ? me demande le guerrier.

- Je vous souhaite une bonne nuit mes amis. J'aurai du travail demain. »

Devant les regards interrogatifs des autres dieux, j'entre à l'intérieur de la maison. J'ai besoin de repos. Demain allait être une journée très amusante et il fallait que je sois en pleine forme.

* Déesse grecque de la chance

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 05, 2018 ⏰

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