locked away

intro. ○ la différence

Il y a des choses dans la vie que je ne comprendrais jamais. Je crois que c'est un peu comme tout le monde d'ailleurs. Mais parfois, il y a des choses que j'aimerai bien que les gens comprennent et qui sont dures à expliquer. Mon monde, par exemple. Tout ce qu'il se passe dans ma tête. On m'a souvent dit que j'étais dans la lune, dans mon monde. Oui, mais qu'est-ce que ça signifie ? C'est différent pour chacun, mais dans mon cas, c'est assez étrange. C'est comme si je ne vivais pas ma vie. Comme si j'étais quelqu'un d'autre, jusqu'à ce que je bouge.

Je vis dans un monde imaginaire. Dans ma tête, ce n'est pas moi, la plupart du temps. Je suis comme on dirait « perchée ». Hors du monde. Rêveuse, oh oui. Énormément. Peut-être même un peu trop. Je suis souvent seule, alors j'imagine, je pense à beaucoup de choses, et j'imagine énormément de choses, je m'amuse dans ce monde où il n'y a que moi pour choisir les scénarios possibles. Les problèmes, et les solutions. Les gens ont toujours tendances à s'imaginer un monde parfait, moi, j'imagine le mien avec des problèmes, mais avec des solutions qui apportent beaucoup plus de bonheur et de satisfaction. Avec des imperfections, mais des imperfections merveilleuses. Il suffit d'une seule chanson pour que tout autour de moi devienne irrémédiablement intéressant. Une autre, et le monde change radicalement, et tous mes actes prennent un autre sens, une autre dimension. Comme si j'étais quelqu'un d'autre, avec une vie hors norme, presque parfaite à mes yeux, et j'imagine ce qu'il va se passer dans ma journée, et comment je vais réagir, comment je vais être, les mimiques que je vais faire. Mettez-moi une chanson triste, et tout ce que je ferais, tout ce que je penserais sera triste, sera comme les paroles de cette fameuse chanson, ce sera comme ce que cette chanson m'inspire. C'est difficile à comprendre, mais je sais que je ne suis pas la seule dans ce cas. Enfin, je le pense, parfois, et ça me rassure.

Et quand je sors, c'est pareil. Un écouteur à l'oreille, l'autre qui pend, j'écoute ma musique et fais mes choses, comme si j'étais une personne pleine d'assurance. J'avance, un pied devant l'autre, la tête haute parfois, je regarde les gens, je les imagine tels qu'ils ne sont pas. Je leur invente une vie en quelques secondes, et selon ça, je leur dis bonjour, ou non. Et s'ils ne me répondent pas - ce qui arrive la plupart du temps - j'imagine leur vie beaucoup plus fade qu'elle ne l'est en réalité. Parce que je considère que les gens qui n'ont pas le temps d'adresser un sourire à un inconnu doivent avoir une vie tellement triste. Et je les plains, mais mes pensées s'envolent rapidement, et je continue.

Je crois que c'est ça qui me permet de tenir, parce qu'au fond, je ne suis qu'une angoissée perpétuelle perfectionniste. Le fond de mes pensées est en général plutôt sombre, et si je ne m'imagine pas un beau scénario romantique le soir avant de m'endormir, je rumine. Je me dis souvent « Oh, mince, elle a dû me prendre pour une folle quand j'ai dit ça. Je suis certaine qu'il en rit encore, bon sang, je suis tellement nulle. » à propos d'une chose qui se serait passé un jour, un mois, un an auparavant. C'est dur, d'être aussi angoissé. D'avoir peur constamment de mal faire les choses, de dire n'importe quoi, de tomber à la renverse devant une foule qui rirait de moi. D'être différent. Parce que je suis tout sauf normale, je le sais, mais les gens ont du mal à le savoir. Et très peu de personnes savent qui je suis en réalité. Vraiment très peu.

Alors, j'ai décidé d'écrire tout ce que je fais selon mon point de vue. D'expliquer mes pensées à ce moment-là. De montrer mon imagination. D'ouvrir les portes de mon esprit. Peut-être qu'un jour, quelqu'un viendra me voir, en me disant qu'il me comprend.