Le testament oublié

3.6K 228 81
                                    


Bêta : Mokonalex

Disclaimer : Je ne suis pas JKR et je ne touche pas un cent pour cette histoire.



Le ciel était bas et plombé en cette matinée de décembre 1984. Noël approchait, comme les décorations dans les rues l'indiquaient. Il avait neigé une bonne partie de la nuit mais les voitures et le piétinement des passants avaient déjà abimé le beau revêtement blanc scintillant et glacé. Emmitouflé dans son vieux duffle-coat anthracite démodé et le nez dissimulé par une longue écharpe noire, Severus Rogue marchait sur le trottoir glissant en pestant silencieusement. Ses chaussures en cuir de dragon étaient faites pour résister à tout, mais par Merlin, il avait les pieds gelés ! Pourquoi donc avait-il oublié de jeter un sortilège de chauffage sur ses bottines ? Il y pensait tous les jours à Poudlard et là, à Carbone-Les-Mines, non ! Il se serait donné des gifles...

Les doigts gantés de laine du sorcier resserrèrent leur prise sur le sac en plastique de chez Tesco qui contenait sa réserve de thé et de café de la semaine. Pour les repas, un des elfes de Poudlard lui apportait un plateau, selon les ordres du Professeur Dumbledore. Le vieux Directeur savait très bien que lorsque son Maître des Potions était plongé dans un vieux grimoire ou avait le nez penché au-dessus d'un chaudron, il en oubliait le boire et le manger...

L'homme renifla légèrement et toussa dans la foulée. Il allait devoir prendre une Pimentine dès son retour afin d'éviter la grippe moldue qui sévissait en ville, selon les indiscrétions de la caissière de la supérette. Contrairement à ce que bon nombre de ses élèves né-moldus pensaient, les sorciers n'étaient pas immunisés contre les viles affections telles que le rhume, la grippe ou la varicelle !

Le clocher de l'église Sainte-Mary sonna neuf heures au moment où Severus tournait à l'angle de la rue du fileur avec l'impasse du tisseur. Les trois-quarts des maisons étaient abandonnées dans ce quartier. La mine de charbon qui faisait vivre la petite ville avait fermé cinq années auparavant, à la suite d'un dramatique accident ayant coûté la vie à dix-huit mineurs. Son père Tobias Rogue avait fait partie des victimes, tout comme Harry Evans le père de Lily, son amie d'enfance et condisciple à Poudlard. Tobias n'avait été qu'un simple mineur mais Monsieur Evans était l'un des contremaîtres. Sa maison avait donc été bien plus cossue que celles de ses voisins et son salaire plus élevé.

On n'avait pas fait ripaille tous les jours avec la maigre paye de Tobias, vu que l'homme avait été un vaurien aimant courir les femmes – surtout celles des autres – et dépenser ses livres sterling au pub ou autres endroits de perdition, plutôt que d'offrir le nécessaire à son fils unique et à sa femme légitime.

Severus ne revenait habituellement que l'été à Carbone-Les-Mines, mais un courrier laissé par le facteur dans la boite aux lettres du 70, impasse du tisseur, et relevé nuitamment par un Elfe avait appris au sorcier qu'un avoué de l'étude Townsend, Townsend et Gibbs souhaitait le rencontrer au sujet d'une affaire importante. Le Maître des Potions ignorait ce que l'on pouvait bien lui vouloir. Cette étude était la seule de son genre en ville et ils avaient très certainement géré la succession de ses grands-parents Rogue qui avaient légué leur maison à leur fils unique Tobias. Il y avait fort à parier que si le bon à rien n'avait pas hérité d'un logis, il aurait fait coucher sa famille dans un taudis immonde voire même sous les ponts.

Le sorcier allait bientôt avoir la réponse à sa question. Un jeune homme en costume trois pièces de drap noir, coiffé d'un melon assorti et chaussé de souliers vernis inadaptés à la saison se tenait sur le trottoir devant la porte du numéro 70. Severus leva un sourcil et sortit sa montre à gousset de sa poche. Il batailla pour en ouvrir le couvercle et dut retirer son gant avec ses dents afin d'aller plus vite. Il n'était que 9h05 et l'avoué ne devait se présenter qu'à 9h15. D'ailleurs pourquoi avait-il souhaité se déranger, c'était un mystère. N'était-il pas plutôt habituel que ces gens-là vous convoquent et vous fassent patienter dans une salle d'attente aux magazines vieux de plus d'un an ou deux ?

Le testament oubliéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant