LA BANDE.

Prologue.

- Tu crois qu'un jour, j'aurai le courage de sauter ?

June se penche. Elle semble examiner quelque chose, mais j'arrête de me poser la question à l'instant même où elle hausse une épaule.

- Je crois surtout que tu devrais attendre le printemps avant de le faire. Tu risques de te tuer sur le coup, sinon.

Je fronce les sourcils. Je crois qu'elle n'a pas compris que c'était justement pour ça que je lui posais la question. Et quand elle semble le comprendre, elle lève les yeux au ciel et renverse sa tête en arrière pour admirer les étoiles.

- Pourquoi voudrais-tu sauter ? Il n'y a pas de raison.

Je regarde le sol lointain couvert d'une fiche couche d'eau. Elle tremble un peu, fait des clapotis et le bruit qu'elle provoque est relaxant. Elle a l'air si apaisée, si calme. Si imperturbable. Je soupire, ce n'est qu'une rivière. Jamais personne ne pourrait être aussi calme, peu importe ce qui arrive.

- Tu me le montres encore ?

Les cheveux blonds attachés de June virevoltent lorsqu'elle se redresse et tourne la tête.

- J'ai faim, dis-je.

- Oh, allez. Juste une fois.

- Je crois que j'ai envie d'un burger. Pas toi ?

- S'il te plaît, Line ! Montre le moi.

Je soupire. Elle est tenace.

- Bon, d'accord.

Je retire ma veste de tailleur en faisant attention de ne pas la froisser. Je déboutonne quelques boutons de mon chemisier blanc pour le faire glisser le long de mes épaules et je relève mes cheveux rouge flamboyant. Elle inspire.

- Elle est tellement belle. J'aimerais trop en avoir une comme ça. Mais pas sur la nuque.

Elle caresse l'encre du bout des doigts. Je n'ai jamais compris pourquoi elle aimait tant ce tatouage, mais je crois surtout que c'est à cause du croissant de lune qu'elle l'aime. L'air frais de la soirée me fout des frissons. Je commence sérieusement à me les peler, alors je remonte mon chemisier et elle râle.

- Je te ferais une photo si tu l'aimes tant que ça.

Je souris, elle m'amuse. Ce n'est pourtant pas un si beau tatouage. Ce n'est qu'un croissant de lune sur la nuque et une phrase tatouée le long de ma colonne vertébrale : N'oublie pas qui tu es.