IV

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  Arrivée à l'arrêt de bus, je m'assis sur le vieux banc en plastique rouge, je regardais ma montre et calcula rapidement que mon bus ne passerais que dans une dizaine de minutes. Mon sac sur les genoux, j'observais les voitures passer.
 
Peut de temps après je me souvins de l'existence de l'homme en noir. Je me retourna, l'air de rien, (même si j'imagine que je n'étais pas du tout discrète ) et jeta un regard rapide à l'endroit où je l'avais aperçu.
 
Il était toujours là, sa cigarette à présent écrasée à ses pieds. Il releva la tête et fixa son regard dans le mien. Des yeux noisettes, les plus banals au monde, mais qui pourtant me mirent très mal à l'aise. Je me dépêcha de détourner les miens pour les reporter devant moi. Je posa une main sur ma joue et constata avec soulagement qu'elle n'était pas chaude. Je n'étais pas spécialement timide mais savoir que cet homme était toujours derrière moi me rendait fébrile sans que je ne sache pourquoi.
 
Je me calmais enfin quand d'un coup des chaussures rentrèrent dans mon champs de vision. Je releva ma tête doucement, alors que je sentais mon esprit se mettre en position fœtale dans un coin sombre de mon cerveau. C'est lui.

- Comment t'appelles-tu ? Lança-t-il d'une voix assez rauque, calmement.

À ce moment là j'avais oubliée ce qu'une personne normale devait répondre quand on lui pose cette question. Je l'observais juste, attentivement. Il était plutôt beau, très grand ( du moins par rapport à moi, ce qui ne devait pas être très compliqué ) et semblait trop vieux pour être au lycée. Après quelques secondes de silence embarrassantes je lui répondis.

- Alice.

C'était un tout petit " Alice ", sortit d'une voix aiguë.
Je me maudissais de mon attitude, il avait dû me prendre pour une petite fille timorée.
Allez dis-moi le tien ! Priais-je intérieurement.

Il me regardait toujours lui aussi, quand le bus que j'attendais se montra. Non ! Je me leva à contre cœur et accrocha mon sac à mon épaule droite. Celui dont j'espérais toujours avoir le prénom ouvrit la bouche, ayant deviner que j'allais partir, mais je devais monter maintenant ou le conducteur ne m'attendrait pas pour partir. Le contournant rapidement, je sortis ma carte de transport.

- Théo ... Dit-il, un sourire en coin.

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