Le Talisman de Calypso

Le Talisman de Calypso

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Porteuse d'un parfum fleuri et enivrant, mélangeant les embruns de la mer à de multiples arômes de fleurs et de plantes, une fine brise vint caresser le visage ensablé d'Edward. Partout autour de lui, des oiseaux entamèrent un concert de cris et de chants, composant des mélodies d'un autre monde. Où pouvait-il bien se trouver ? Il n'y avait qu'un seul moyen de le savoir. Il ouvrit péniblement les paupières, ébloui par l'éclat fulgurant du soleil méditerranéen qu'il reconnut instantanément.

Il gisait sur une plage de sable fin. Sa tunique et ses braies étaient couvertes de sang. Si de nombreuses plaies parsemaient son corps, diffusant une douleur lancinante dans l'ensemble de son organisme, la plupart semblaient avoir déjà cicatrisé. Depuis combien de temps était-il ici ? Il se redressa tant bien que mal et fit quelques pas dans l'écume tourbillonnante qui venait effleurer le rivage par vagues irrégulières. Devant lui s'étendait la mer Méditerranée, enveloppant l'horizon de sa sérénité mensongère.

« Bonjour, tu es perdu ? »

Edward fit volte-face. Une femme venait d'apparaître au cœur de la végétation verdoyante qui recouvrait l'île. Elle se tenait debout au milieu des aulnes, peupliers et cyprès, vêtue d'une simple robe blanche qui semblait flotter autour de sa silhouette. Sa chevelure était claire et abondante, et dans ses grands yeux dansaient toutes les couleurs de ce monde et d'ailleurs.

« Je ne sais pas très bien... hésita Edward, gêné.

— Est-ce que ceci peut t'aider à retrouver la mémoire ? »

Elle tendit le bras et ouvrit délicatement son poing. Dans le creux de sa paume se trouvait un médaillon doré incrusté d'une pierre bleue à l'éclat terne.

Un éclair frappa Edward en plein cœur, et il courut vers la mystérieuse femme.

« Sarah ! C'est son médaillon ! Où est-elle ? L'avez-vous vue ? Elle était avec moi !

— Sarah n'est pas sur cette île, répondit la femme. Il n'y a que toi. Et moi. Reprends ton souffle, et raconte-moi ton histoire.

— Je n'ai pas le temps ! Il faut que je la retrouve !

— Regarde autour de toi. Le temps n'a pas d'emprise sur cet endroit. »

En observant la faune et la flore qui l'environnaient, Edward eut l'irrépressible envie de la croire. Paons, flamants roses, grues, hérons, grives, geais, mouettes et goélands dansaient harmonieusement au cœur et au-dessus de la forêt, sous la douce chaleur d'un soleil qui ne quittait jamais son zénith. La femme lui tendit la main, qu'Edward saisit. Elle l'entraîna jusque dans une grotte aux parois constellées de pierres précieuses aux couleurs chatoyantes. Ils s'assirent sur le sol lisse de la caverne et Edward entama son récit.

« Je m'appelle Edward. Je suis... J'étais chevalier au service du royaume d'Angleterre. J'ai suivi l'appel à la croisade qui a eu lieu il y a quelques années, dans le but de venir reprendre Jérusalem aux mains de ceux qu'ils appelaient « les païens ». Ainsi, accompagnant l'armée du roi Henri II, j'ai traversé une grande partie du continent Européen. J'ai parcouru les vallons Bretons, les plaines de France, j'ai vu les richesses de Rome, de Naples et de la Sicile, puis j'ai pris la mer avec mes camarades. Nous avons essuyé de nombreuses tempêtes et avaries, mais au terme de notre périple, nous sommes arrivés à Acre, terre soi-disant sainte que nous devions assiéger. J'ai fait mon devoir : j'ai participé aux batailles, j'ai porté les couleurs de mon royaume et de ses croyances.