Chapitre 11

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   Les deux mois qui suivirent furent les plus longs que Blandine ait jamais vécus. D'autant plus qu'elle ne savait pas exactement quand Gaston allait revenir.

   Ce jour-là, elle était partie faire des courses dans le village et passa d'abord à la pâtisserie pour tout déposer. Elle eut la surprise de voir la vieille carriole de son père devant chez elle en rentrant. Elle accourut à l'intérieur de la maison à la vitesse de la lumière et son cœur manqua un battement quand elle aperçut Gaston en pleine discussion avec son père dans le salon. Les deux jeunes gens se sourirent mutuellement.

« Je viens de lui accorder ta main à condition que c'est ce que tu veuilles aussi, » annonça le père.

   Blandine couina et se jeta dans les bras de Gaston brun qui couvrit son crâne de baisers.

   Gaston, en plus de prouver sa sincérité, avait aussi arrangé les affaires de son beau-père. Il faut dire que son beau minois et ses paroles éloquentes attiraient plus de clientèle que le vieil homme. C'est pour cela qu'il était rentré si tôt. Il avait même passé un accord avec un gentilhomme, assurant à la famille un revenu pour l'année suivante.

   C'est donc le cœur léger que Blandine et Gaston purent célébrer leur mariage après ces longs mois d'attente.



   Cependant, l'année suivante, le père de Blandine commença à se faire vieux et était bien trop fatigué pour continuer à aller à la ville. Pour continuer à honorer l'accord signé avec le gentilhomme, Gaston dut partir à nouveau.

   Il s'acharna au travail pour rapporter le meilleur des bénéfices et ainsi s'assurer de ne plus avoir à quitter son épouse aussi longtemps. Mais chaque lettre que Blandine recevait de lui ne faisait que repousser leurs retrouvailles.

   Après son départ, elle tomba malade à plusieurs reprises. Au bout de trois mois, son père inquiet écrivit à Gaston, le conjurant de revenir au plus vite avec un médecin. Et c'est ce qu'il fit dès qu'il reçut la lettre.

   Cela faisait quatre mois qu'il n'avait pas vu sa femme quand Gaston entra dans la chambre où elle reposait. Son beau-père lui avait dit dans sa lettre qu'elle suait beaucoup et avait de la nausée. Quand il la vit dans son lit, si fatiguée, il s'empressa de faire entrer le médecin.

   Il ne fallut que quelques minutes pour diagnostiquer Blandine. Gaston et son beau-père étaient tous deux pendus aux lèvres du médecin quand celui-ci se releva et déclara que la jeune femme attendait un enfant.

   Gaston éclata de joie et embrassa sa femme avec amour. Mais son sourire s'effaça vite quand il dut faire face à la réalité.

« Je dois repartir à la ville. Mon accord n'est pas terminé et il faut que je finisse tout ce que...

— Gaston ! le supplia Blandine. Tu ne peux pas me laisser maintenant. J'ai besoin de toi.

— Justement ! s'inquiéta-t-il. Nous allons avoir un enfant et il va falloir subvenir à ses besoins et...

— Et ma pâtisserie alors ? Si tu m'aidais, on gagnerait suffisamment d'argent. Il faut que je me ménage et je ne peux pas demander à mon père de faire les livraisons dans son état.

— Je reviendrai le plus vite possible, je te le promets. »

   Mais Blandine ne voulut rien entendre et se mit à pleurer ou taper son mari dès qu'il essayait de la réconforter. Le cœur déchiré de voir sa bien-aimée dans un tel état, Gaston ne put pourtant rien faire de plus que promettre de revenir rapidement.

   Seulement, quand Gaston voulut repartir pour la ville, il trouva à la place de la carriole un mot laissé par son beau-père. Celui-ci avait pris la route afin de s'occuper lui-même de ses ventes une dernière fois et mettre un terme à ses activités. Il voulait que Gaston reste auprès de sa fille désormais. C'était à lui de prendre soin d'elle et l'enfant qui allait naître.


   C'est ainsi que, depuis ce jour, Blandine et Gaston ne se quittèrent plus.


   Le père revint à temps pour voir son petit-fils naître avant de passer l'arme à gauche. La pâtisserie de Blandine eut autant de succès que celle de sa mère et elle continua de la tenir même lorsqu'elle tomba enceinte une deuxième, troisième et quatrième fois.

   Quant à Gaston, il continua à aider sa femme avec la pâtisserie ainsi que les villageois à réaliser toutes sortes de tâches. Mais, peu importe son âge, il réservait toujours du temps pour se rouler dans la boue avec ses enfants, sous le regard amusé de Blandine...



~ Fin ~



Merci d'avoir lu Le gâteau parfait !

J'espère que vous avez passé un bon moment. N'hésitez pas à me laisser vos impressions sur l'histoire, je suis ouverte aux critiques.

Et je vous propose de nous retrouver dès à présent sur une autre de mes œuvres ! ;)

Lila.

Le gâteau parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant