-Debout bâtarde!
Cette phrase remplie de mépris me réveilla. J'ouvris les yeux et regarda l'homme en face de moi, il était grand et costaud, son regard plus noir encore que la nuit se posa sur moi, j'en eu des frissons. Il me tira par le bras, m'arrachant un cris de douleur et me mis debout. Ce fut à cet instant que je compris que je n'étais plus chez moi, les murs étaient blancs, fades, la peinture s'écaillait, le sol quand à lui me glaça les pieds. Mes yeux encore mi-clos s'ouvrirent quand je vis une fille face à moi, elle était assise en tailleurs sur son lit -si on pouvait encore appeler cela un lit- et me fixait en souriant. Son sourire réchauffa la pièce et je le lui rendis, l'homme sortit de la pièce dépourvue de porte en criant:
-Rendez-vous dans dix minutes la nouvelle!
Je me rassis sur mon lit, les ressors me piquaient à travers le matelas, je baissa la tête et me tapa la front.
-Ce n'est qu'un rêve Laure, ce n'est qu'un rêve! me répétais-je sans cesse pour me persuader que ce n'était pas vrai, que c'était impossible.
-Malheureusement pour toi ce n'est pas un rêve, ni un cauchemar.
Cette voix venait de sortir de la bouche de la fille devant moi, je releva la tête. Son sourire avait disparu de ses lèvres pour laisser place à une mine sérieuse et froide qui me glaça le sang. Cependant elle était la seule couleur présente dans cette pièce, elle portait un pull rouge et un pantalon en jean bleu, ça aurait pu être une belle tenue si elle n'avait pas été dans un si mauvais état. Il manquait une manche à son pull, celui-ci avait un trou au milieu laissant entrevoir son nombril et quand l'on regardait bien on pouvait apercevoir une cicatrice; quand à son jean, il lui arrivait juste sous le genou comme si elle le portait depuis des années et qu'il n'avait pas grandi en même temps qu'elle.
-Tout cela est bien réel. poursuivit-elle, Bienvenue au camp Kalassi Laure, ici sont enfermés la plupart des bâtards, dit-elle en faisant des guillemets avec ses doigts, si tu veux survivre va falloir travailler petite!
Bâtard, ce mot ne cessait de résonner dans ma tête, c'était le mot par lequel mon père m'avait insulté une fois. Je me rappelle en avoir pleuré, il l'avait dit avec tellement de dégoût dans la voix. Puis il m'avait battue, en répétant ce mot sans s'arrêter. Je n'étais pas de lui, je ne connaissais mon vrai père car j'étais née d'un don de sperme et la loi m'interdisais de savoir d'où je venais, pourquoi j'avais ce nez, cette bouche, il y avait une pars de mystère en moi qui ne pourra jamais être découverte. Malheureusement pour moi ce jour là mon père l'avait appris, lui qui m'avait élevé comme sa fille il m'a reniée d'un coup, d'une seconde à l'autre ma vie a basculée, il a quitté la maison, entraînant ma mère avec lui. Elle n'avait fais cela juste pour que mon père ait un enfant, elle ne m'aimais pas, elle avait tellement souffert à cause de moi qu'elle ne pouvait plus me voir. Elle avait eu des examens à passé pour savoir si c'était elle qui n'était pas féconde ou mon "père", ceux-ci avaient dut être d'une douleur inimaginable au point de me renié aussi. Je me suis donc retrouvée toute seule, sans famille, sans attache, avec juste un toit sur ma tête. Cela c'était passé il y a une semaine. Je venais de plonger dans un enfer pour replonger dans un autre encore pire. Je n'avais rien fait de mal à part vouloir naître et pourtant on me traitait comme si c'était de ma faute d'être une enfant illégitime.
-Arrête de rêvasser il faut partir! dit la fille en me tirant par le bras pour me lever.
Mon regard se posa sur son bras : il était squelettique. Elle me tira en dehors de la chambre, le sol était encore plus froid. Mes pied-nus s'aventuraient avec prudence sur ce carrelage jauni par le temps. On traversa un grand couloir où d'autres chambres similaires à la notre étaient disposées de part et d'autre du corridor. Mon regard se porta sur un homme, de deux ans mon aîné qui nous regardait passer. Avec ses traits fins et ses yeux de chats je me rendis compte qu'il était asiatique, cependant il avait de grands yeux noirs dans lesquels je me perdis quelques secondes, son expression inexpressive me fit frissonner. Il s'appuyait contre l'encadrement de la porte les bras croisés, sur ceux-ci j'aperçu des marques de coupures, de brûlures et blessures en tout genre. Je ne pus m'empêcher de rester les fixer jusqu'à ce que je le perde de vue. Nous arrivâmes dans une grande salle, semblable à un marché avec une estrade où ce tenait l'homme qui m'avait réveillé. Je n'osa même pas croiser son regard je ne voulais plus avoir affaire à lui. Mais c'est vers sa direction que me tira ma voisine de chambre, elle me fit m'asseoir sur une chaise de camping et se mit à ma gauche. L'homme prit alors la parole:
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Illégitimes
Science FictionNous sommes des enfants, de 14 à 17 ans, appelés "batards". Un jour, on se réveil dans ce lit miteux de l'entrepôt A7 et c'est à partir de ce moment que l'on se retrouve en enfer. Certains disent que nous serons libres à nos 18 ans, cependant, perso...