Pour mes amis, ils se reconnaîtront :
Elle s'est écroulée, dans un grand fracas. Les verres en plastiques remplis de rhum et de soda premier prix posés sur le sol se sont déversés sur sa veste en jeans brut. 10 secondes. 10 secondes d'inconscience. Pendant ce moment, seul son corps était présent sur la Terre. Son esprit s'était envolé, haut, très haut. Il était parti chatouiller le dos de la Lune. Faire une belle promenade dans la voie Lactée et saluer le Soleil. Ou au contraire, son esprit était descendu au fond de la Terre s'échauffer à côté du magma et se donner quelques frissons en glissant sur des plaques tectoniques.
Quant aux esprits qui l'entouraient, eux n'était pas partie pour un voyage intergalactique. Deux étaient plongée dans le néant, embrumée par la fumée de cannabis, trois brûlant d'alcool et un dernier sobre et terrifié.
Ces jeunes ne trouvaient de échappatoires que dans les états seconds que leur procuraient le THC et la liqueur de plus de cinquante degrés. Ils oubliaient alors tout : les profs leur assénant des leçons inutiles, leurs parents les mettant en garde, les choses qui les révoltaient, leurs amitiés perdues et leur amour propre. Dans l'OCB et les verres en plastiques il y avait la solution à tous leurs malheurs, à leurs questions insolubles. C'était un remède efficace contre le blizzard aussi. Le blizzard est la brume permanente qui entoure les adolescents qui ne sente bien nulle part, qui ont des doutes et des remords à s'en bouffer les doigts, qui doivent vomir avant d'aller supporter les brimades du système éducatif, qui sont paradoxaux avec eux même et les autres, qui ne savent pas comment vivre.
Alors bien sûre, se mettre dans des états minables ne résolvait rien, mais pour une nuit on oubliait qui on était, les vagues à l'âme. Certains affirmaient que c'était pour « crever » plus vite parfois. Aveuglé par leur souffrance, ils s'en affligeaient d'autant plus. Le cancer du poumon ou des reins, rien de les terrifier plus que le lendemain.
Le jour, la vérité nous éclaterait à la face avec en fond nos maux de crânes. La douleur reviendrait plus que jamais et recommencer dès que possible serait le meilleur remède. Juste un maudit cercle vicieux. Rien n'y ferait, ni le doliprane ni le rock agressif dans les oreilles.
Cœurs noirs craquelés par le chagrin. Poumons noirs, salis par la fumée. Cerveau noir, taché de désespoir. Regard noir, teinté par la colère. Ongles peint en noirs pour représenter le tout.
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contemplations post victorienne
Poesiaje partagerai là des poèmes ou de courts textes la plupart du temps basés sur des sujets simples vus par notre époque ( d'où le titre référencé ). j'espère que cela vous plaira et bonne lecture.