Chapitre 5 - Partie I

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Patrick, Laura et Victoire s'installèrent chacun leur tour sur le canapé du salon et la jeune fille attendit avec impatience que l'un d'eux commence à raconter leur histoire.Cela promettait d'être long, mais elle avait tout son temps. Elle eut une soudaine pensée pour Lucian, qui devait l'attendre chez elle avec son air béat. C'était vrai qu'elle l'avait quitté sans donner plus amples informations. Elle sortit son portable de sa poche et écrivit un rapide message :


« Je suis chez ma grand-mère, ne t'inquiète pas de mon retard, elle a plein de choses à me dire. Rentre chez toi, je pense que je resterai sur place ce soir. Merci pour tout, je t'aime. »


Elle le rangea rapidement dans sa veste et regarda droit dans les yeux les membres de sa famille.

— Ce que nous avons à te dire est très long.

— J'ai tout mon temps, éluda-t-elle d'une voix qui ne permettait aucune excuse.

— Très bien, je vais aller nous préparer de quoi manger ; je te laisse commencer, dit Laura en se tournant vers son petit-fils.

Ce dernier acquiesça tout en devenant blanc. Il ne savait pas par où commencer.Il était perdu. Devait-il tout lui dire ? Ou juste le principal ? Il inspira profondément et débuta son récit :

— Il y a cinq ans, j'ai fait une erreur qui a détruit ma vie. C'était un samedi soir et je m'ennuyais fermement à la maison. J'ai décidé d'aller faire un tour en voiture et de me promener là où mon intuition me mènerait. Cela faisait une bonne heure que je roulais et je me trouvais sur une route en pleine campagne, bordée d'arbres sur toute sa longueur.

Patrick prit une légère inspiration et regarda sa jeune sœur qui le fixait en essayant de comprendre où il voulait en venir.

— Au bout d'un certain temps, je me suis arrêté sur le bas-côté pour me dégourdir les jambes. Je marchais sans me rendre compte où j'allais. Un bruit étrange m'a interpellé et j'ai débarqué dans une propriété privée qui offrait une merveilleuse petite longère. Je m'en suis approché et c'est là que j'ai entendu des bruits suspects.

— Quel genre de bruits ? l'interrompit Victoire.

— Des objets fragiles se brisant sur les murs, des cris horrifiés, des hurlements d'hommes. Ce genre de choses qui vous donnent des frissons. De nature très curieux, je n'ai pas pu m'empêcher d'avancer pour voir de mes propres yeux ce qui se passait. C'était comme si la situation m'attirait dans un traquenard et que je ne pouvais plus faire machine arrière. Je me suis glissé tel un serpent en dessous de la première fenêtre et ai regardé attentivement.

Il frissonnait rien qu'au fait de se rappeler ce si lourd secret et ces souvenirs si durs à oublier. Sa sœur vit son désarroi et la peur dans son regard.

— Si tu n'es pas prêt..., commença-t-elle.

— Si, il le faut. Pour que tu comprennes que ce qui t'arrive aujourd'hui n'est pas anodin.

La jeune fille frissonna à son tour et dériva elle aussi dans les réminiscences de ces derniers jours. Qu'est-ce qui pouvait s'être passé pour qu'ils en arrivent là ?

— Ce que j'ai vu m'a fait perdre le peu d'assurance qu'il me restait. Une femme se faisait tabasser sous mes yeux et je ne pouvais rien faire.J'étais comme cloué au sol et mes membres ne répondaient plus.J'essayais de me concentrer mais rien n'y faisait : je subissais cette vision qui devenait insoutenable. Elle avait le visage tuméfié et en sang. Ses pommettes étaient enflées et elle avait un œil au beurre noir qu'elle ne pouvait plus ouvrir. Elle n'essayait pas de se défendre et laissait l'homme la battre sans relâche. J'ai senti des larmes de colère perler sur mes joues mais je ne pouvais toujours rien faire.

Le son d'une voix [En cours de correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant