elise

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- Ça va ? On dirait qu'on vient de t'annoncer que quelqu'un est mort.

Il m'a coupé de mes pensées. Je n'arrivais pas à croire ce que je venais de lire.

J'ai réfléchi quelques instants et j'ai essayé de relativiser. Après tout, elle cherchait à se faire du mal, non ? Malgré tous les avertissements, toutes les soirées qu'on avait passé à discuter de sa situation, où j'avais essayé de la raisonner, elle était quand même retourner dans ses bras. Tout cela n'avait donc servi à rien ?

- Tu veux qu'on aille dehors ? a-t-il demandé.

- Bonne idée, ai-je répondu.

Aller prendre l'air ne pouvait pas être une mauvaise idée. Il m'a pris le bras et nous sommes allés sur le parking du gymnase. En passant j'ai jeté un oeil sur les filles qui s'amusaient encore comme des folles.

L'air frais de la nuit qui était tombée depuis quelques heures m'a surprise et m'a donnée des frissons. Louis a retiré sa veste et me la tendu.

- Tiens, prends-là, tu vas tomber malade, m'a-t-il dit.

Je l'ai mise sur mes épaules. Il ne cessait pas de me regarder et ça commencer à me mettre mal à l'aise. Il sait pertinemment que quand quelqu'un me fixe trop longtemps je suis gênée. Je crois qu'il le fait exprès. Son regard essayait de trouver le mien, et même si je ne le regardais pas, j'arrivais à voir qu'il me regardait. Il a essayé de trouvé un sujet de conversation et n'a pas pu s'empêcher de parler de sa famille. Un sujet -il le sait- qui me touche particulièrement puisque sa famille à lui, contrairement à la mienne, est encore entière. J'étais très attachée à eux et ne plus les voir aussi souvent qu'avant me brise littéralement le coeur.

Malgré sa veste sur mes épaules, je grelottais.

- Tu veux qu'on rentre ? demanda-t-il en voyant le nouveau frisson qui me parcourait tout le corps.

- Non, j'ai mal à la tête à cause de la musique, je préfère qu'on reste encore un peu, si ça ne te dérange pas.

- On va dans ta voiture, sinon ?

J'ai acquiescé en cherchant mes clés dans mon petit sac. Une fois trouvées, nous nous sommes dirigés vers ma voiture qui était garée sur le parking un peu plus loin que l'endroit où nous étions depuis dix bonnes minutes.

- Le banquet de Platon... c'est quoi ? Des recettes de cuisine ?, demanda-t-il avec un ton moqueur.

- Non, dis-je en lui prenant le livre des mains., c'est un livre qui expliquent différentes théories sur l'amour, entre autres.

- Comme laquelle ?

Son intérêt soudain pour mes lectures m'a étonné.

- Celle d'Aristophane, par exemple, est celle qui m'a le plus touché, avouais-je.
- De quoi ça parle ?

- Aristophane dit que à la base des bases, il existait plusieurs genres de personnes. Des hommes, des femmes et des androgynes. Chaque être humains était en fait une sphère avec quatre bras, mains et jambes. Et aussi et surtout, beaucoup trop d'assurance et d'orgueil. Ils étaient tellement insolents qu'un jour ils ont voulu prendre la place des Dieux en s'attaquant à eux dans le ciel. Zeus ne voulant pas les tuer, a décidé de les affaiblir en les divisant eux deux. Chaque morceau étant trop malheureux sans sa moitié tentait en vain de retrouver leur double disparu. D'où aujourd'hui notre éternelle quête de l'âme-soeur.

Il n'a pas réagi tout de suite. Il a réfléchi à ce que je venais de lui expliquer. En attendant sa réaction, je restais bloquer sur lui à essayer de déchiffrer les signes de son visage qui auraient pu m'aiguiller sur ce qu'il pensait. En vain. Il faisait bien trop sombre pour voir quoi que ce soit.

- Tu penses qu'on est des âmes-soeurs ?, fini-t-il par demander.

Et là, ça a été plus fort que moi, je n'ai pas pu me retenir, j'ai balancé sans filtre :

- Tu ne penses pas sérieusement que je vais te dire oui, Louis ? Dans un premier temps, tu crois vraiment que mon âme-soeur vit à coté de chez moi ? Avec 9 milliards de terriens, crois-tu qu'il est possible que mon double ait été placé dans la même ville que la mienne ? Et, si vraiment tu étais mon âme-soeur, dit moi, Louis, pourquoi m'as-tu trompé ? Pourquoi tu n'as pas voulu te mettre à ma place, toi qui savait à quel point trouver quelque chose à faire de ma vie était quelque chose de stressant ? Pourquoi tu n'as pas compris que j'avais besoin de temps ? Pourquoi tu as préféré la facilité, en retombant dans les bras de Savana ? Ce n'est pas parce que j'adore cette fille que je passe au dessus de ce que vous avez fait, loin de là. Ce n'est pas non plus parce que tu te retrouves dans ma voiture à cette instant que j'ai oublié le mal que tu m'as fait. Et ce n'est pas parce que je t'adresse la parole que mon cœur n'est plus brisé. Tu prends conscience de ça ? Si oui, tu sais que nous ne sommes pas des âmes-sœurs et si non, il serait temps d'ouvrir les yeux. Tu m'as trompé, tu m'as brisé le cœur, tu étais mon premier amour et je t'aimais sincèrement. Je voulais te sauver, je voulais t'aider à aller mieux et je pense que j'étais en de bonnes voix. Mais toi, tu as tout gâché. Tu sais, Louis, un simple merci aurait suffit, tu n'était pas obligé de me tromper pour montrer à quel point ta reconnaissance était grande.

J'ai ouvert la portière de la voiture pour partir rejoindre mes amies à l'intérieur.

- A l'avenir, évites de passer une soirée avec moi comme si rien ne s'était passé. Si ça peut te rassurer, saches que je t'ai pardonné mais je n'ai rien oublié.

L'histoire De Leur Vie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant