Prologue

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" La joie peut être trouvée dans les moments les plus sombres, il suffit seulement de se rappeler d'allumer la lumière." J.K. Rowling.

Je heurtai brutalement le mur rocheux de la pièce sombre avant de retomber lourdement sur le marbre glacé du sol. Mes côtes se brisèrent dans un craquement sourd m'arrachant un cri étouffé. Les bras tremblants et le corps trempé de sueur, je me redressai avec difficulté en essuyant le filet de sang qui s'écoulait du coin de mes lèvres. A quelques mètres debout face à moi, se tenait un homme. Une lueur cruelle et avide de pouvoir transperça ses pupilles plus sombres que les ténèbres. Les larmes me brûlaient la gorge et les yeux mais il était hors de question que je pleure. La peur me tordait les entrailles, un goût âcre remontait le long de mon œsophage mais je résistai à l'envie de vomir en me mordant les lèvres au sang. Je ne lui donnerai pas cette satisfaction. Ce monstre n'en valait pas la peine. Un rictus affreux se dessina sur son visage froid, il marchait lentement mais sûrement dans ma direction.

Dos au mur froid, je le regardai impuissante, s'approcher inexorablement de moi. Il referma ses mains en poing puis les rouvrit, un demi sourire sur les lèvres. Des mèches de cheveux collées sur mon visage en sueur, je pris une profonde inspiration en serrant fort les poings pour me donner du courage, mes ongles s'enfoncèrent dans la paume de mes mains. Je fermai les yeux, ne supportant plus cette torture. Vite, qu'on en finisse.
Chacun de ses pas résonnait sinistrement en écho dans la salle, comme le tic-tac infernal d'un compte à rebours. Les battements de mon coeur s'accélèrent dans ma poitrine, nous y étions. Le bruit étouffé des pas de ses pieds nus sur le sol noir s'étaient arrêtés. Silence. En rouvrant les yeux, je constatai qu'il était penché vers moi. J'etouffai un cri de surprise quand ses mains glacées remontèrent le long de mon cou, comme une caresse et que ses longs doigts se resserrent. C'était douloureux, j'avais du mal à respirer. Le goût métallique du sang de mes lèvres ouvertes sur ma langue me fit hoqueter. J'ettoufais.
Rapprochant son visage à quelques centimètres du mien, il considéra mon visage avec une expression de fascination effrayante quand soudain en un éclair, il me souleva au-dessus du sol sans la moindre difficulté, comme si je ne pesais pas plus lourd qu'une plume. Tic-tac, tic-tac...

Ce fut vif et rapide: il me transperça brutalement l'estomac. Aussi aiguisée qu'une lame, sa main s'enfonça dans mon ventre comme dans du beurre. La douleur irradia mon corps. Le souffle coupé, je poussai un hurlement de douleur. Ma voix ricocha contre la pierre des murs, en un écho assourdissant. Je me tus subitement, le corps pris de convulsions avant de m'immobiliser net. Ma tête retomba en avant, ma vue brouillée rivée sur les pieds de l'homme qui était en train de me tuer. Il patientait maintenant. Ses narines palpitaient, ses pupilles noires dilatées me scrutaient, cherchant le moindre signe qu'il obtiendrait ce qu'il voulait tant. Il me devint plus difficile de distinguer les traits de son visage.
Il ne m'apparaissait plus qu'en une forme indistincte, une silhouette sombre. L'homme relâcha son emprise et je tombai comme une poupée de chiffon. Ma tête heurta brutalement le sol dans un bruit sourd. Les battements de mon coeur se firent plus lourds, moins vifs, jusqu'à finalement s'éteindre. L'obscurité m'engloutit.

Soudain, une étincelle pas plus grande que celle d'un briquet s'alluma dans l'obscurité. Peu à peu, elle prit de l'ampleur et brilla bientôt de mille feux. Le visage doux d'une femme apparut dans la lumière.

Maman.

Très vite, il s'effaça.

Ne me laisse pas.

Elle disparut.

Dans l'aveuglante lumière, un décore se dessina. Une femme tenant affectueusement la main d'une petite fille apparaît au milieu de fleurs, d'un banc et d'une nappe posée sur l'herbe fraîche. C'était un pique-nique. L'image devint plus net, plus clair. C'est à ce moment que je reconnus le jardin, celui de la maison de campagne de mes parents. Je me regardai courir en essayant de rattraper ma sœur aînée, qui loin devant, courrait de toute la vitesse que lui donnaient ses déjà grandes jambes pour une fillette de neuf ans. Ses jambes s'allongèrent peu à peu, ses cheveux poussèrent. Shelley courut mais cette fois-ci pour me sauter dans les bras et me féliciter pour mon diplôme de baccalauréat. Les yeux brillant de fierté, mon père m'enlaça sous le regard de ma mère qui préféra restée en retrait. Puis ce furent dix-neuf bougies qui s'éteignirent sous mon souffle. On me cria : « Joyeux Anniversaire Kaya ! ». Plaquant un bisou sonore sur ma joue, Shelley me mis dans les mains un paquet cadeau. Ce cadeau changea de proportion, d'apparence et devint une petite boîte de velours noire. Un écrin contenant une bague de fiançailles, que me montra fièrement Shelley, le sourire jusqu'aux oreilles et les yeux larmoyants de bonheur. Les images défilèrent de plus en plus vite : la vue de l'océan, mes amis m'apparurent et enfin, lui.

C'était donc la fin. Pourtant, tout ne faisait que commencer.

ATLAZAS - A la Découverte d'un Nouveau Monde T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant