Prologue

115 9 2
                                    




December, the 4th.

« Chaque être humain connaît son lot de souffrance et de bonheur.

Chaque être humain est conçu ainsi. Pour vivre une vie semblable à celle d'un autre, pour suivre le même parcours. Tous naissent, apprennent à parler et à marcher, grandissent, de différentes façons pourtant équivalentes. Une éducation, scolaire ou non, leur est inculquée. C'est un fait. Tout être humain est conçu pour vivre de la même manière qu'un autre.
La plupart rentre dans ce moule, mais quelques exceptions ne collent pas à cette affirmation. Certains choisissent d'en sortir, pendant que d'autres n'ont pas le choix.
Bien souvent, ceux choisissant d'en sortir finissent par y retourner, quelle que soit la raison, et bien souvent, ce n'est pas intentionnel. Ils y sont poussés, d'une façon ou d'une autre.
Ceux qui n'ont pas le choix, ont généralement une réaction typique. Se sentant exclu, trop différents, ils souhaiteraient par conséquent intégrer ce moule, faire partie de cette norme imposée dès la naissance par une société bien rangée et régie par un mode de vie défini variant pourtant selon les époques. Ces cas-là sont, la plupart du temps, ignorés. Parfois, il arrive qu'un individu faisant parti de la norme tente de les aider, mais souvent, ces tentatives sont laissées à l'abandon au bout d'un certain temps. Ils sont alors, eux aussi, abandonnés. Car ce n'était pas un choix.

Ce même principe, selon lequel tout homme suit le même chemin, exclu également la possibilité de faire des choix. Tous choix ayant été faits ne l'ont été que par obligation. Faire un réel choix, ne dépendant d'aucun facteur extérieur, est une réalisation impossible. Choisir revient à décréter qu'une issue est préférable à une ou plusieurs autres, parmi celles nous ayant été imposées. Personne ne choisit réellement quoi que ce soit.
Par exemple, aller à l'école n'est pas un choix. L'être humain est soumis à plusieurs contraintes extérieures, le poussant à y aller. Bien qu'obligatoire uniquement jusqu'à l'âge de seize ans, la plupart continue d'évoluer dans ce cadre plutôt que de se livrer à une toute autre vie. Quant à ceux qui la quittent, ils se dirigent généralement vers une autre source d'enseignement, toutefois différente, à savoir le monde du travail, la vie active. Certes, ils choisissent de quitter l'école, mais c'est, en réalité, un choix factice, puisqu'ils sont forcés, soit de faire autre chose, soit de ne plus rien faire, mais ici aussi, de nombreuses contraintes extérieures entrent en jeu, obligeant l'individu, dans la quasi-totalité des cas, à faire autre chose.
Dans le cas contraire, à savoir ne pas aller à l'école, ceci n'est pas un choix non plus. Un enfant grandissant hors de la structure scolaire, que ce soit l'école à l'école ou l'école à la maison, ne l'a pas choisi. N'ayant donc pas reçu l'enseignement primaire, il lui est alors presque impossible d'intégrer par la suite un établissement secondaire, l'obligeant alors à s'instruire seul, ou bien à se diriger vers une autre voie.
Si l'être humain avait la possibilité de choix sans obligation, sans imposition d'issue, il choisirait sûrement de ne pas choisir. Un vrai choix, à proprement parlé, supprimerait l'idée même du choix. L'homme se conforte dans l'idée qu'il puisse contrôler entièrement sa vie et ses décisions, dans l'idée qu'il puisse faire des choix comme bon lui semble, préférant une utopie au fait d'être forcé, tout au long de sa vie, à élire une option meilleure qu'une autre sous obligation indirecte. »

Soufflant légèrement, assit à une table d'une bibliothèque universitaire, le jeune homme s'arrêta de taper sur les touches de son ordinateur. Il décida de suspendre un moment l'écriture de sa thèse et se leva silencieusement de sa chaise pour déambuler tout aussi calmement dans les allées remplies d'ouvrages. Toutes sortes d'écrits y étaient présents, tant fantastiques que philosophiques. Il avait laissé ses affaires au même endroit, voulant simplement faire une légère pause le temps de s'aérer l'esprit. Il avançait, sans réellement prendre la peine de détailler les livres auprès desquels son corps passait. Ses yeux étaient vides, son esprit embrumé. Il ne savait pas vraiment pourquoi il était ici. Ses parents avaient toujours pensé que ce genre d'études était bien pour lui, mais lui ?
Finir ses études lui importait peu. Avoir un bon travail ne lui semblait pas si indispensable. Il ne manquait de rien, mais n'avait jamais rien désiré non plus. Il se sentait comme une coquille vide, cependant, il trouvait cela banal et n'y portait pas plus d'attention qu'au reste. Il suivait juste le chemin qui lui avait été dicté, sans réellement se soucier de quoi que ce soit. Il ne pouvait rien y faire, et n'avait rien envie de modifier. Sa vie était ainsi, quoi qu'il s'y passait. Il faisait avec.
Peut-être que ses parents avaient raison, dans le fond. Ces études lui correspondaient sûrement. Il ne savait pas vraiment.

Soufflant une seconde fois, il se dirigea vers ses affaires et remarqua un jeune homme assit à sa table. N'y prêtant pas plus attention, il se réinstalla sans bruit et resta presque immobile, se contentant de relire ce qu'il avait préalablement écrit. Il n'avait pas envie de continuer, mais ne savait pas quoi faire d'autre. Il lui restait bien assez de temps avant de devoir rendre sa thèse, alors il ne voyait pas l'utilité de la finir de sitôt.

« Est-ce que ça va ? »

La voix lui fit tourner les yeux, se demandant pourquoi une telle question lui avait été posée. Il contempla rapidement la personne à ses côtés, notant mentalement quelques informations à son sujet. Il semblait légèrement plus jeune, ses yeux étaient sombres mais quelque chose de doux y émanait. Ses traits étaient fins. Il était plutôt beau. Ce n'est qu'après cette inspection qu'il hocha doucement la tête en réponse à sa question. Un fin sourire prit possession des lèvres de son interlocuteur qui continua de parler d'une voix basse. Sa voix était agréable. Il avait l'air d'une personne tout à fait aimable.

« Excuse moi de m'être installé là et de t'avoir dérangé, il n'y avait plus vraiment de place ailleurs. »

Sur ces mots, le jeune homme sourit à nouveau et concentra son attention sur l'objet de sa venue. Durant plusieurs minutes, peut-être une heure, aucune autre conversation n'avait été engagée. Lassé de travailler, la thèse du plus vieux avait simplement été enregistrée et il avait porté son attention sur les cours qu'il devait retenir afin de valider son année. Ce n'était que le début, mais il n'avait pas envie d'être forcé à refaire une même année alors qu'il avait la possibilité de passer sans trop de problèmes. Cependant, une question trottait dans son esprit.

« Qui es-tu ? »

Le concerné releva la tête, ne s'attendant sûrement pas à recevoir une question après un si long moment de silence. Il répondit alors simplement.

« Jeon Jungkook. Et toi ? »

Un énième sourire ornait son visage, et le plus vieux pensa qu'en effet, il était vraiment beau. Il continua de le regarder un moment, ne sachant pas si répondre à son tour en valait vraiment la peine, cependant, le regard du dénommé Jungkook lui suffit à se décider et une voix grave et basse s'éleva doucement.

« Taehyung. Kim Taehyung. »

Jungkook continua d'observer son aîné avant d'hocher la tête à son tour et de reporter son attention sur son travail. Taehyung, quant à lui, se dit que cet échange de formalité n'avait aucun intérêt et se remit à fixer son écran. La présence à ses côtés l'avait intrigué, il ne l'avait jamais vu ici auparavant. Venant régulièrement à cet endroit, et s'asseyant régulièrement à cette table assez reculée du reste, il avait eu le loisir d'observer qui allait et venait généralement. Mais Jungkook n'était jamais venu, ou alors il n'avait jamais croisé son chemin. Il releva les yeux et les tourna une fois de plus vers le nouveau venu, laissant ses yeux s'imprégner de son image s'il lui arrivait de le recroiser. Quand ses yeux croisèrent les siens, il ne chercha pas à les détourner. Pour une raison inconnue, le plus jeune avait éveillé en lui quelque chose depuis longtemps évanoui, quelque chose que Taehyung ne pensait plus ressentir un jour.
Un certain intérêt.

« Qu'est-ce qu'il y a ? »

La question lui fit froncer les sourcils pendant qu'une moue amusée prenait place sur le visage du plus jeune. Il n'y avait rien. Il ne répondit pas, se contentant de fermer son ordinateur et de rassembler ses affaires, glissant un simple « salut. » à l'encontre du jeune homme dont l'amusement avait fait place à l'étonnement.

« Au revoir, Taehyung. »

~


« Au fond, c'est ça la solitude : s'envelopper dans le cocon de son âme, se faire chrysalide et attendre la métamorphose, car elle arrive toujours. »


______



Hey.

C'est peut être un peu long pour être un prologue, mais je me voyais pas mettre autre chose ni convertir ce début en chapitre.
Alors voilà.

Unknown [VKOOK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant