Le réveil des Sang-dragons

Chapitre 36 : Ansuz.

Nous tournons tous trois le regard vers la clairière où Gwenn évolue, d'un même mouvement. Elle s'approche de la porte suivante, Ansuz, la conscience, la connaissance.

Je lui décris cette femme, rencontrée dans un bar, proche de mon ancien appartement. Je lui avais indiqué deux adresses. La première était la vallée du Berry d'où vient Déméter, la deuxième était le lieu et l'heure de l'éveil de Gwenn.

Un vol de corbeaux traverse les cieux, annonçant que Gwenn franchit la porte.

- Je ne l'ai jamais vue, me dit Déméter.

Je connais le traître désormais.

Gwenn avance vers la prochaine porte, Rad, principe de progression, de mouvement, mais aussi de morale et d'éthique. C'est donc de façon appropriée que Bylhild et moi nous mettons en mouvement pour trouver celle qui a trahit, celle dont l'éthique n'est plus la nôtre.

Une question émerge en moi. Comment notre proie a-t-elle pu savoir ce qui pouvait m'affecter ? Comment a-t-elle pu à ce point pénétrer mon âme, mon esprit, ma magie ? Je fais part de mes questions à Bylhild.

- Combien de temps a-t-elle pu passer à regarder ton ancien logement ? Combien de temps à analyser les résidus magiques, à chercher ce qu'ils sont, à suivre leurs traces, à les décortiquer ?

- Je ne sais pas.

- Ils sont le reflet de ton être. Ils sont ta signature magique. Elle a pris le temps de faire la plus fine analyse graphologique possible. Certes, tu avais mis de côté ta nature draconnique durant cette période, mais reste que tu as laissé des traces qu'elle a pris le temps de comprendre.

Je retrouve rapidement Raj' pour l'informer. Son regard s'assombrit au fur et à mesure que je lui explique la situation. Une fois que j'ai terminé, j'ajoute :

- Prenez la route de Vénus. Lorsque j'ai écarté ma nature draconnique, mon appartement ne me permettait pas de la voir la nuit. Cette étoile n'a pas posé son empreinte sur moi, elle n'a pas marqué ma magie.

Le regard de Raj' s'éclaire un peu. Puis il lève les yeux, voit l'astre dans le ciel et un sourire carnassier fend son visage. Il crie quelques ordres relayés à toutes les troupes et la nouvelle stratégie se met en œuvre.

Quant à moi, accompagné de Bylhild, je retourne sur les chemins entre les mondes. Nous avançons sur le terrain des combats, nous frayant un chemin à la force du poignet, aidant nos camarades dès que nous le pouvons. Et toujours, nous cherchons celle par qui nos actions se défont.

Suivre sa trace n'est pas difficile une fois que nous l'avons trouvée. Nous sommes deux chasseurs par nature. Aussi, nous remontons lentement mais sûrement le fil d'Ariane de ses déplacements. Nous l'apercevons à peine lorsque Gwenn franchit la porte de Rad. En se plaçant sous les auspices de Vénus les Sang-Dragons reprennent le dessus dans l'affrontement. Et la nouvelle porte franchie s'accompagne d'un vent meurtrier pour les Adraconniques. Si mes accolytes parviennent à repousser les vagues d'assaillants, la victoire finale n'en est pourtant pas acquise. A chaque ennemi tombé, deux prennent le relais.

Elle est entourrée d'un halo verdâtre, formant une sorte de bulle autour d'elle-même. Je n'arrive pas à savoir s'il s'agit d'une cage ou d'un réceptacle. Son corps a subi d'étranges changements. Sa peau s'est teintée d'une couleur bleuâtre et ses sortes d'excroissances pyramidales de peau sortent de son dos. Des glyphes parcourent la bulle dans laquelle elle se trouve. En approchant, Bylhild me fait remarquer que la sphère qui l'entoure lévite à quelques centimètres du sol. Autour, d'elle, postés en étoile, huit Adraconniques de haut rang l'entourent. Ils surveillent les alentours, scrutant ce qui pourrait nuire.