Prologue

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9h53. Anna a seize ans. Elle est en classe de première. Depuis une heure, elle écoute avec attention le cours de philosophie depuis sa table près du mur à la peinture écaillée par l'humidité et l'usure. Son stylo glisse sur son cahier au fur et à mesure du cours. Elle prend des notes de manière assidue. De l'autre main, elle joue du bout des doigts avec son pendentif alors que sous la table, son pied s'agite nerveusement. Ils ne sont que neuf à assister à ce cours, aussi exceptionnel qu'imprévu. Un silence assourdissant s'installe lorsque le professeur se tait. Seul le tic tac des montres se fait entendre. Quelques secondes plus tard, Anna comprend à son tour. Elle entend au loin ce bourdonnement sourd si habituel, celui des avions militaires, chargés de bombes.  Avec un hochement de tête entendu, le professeur donne le signal : il faut partir, et vite. Ils ont une minute, peut être deux pour se réfugier au sous sol du bâtiment. Tous se lèvent, sans un bruit et regagnent le couloir. Anna elle, s'empare tout de même de ses notes du jour avant de descendre l'escalier, aller au bout du couloir, descendre encore quelques marches et se réfugier à la cave. D'un coup d'œil furtif, le professeur s'assure que tout le monde est là avant de refermer la porte blindée derrière lui. Dans un long soupire, il se laisse glisser le long du mur. La matinée sera très longue et chacune des personnes présentes dans la pièce le sait très bien. Anna ferme les yeux comme elle le fait à chaque fois et se concentre sur ses histoires que lui ont racontées ses parents. Elle se souvient de cette plage où ils étaient allés quand elle était enfant, du bruit des vagues, de l'odeur du sable et de la chaleur du soleil sur sa peau lisse. Cependant elle ne peut s'empêcher de frémir à chaque explosion. Quand elle sera adulte, elle vendra des glaces et des boissons fraîches sur la plage si l'abri dans lequel elle est réfugiée tient le choc une fois de plus, elle sera propriétaire d'un bel hôtel avec vue sur la mer si tant est que les vacances existent de nouveau un jour, elle vendrait des maillots de bain multicolore plutôt que des affreux ensembles obligatoires gris, beiges ou encore de cette horrible couleur qu'avaient pendant un temps les bouteilles de bière.
Anna se concentrait. La seule chose qu'elle désirait à cet instant, c'était d'entendre un oiseau chanter, signe que le chaos aurait cessé. 

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⏰ Last updated: Jan 01, 2017 ⏰

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