Chapitre XII: Les visions d'une étoile.

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Après l'attaque, nous étions tous à cran et sur nos gardes.

Nous nous arrêtâmes pour reprendre des forces. Je préparai le repas et servis les autres. Nous mangeâmes en silence. Puis chacun s'occupa comme il put. Aéris et Lyvia firent la sieste, Hope s'entraîna à tirer et Névys partit à la recherche d'une source d'eau. Et moi, je m'assis et m'adossai à l'un des immenses troncs, quelques mètres plus loin. Je croquai dans le fruit que j'avais pris. Il avait une forme ovale et sa couleur, saumon et bleu, lui donnai des airs de radioactif. Il est vrai que le sol fut radioactif autre fois. Mais maintenant, il n'en n'est rien. Je basculai ma tête en arrière pour la posai contre l'écorce. Je fermai les yeux. Puis une petite douleur fusa dans ma tête. Et des images apparurent. Celle-ci n'était pas comme d'habitude. Non, c'était comme une vision, mais animé.

De la fumée montait un peu partout. Des corps jonchaient le sol. Du sang s'en écoulait. Certaines personnes semblaient blessées. Je me vis. Je devais avoir un ou deux ans de moins. J'étais en face d'un garçon. Nous nous serrions dans les bras l'un de l'autre. C'était Névys. Il me chuchotait quelque chose, mais je ne pus entendre. Puis une autre vision passa. Deux soldats me retenaient par les bras. Je voyais ma mère se faire emmener par d'autres fantassins. Je ne pouvais rien faire. Je pleurais à chaude larmes. Hurlant et me débâtant. Autour de moi, d'autres innocentes courraient, des engagés courraient après ou les métrisaient. Je me serais crue en plein révolte. Je tournais la tête. Je voyais mon frère. Par terre, le t-shirt déchiré, le dos en sang et le visage déformé de douleur. Un soldat lui tapait le dos à coups de matraque. Du sang sortait de la bouche d'Hope. Je hurlais. Il me regardait et dit : « Tout va bien aller. Ne t'en fais pas. ».

Puis la vision disparut pour laisser place à une autre. J'étais toujours en train de me débattre. Je voyais Névys et Aéris se faire emmener, avec les parents de Névys. Mais où étaient ceux d'Aéris ? Je criais et hurlais. Puis l'image disparut, me ramenant à la réalité.

Des gouttes de sueurs perlèrent mon front. Ma respiration était saccadée. Je me calmai. Je terminai mon fruit. Puis je sentis une main sur mon épaule. Je me retournai. Lyvia me regarda et me sourit.

-Je te cherchais. Tu pars souvent seule depuis quelques temps. Ça ne va pas ?

-J'avais besoin d'être seule. J'ai, comme qui dirait... des visions. Cela fait un petit bout de temps. Au départ ce n'était que des images. Je voyais le monde comme avant. Mais aujourd'hui, c'était différent. C'était une scène...

Je luis fis le récit de ce que j'avais vu. Elle semblait réfléchir, puis demanda d'une voix qui trahissait son inquiétude :

-Tu...ne m'as pas vu ? Et comment sais-tu que c'était les parents de Névys ? On ne les connaissait pas avant d'être exilés.

-Non... Je ne sais pas. C'est comme si un lointain souvenir m'était revenu en mémoire. Comme si j'avais connu ses parents... En tout cas, ne dis rien aux autres pour l'instant. Ils me prendraient pour une folle, s'il te plaît.

-Ne t'en fais pas. Viens, nous devons repartir.

Nous nous levâmes et partîmes vers le petit campement. Nous rangeâmes nos affaires. Puis je montai sur la moto. Névys et Hope était sur l'autre et Lyvia et Aéris sur la dernière. Derrière la mienne, accrochée à une corde, trainait un Bisak que nous n'avions pas terminé.

Pendant tout le trajet, je réfléchis à ces visions. Qu'étaient-elles censées me dire ? Pourquoi moi ? Comment connaissais-je les parents de Névys ?

Quelques heures plus tard, alors que la Lune se levait, nous nous arrêtions. Névys fit bruler un feu, Hope découpa des parts dans le Bisak et les filles et moi disposions les fruits dans les plats. Nous mangeâmes de bon cœur, affamés par le voyage. Nous disposions nos sacs de couchage. Névys revint après une petite balade.

-J'ai trouvé un lac où l'on peut se baigner ! Ça nous fera une petite douche !

-Allez-y les garçons, vous en avez le plus besoin, surtout toi Névys ! Tu sens le phoque à des kilomètres ! Nous irons après.

-Pfff, n'importe quoi !

Nous éclatâmes de rire. Puis les garçons allèrent se laver. Ils revinrent quelques minutes après, tout propre. Nous allâmes au lac à notre tour, emportant un savon et trois serviettes -que nous avions prises dans la cachette-. J'hottai mes vêtements et glissai doucement dans l'eau. Je fermai les yeux et plongeai tout au fond. De petits poissons multicolores s'enfuirent ou me regardèrent de leurs gros yeux. J'attrapai le savon sur la berge et commençai à me frotter frénétiquement. La crasse commença à partir. Ma peau, qui était sale, redevint blanche. Quelques cicatrices me brulèrent au passage du savon. Puis je replongeai dans l'eau pour enlever le reste de mousse. Les filles et moi nageâmes un peu pour détendre nos muscles. Une fois propre, je remontai sur la berge et m'enroulai d'une serviette. Je me frottai frénétiquement, réchauffant mon corps. Puis je remis mes vêtements et nous partîmes vers le campement. Nous nous glissâmes directement dans nos sacs de couchage et contemplâmes les étoiles.

-C'est la plus belle chose qui soit, murmura Aéris.

-C'est aussi la seule chose qui n'a pas était affectée par la catastrophe, ajouta Névys.

-Tu ne sens plus le phoque, c'est étrange, haha.

-Très drôle « misse j'aime remballer les gens » !

-Aller, dormons, coupai-je.

Si j'avais laissé ces deux-là, ils se sauraient lancés des poux jusqu'à deux heures du matin. J'éteignis le feu et nous fermâmes les yeux. Puis Morphée vint nous emporter...


Revival {Tome 1} {réécriture à venir}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant