<< Je me trouve encore en haut de cette montagne, comme je m'y trouvais la semaine dernière. Pourquoi suis-je revenu ici ? Quelle est cette force irrésistible qui m'y attire ? Serais-ce de voir cette mer de nuages, ces écueils, ces pics que j'aperçois sortant de cette brume ensorcelante ? Je ne sais pas ce qui se passe autour de moi, seulement qu'un paysage magnifique se présente à mes yeux remplis de larmes muettes, et pourtant criantes de douleur et de vérité.
Le vent souffle dans mes longs cheveux. La nature ici est si belle, si merveilleuse, si envoûtante... Venir en haut de cette grande colline me permet de réfléchir et de méditer au sens de ma vie. D'ailleurs, en ai-je même un ? Je ne serai jamais un héros, une personne que l'on acclame pour ses vaillants exploits. Ne serais-je donc qu'un homme, une chose dont le temps n'a que faire ? Lui, passe, coule comme le petit torrent qui se trouve plus bas à mes pieds, et qui jamais ne s'arrête.
Les humains sont si petits au milieu de cette verdure luxuriante... Pourra-t-on un jour mériter la beauté qui nous est offerte ? Celle-ci gardera t-elle la trace de notre bref passage dans son éternité ? L'univers est comme le temps infini. La sombre lumière que je vois se dégager des nuages me semble magnifiquement belle.
Je suis un peu las de ce monde, de cette vie dont je n'ai que faire. Des souvenirs heureux ? Ah, quand ma tendre et chère bien aimée était avec moi ! Quand elle était toujours en vie... Ah ! Elle me disait en pleurant des ruisseaux de larmes qu'elle ne voulait pas me quitter mais que la danse ténébreuse allait l'emporter loin de moi ! Souvenirs divins, mais pourtant chargés d'une telle tristesse... Oh agréable créature, pourquoi es-tu partie ? J'aurais dû m'en aller avec toi, laisser passer un dernier soupir sur ton front pour faire de ton visage un masque de pureté ! Je t'aime et je t'aimerais toujours !
Je n'ai aucun but dans ma vie... sauf peut être celui d'arrêter ici ma vie. Temps ! Je t'en supplie ôte de mon corps mon esprit ! Vent, emporte moi dans tes forts courants et fait moi plonger à travers cette mer traîtresse ! Notre existence est-elle si cruelle, si douloureuse, si mesquine que cela ? Ces nuages demeurent, ils contemplent les hommes et leurs habitudes, l'horreur des idées qu'ils trouvent, les inventions qu'ils utilisent...
Je reste là et le resterai désormais pour l'éternité. J'aurais un endroit où aller, enfin... Je me trouverais et serais en paix finalement. Sauter ? Non, le vent m'a accordé ce que je lui avais demandé. Il me pousse, et je rejoins le sol sans le sentir. Au revoir corps déchiré. Je repose en harmonie avec cette si chaleureuse nature sage...
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Chute mortelle
Non-FictionUn homme se retrouve en haut d'une montagne et se laisse aller à ses pensées, la nature lui venant en aide...