Chapitre 17 : On récolte ce que l'on sème.

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Harry tordit l'éponge qu'il tenait pour en faire sortir un jus rouge et se maudit quand il s'éclaboussa malencontreusement. Cela faisait une demi-heure qu'il essayait d'effacer les traces du passage de Ronald sur son mur et il n'avait réussi qu'à estomper trois lettres. Encore qu'une couche de peinture ne serait pas de trop pour cacher les restes de peinture qui restaient incrustés dans le crépi. Il allait faire partir toute cette merde de sa maison et si un brin de ménage n'était pas ce qui arrangerait les choses dans sa vie, au moins ça aurait le mérite d'effacer les traces du carnage.

Dès qu'il en aurait fini avec ça il délesterait la boîte aux lettres de son carcan de ronces et mettrait l'étiquette à jour. Jusqu'à ce jour, il devait bien l'avouer, il avait pensé que le Square Grimmaurd était une solution de facilité au vu de la situation actuelle, une sorte de résidence provisoire. Seulement il ne retournerait jamais avec Ginny. Et cela même s'il y avait pensé, même s'il avait imaginé que dans quelques mois il aurait pu choisir d'en terminer avec cette situation temporaire, quand les résultats de Tom pour l'admission à l'université seraient tombés et qu'il aurait dû partir loin de la campagne londonienne.

Mais à ce jour il ne pouvait pas se résoudre à penser trente secondes à ce que serait sa vie s'il revenait avec son ex-femme. Avant il était le gendre sympathique mais dont on ne voulait pas parce qu'il créait la discorde dans la famille, là il deviendrait le paria, le mari odieux qui retourne en rampant vers le droit chemin et vers sa pauvre femme délaissée. Il devrait plus que jamais affronter la famille Weasley et au vu de ce que Remus lui-même pensait de la situation actuelle il était prêt à parier que Ronald mettrait tout en œuvre pour le traîner dans la boue jusqu'à la fin de sa vie.

Non, il ne serait pas la brebis galeuse rentrée au bercail qui mérite la condamnation de sa communauté. Même si son histoire avec Tom n'allait nulle part, il préférait rester seul. Et surtout il voulait choisir seul sa vie. Il voulait savoir ce qu'il allait faire après son premier livre. Il devait y réfléchir posément. Il n'avait pas vraiment envie de s'arrêter là. Il avait eu un coup de mou, mais en même temps il se refusait à considérer sa carrière d'écrivain comme une tentative avortée. Cependant il n'avait plus envie de rester chez lui pour écrire, ou du moins il n'avait plus envie de ne faire que ça.

C'était une situation qui lui convenait à la fin des ses quelques années d'études quand il était un tout jeune adulte, mais aujourd'hui il avait besoin d'autre chose. En fait il avait pensé trouver un épanouissement extérieur à son travail dans son mariage et dans son projet de construire une famille, mais la réalité était tout autre. Il avait cru avoir besoin de Ginny, en plus de l'aimer, mais tout ça c'était envolé. Et il y avait un tel prix à payer pour être le mari de la benjamine des Weasley qu'il avait même perdu le goût de vivre à ses côtés. Il ne savait pas depuis combien de temps il n'en était plus amoureux, mais au moins maintenant il savait que c'était fini pour de bon.

Harry balança l'éponge dans la bassine et se précipita sur la porte d'entrée pour ensuite monter les étages quatre à quatre. Il devait absolument établir clairement les choses, sans ça la situation allait devenir encore plus explosive qu'elle ne l'était déjà. Il voulut composer le numéro du portable de Ginny et s'aperçut avec stupéfaction qu'il n'arrivait pas à s'en souvenir entièrement. Après une rapide recherche dans son répertoire il patienta, anxieux, au fil des bips qui s'égrainaient.

«Allo ?

-Allo, Ginny, c'est moi.

-Je sais que c'est toi, j'ai vu ton numéro s'afficher.

-Hum, bon est-ce que tu peux te libérer à midi ?

-Pour ? répondit-elle d'une voix sèche.

-Parler.

Les lèvres d'un garçon.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant