1, Rainy Day

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Partout où elle allait, le ciel s'assombrissait.

Flip.

Tombant et s'écrasant sur le sol humide, la pluie reliait ciel et terre à l'infini depuis plusieurs jours. Il arrivait, parfois, que la pluie cesse quelques instants – des minutes, surement – avant de reprendre avec plus de convictions. Les gouttelettes d'eau se déversaient en continue sur Magnolia au grand désarroi de ses habitants, qui étaient de plus en plus contrariés par cette pluie diluvienne et par les nuages grisâtres qui recouvraient le ciel.

Flap.

Au plein milieu de cette pluie infernale, sur une des grandes avenues qui scindait le centre-ville en deux parties distinctes, on pouvait percevoir une jeune femme aux cheveux anormalement colorés – bleus – sortant de la gare. Elle déambulait lentement à un rythme régulier sous un parapluie rose – et un peu enfantin – tenu par une de ses mains qui se voulait ferme tandis que l'autre agrippait la poignée d'une valise. Le bruit émis par ses pas concordait parfaitement avec celui des gouttes de pluie qui s'évertuaient indéniablement à tomber sur le sol avant de disparaître en de minuscules fragments.

Flop.

La jeune femme lugubre n'était pas – à l'inverse de toutes les autres personnes qu'elle croisait au cours de sa misérable existence – décontenancée par cette soudaine perturbation en ce début de septembre. Au travers de cette giboulée, la bleuté semblait plutôt être dans son élément.

La femme-pluie, c'était elle.

Elle ne pouvait qu'être désolée pour les autres qui passaient leur temps à se plaindre de cette pluie infâme, et ce, partout où elle mettait les pieds.

C'est étrange quand même, cette pluie qui perdure, encore. Où est le soleil qui avait été annoncé pour aujourd'hui ? Avait dit une femme qui croisa le chemin de la bleue.

Ses paroles parvinrent à ses oreilles comme un reproche à son égard tandis que la voix s'éloignait, sans lui prêter la moindre attention. Sans doute parce que cette remarque ne lui était définitivement pas adressée.

La bleuté ne se prêtait plus à ce genre de remarque qu'elle prenait tout bonnement pour elle – depuis son plus jeune âge –, se sentant coupable de ce malheur qui s'abattait sur cette si jolie ville. Parce qu'on l'avait toujours blâmé d'être une source d'ennui malgré la bonne volonté dont elle faisait preuve. Volonté qu'elle avait mis dans tout ce qu'elle avait entrepris lorsqu'elle était un peu plus jeune.

Désormais, tout était différent. Elle ne vivait plus pour les autres, mais pour elle-même. Il pleuvait, c'était un fait – et elle en était toujours aussi désolée. De nombreuses fois, elle avait cherché à chasser la source de ses malheurs de diverses façons, en vain. Elle restait toujours, collée à elle, louant une certaine fidélité que de nombreux humains ne possédaient guère.

Tant pis pour eux. Pour tout ça.

Toujours sous cette averse abondante, la femme aux étranges cheveux arpentait toujours les rues, imperturbable. Toute personne qui passait par là ne pouvait s'empêcher de jeter un regard – aussi rapide pouvait-il être – sur elle, la dévisageant grandement. D'une part, à cause de ses maudits cheveux, particularité dont elle se passerait éventuellement – par-dessus tout, même.  La femme aurait tant aimé passer inaperçue... Et d'autre part, à cause de l'aura sombre et déprimante qui émanait tout bonnement d'elle. C'était quelque chose qu'elle ne contrôlait pas, cette tristesse qui provenait de son petit cœur meurtri.

AFTER THE RAIN (Gruvia)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant