Chapitre 1

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Dans la voiture qui emmenait la famille Mocours chez Hervé Vincennes, l'ambiance était tendue. Charles Mocours, au volant, restait imperturbable malgré le flot de paroles qui sortait de la bouche de sa femme.

Charles était un homme calme par nature, un haut fonctionnaire qui s'était hissé dans l'échelle sociale à la sueur de son front. Son fils, Louis, âgé de vingt ans, était issu de son premier mariage avec Aurore Vincennes, la fille d'Hervé, chez qui ils se rendaient. Charles et Aurore avaient divorcé alors que leur fils Louis n'avait qu'un an. Charles s'était très vite remarié avec Béatrice qui lui donna une fille, Célia, juste après leur union. Aurore, elle, mourut dans un accident de voiture deux ans après son divorce. Malgré tout cela, Monsieur Vincennes avait toujours apprécié son gendre et avait conservé d'excellents contacts avec lui.

Pendant la totalité de l'heure de trajet, Madame Mocours ne cessa de sermonner sa fille sur la conduite à tenir, la manière de répondre aux questions et autant de choses qui n'avaient pour effet que d'alourdir encore l'ambiance. Célia, sa fille, agacée, se contentait de répondre par onomatopées décousues et agacées.

Hervé Vincennes organisait une soirée dans sa maison de campagne située dans un lotissement à laquelle il avait convié, entre autres, son ancien gendre et sa famille. Charles, pour l'instant, n'avait pas reçu plus d'information de la part de son ancien beau-père mais cela ne l'inquiétait pas outre mesure.

Ils arrivèrent enfin devant la maison des Vincennes. Hervé, un homme âgé mais encore robuste, sortit les accueillir à bras ouverts en criant presque :

— Ah ! Charles ! Vous êtes les premiers arrivés !

Linda, la femme d'Hervé et mère d'Aurore, se tenait derrière son mari. C'était une femme simple, âgée, presque craintive qui vivait dans l'ombre de son époux qui lui, était d'une exubérance maladive. Béatrice complimenta largement Linda sur son ensemble noir que Célia, elle, avait à peine remarqué.

Célia connaissait bien cette maison. Elle y venait pour les vacances et y retrouvait parfois des amis d'enfances ou des cousins. À ce propos, il lui semblait qu'elle avait fixé un rendez-vous avec quelqu'un ce soir.

— Papy, demanda-t-elle, je peux sortir ce soir ?

— Sortir ? Mais où ça ?

— Oh pas loin. Juste la maison au bout de la rue. Les Amarfi.

— Amarfi ? Alex est là ?

— Il m'a dit qu'il serait là, oui.

— Ma foi, si ta mère est d'accord, pourquoi pas.

Célia soupira : demander à sa mère la permission de sortir était quasiment voué à l'échec. Béatrice installait ses affaires dans la chambre pour la nuit :

— Maman, je peux sortir ce soir ?

— Et tu rentrerais quand ?

— Euh, je ne sais pas, 22 heures.

— Pas question ! Tu rentreras pour le dîner !

— Mais ça ne me laisse qu'une heure !

— Je ne veux pas le savoir ! C'est ça ou tu ne sors pas du tout !

Célia grommela et se rhabilla pour sortir.

— Alors ? lui demanda Hervé.

— C'est bon, j'y vais. Je serai de retour pour dîner.

Sentant que Béatrice y était pour beaucoup dans la taille restreinte de cet horaire, Hervé lui sourit :

— Tu sais, Célia, si tu veux ramener Alex pour dîner, tu peux, hein ! On aura même un clic-clac où il pourra passer la nuit !

Alex Amarfi - Le Meurtre de Béatrice MocoursWhere stories live. Discover now