Episode 3

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Précédemment

Bref. Trop fatiguée pour rester planter là à me poser un millier de questions, je pris la direction du salon après avoir fermé le portail derrière moi. Quelle ne fut ma surprise d'y trouver une femme à la peau claire, brune aux yeux marrons et plutôt jeune, 30 ans maximum, assise au salon. Entourée de quelques autres dames qui surjoue leur bonheur, de ma mère qui garde le silence, le regard cloué au sol, et de tante Maïmouna qui ne cesse de tchiper, l'ambiance est on ne peut plus malaisante.

Mon attention se porta assez rapidement sur le henné appliqué sur ses mains et ses pieds, signe de mariage dans notre tradition, et je compris à cet instant qu'elle est sans doute la nouvelle épouse de papa, celle dont il nous a parlé la semaine dernière seulement. Les traits déformés, on aurait dit que comme si je venait de recevoir une gifle.

... : Fatou, tu ne salue pas ta fille ? Lança une femme, assise près d'elle, ayant remarqué ma présence et devant sûrement être sa mère au vu de leur ressemble flagrante.

**

Cette dernière ne bougea pas d'un millimètre et se contenta de me dévisager, un certain dégoût dans le regard. Ainsi, ne voulant pas assister plus longtemps à ce cirque, je saluai respectueusement nos "invités" avant de me précipiter dans ma chambre. Me laissant tomber sur mon lit, les yeux emplis de larmes, je n'arrive toujours pas à réaliser le fait que cette femme soit déjà là. À aucun moment mon père ne nous l'avait mentionné et, naïvement, nous avons pensé qu'il avait quand même pris la peine de nous mettre au parfum avant de concrétiser son projet. Il semble évident que ce dernier s'est bien joué de nous, ayant tout prévu depuis bien longtemps.

À l'époque où il avait décidé de prendre une seconde épouse, je n'étais qu'une gamine qui ne comprenait pas bien ce qu'impliquait une telle décision. J'avais donc accepté les choses sans trop rechigner. Au fil des années, j'avais commencé à prendre peu à peu conscience de la situation mais je m'étais déjà habitué à cette atmosphère chez moi.

Malgré ces bouleversements dans ma vie, j'avais réussis à trouver un semblant de stabilité. J'espérais aussi, secrètement, que mon père ai regretté d'avoir transformé sa famille en foyer polygame, confortée dans cette idée par la recrudescence de ses démonstrations affectives à ma mère, mais j'ai fini par constater, hélas, que je m'étais bien trompée.

00h30

A bout de force, je fermai mon manuel d'Histoire ancienne. Ne trouvant pas le sommeil, je décidai donc de faire un tour dans la cour, histoire de prendre un peu d'air. Dès je mis le pied dehors, j'aperçus ma mère, assise sur une petite chaise pliante un peu plus loin, le regard absent. Je m'approchai d'elle et touchai sa longue chevelure brune. Lorsqu'elle ressentit ce contact, elle se tourna instinctivement en posant sur moi ses yeux d'un noir profond.

Maman: Que fais-tu debout à cette heure Raima ?

Moi: Je viens de finir d'étudier et je n'arrive pas à trouver le sommeil.

Elle fit juste un hochement de tête compréhensif et me demanda de m'asseoir à ses côtés. Nous regardâmes ensemble les étoiles scintillant dans le ciel. J'aurai aimé installer cette sérénité que j'éprouve en ce moment dans mon quotidien. J'aurai peut-être eu moins de soucis et de mauvaises surprises. Ce calme, cette légèreté, juste ce qui permettrais à tous d'être heureux, à vivre dans la gaieté et la quiétude. Hélas, il semble évident que je n'ai pas ce pouvoir.

A l'exception de tante Maïmouna, nous semblons tous avoir abandonnés. Habituellement, je l'avoue, j'aurai été agacé par cette manie qu'elle a de faire des tonnes dans toutes ses actions mais nous en avons plus que besoin présentement. Tout le monde reste passible comme des morts vivants alors qu'il faut faire comprendre à papa notre mécontentement.

Tout à coup, tirée de mes pensées, j'entendis des rires et des gloussements qui nous parviennent de la chambre qu'occupe la nouvelle, tante Fatou. Elle y est sûrement avec mon père. La porte est fermée mais, même d'ici, on a l'impression qu'ils sont dehors, juste en face de nous. Ils ne se gênent même pas de faire profiter la maisonnée de leurs ébats.

Toute cette scène me dégoûte profondément. J'aurai espéré d'eux un minimum de considération, pour les autres épouses de la maison mais aussi pour mes sœurs et moi. Avant l'arrivée de cette femme, mon père faisait toujours en sorte que ces moments d'intimité avec ses épouses restent privés. Il ne voulait choquer personne et mettaient un point d'honneur à éviter les disputes ainsi que les rivalités. Jamais auparavant, nous n'avions eu à assister à un tel spectacle, même avec tante Maimouna, que je considérais jusqu'ici comme la plus bagarreuse de toutes les femmes de cette maison. Dorénavant, elle a de la concurrence dans ce domaine. Au moins, tante Fatou n'a pas fait la sainte face à nous et a montré son vrai visage dès le départ.

Maman, tristement: Il vaut mieux qu'on aille se coucher.

Tout ça doit l'affecter au plus haut point, pourtant, elle garde toujours la tête haute. À sa place, je ne serai pas arrivé le supporter.

Moi, ressentant toute la solitude et le manque d'affection qu'elle ressent en ce moment : Maman, je voudrai dormir avec toi ce soir.

Elle esquissa un petit sourire. Je lui pris la main et nous nous dirigeâmes vers sa chambre lorsque la porte de la nouvelle s'ouvrit. Papa en sortit avec tante Fatou. Lorsqu'elle nous vit, avec nos visages plus rongés par la gêne que par la colère, elle réalisa que nous avions assisté, malgré nous, à ses mamours. Elle se contenta d'esquisser un petit sourire narquois jusqu'à ce que papa s'en aille, nous ignorant complètement, puis entre dans sa chambre, comme si de rien n'étais.

Tante Fatou, s'adressant à ma mère lorsqu'il fut assez loin : Hey toi, tu devrais commencer à faire tes valises parce que, à ce rythme, je vais vite tomber enceinte et j'en aurai tous les soirs pour mon compte. Tu finiras complètement délaissée vieille pie.

Voyant nos airs abasourdis après ses paroles, elle rit quelques minutes, puis s'approcha de quelques pas vers nous.

Tante Fatou: Je mettrai au monde le digne héritier de la famille. Oui, l'héritier de cette ...

Maman: Tais-toi tout de suite petite dévergondée. Si, dans ta famille, on ne t'a jamais appris le respect ni les bonnes manières envers des aînés, épargne moi tes délires.

Tante Fatou: Comment oses-tu me parler comme ça, s'énerva-t-elle. Tu verras, tu vas le regretter amèrement...

Elle tourna les talons, se dirigea avec furie vers sa chambre, claqua bruyamment la porte et s'enferma à double tour. Je ne pus m'empêcher de m'amuser face à sa réaction disproportionnée. Cette nuit là, je la passa avec ma mère, dans sa chambre. Je fis tout mon possible pour l'apaiser et la faire rire. Au fond de moi, je savais que, même si je n'avais pas enlevé grand chose à sa peine, je lui avais quand même procuré le réconfort d'avoir l'amour et le soutient de ses enfants. Elle pourra toujours compter sur moi car c'est ma celle qui m'a toujours épaulé et je l'aime plus que tout.

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On dit quoi mes chéris coco ? 😻🙋

Pour vous faire une idée plus précise du personnage, je vous ai laissé une photographie de Fatou, la troisième femme en multimédia.

J'espère que vous avez aimé ce chapitre.

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Bisou 💕

Mariée de force à un vieillard, j'ai dû m'enfuir pour survivre Où les histoires vivent. Découvrez maintenant