Crozon - Lundi 27 novembre 2015 - 17h30.
Matinée hivernale sur cette petite ville du Finistère. Le vent frais et violent faisait ainsi voler dans tous les sens les grains de sables, et remuer les vagues de cette eau bleutée très froide. L'atmosphère restait cependant bien calme et différente de ce que pouvaient connaître les habitants du village quand l'été montrait le bout de son nez. Les rires et cris d'enfants qui ne tenaient pas en place, les conversations à n'en plus finir, et le bonheur des familles et amis qui se retrouvaient, étaient à présent bien loin.
Certaines personnes profitaient pourtant de cette ambiance paisible. Tandis que quelques jeunes adultes courraient, écouteurs aux oreilles, se libérant de leurs ennuies du quotidien. Des couples d'amoureux plus âgés se promenaient main dans la main, longeant la mer, le sourire aux lèvres et se racontant ainsi bien des souvenirs.
Assise sur un rocher se trouvant à l'une des extrémités de cet espace vaste, une jeune femme dont le vent soulevait les longs cheveux châtains semblait absorbée par cette douceur qui régnait malgré tout. La tristesse et la nostalgie recouvraient largement son visage aux joues rosâtres, et des larmes visibles dans ses yeux clairs et humides la trahissaient également. Le corps très peu recouvert, se refermant ainsi dans son long gilet bordeaux dont la couleur mettait son teint porcelaine en valeur, celle-ci grelottait. Une guitare noire était posée sur ses genoux, elle y pinçait quelques cordes de temps à autre à l'aide de ses doigts droits. Refuge habituel pour la bretonne, qui n'avait trouvé que cet endroit pour s'évader, elle chantonnait un petit air inconnu tout en unissant sa voix à la mélodie non régulière qu'elle proposait.
- Maelenn .. Maelenn ! , s'écriait une voix masculine qui s'approchait petit à petit de celle qui était dans son petit monde bien à elle, n'apportant aucune importance au reste.
Ce jeune homme vint alors secouer doucement l'épaule de celle qu'il appelait quelques instants plus tôt.
- J'aurais parié te trouver ici ! Annonça-t-il en levant ses yeux vers le ciel nuageux. Tu aurais pu décrocher, je t'ai appelé une dizaine de fois.
La brunette se tourna alors légèrement vers cet homme qui, à l'inverse d'elle, était vêtu d'un manteau bien chaud, assortis à ses cheveux bruns, la gorge enroulée d'un foulard trois couleurs. La ressemblance entre les deux était frappante, leurs yeux clairs et transparents, presque non courant, ne trompaient personne.
- C'est bon Malo, lâche moi. Lui répondit-elle dans un soupire, agacée.
Frère et sœur, les deux jeunes adultes avaient bien du mal à se supporter et se parler calmement depuis le décès récent de leur papa au mois de juillet de la même année. Maelenn en voulait énormément à son aîné qu'elle voyait comme seul responsable de ce drame, Malo quant à lui, ne parvenait aucunement à faire entendre son explication pourtant réelle et sincère à sa benjamine bien têtue. Chacune de leurs discussions étaient ainsi courtes et remplies de haine venant de la petite dernière.
Elle se releva alors, attrapant son instrument qui était bien loin d'être neuf et se plaça devant lui. Quelques centimètres plus petite que celui-ci, elle se vit lever la tête, envoyant alors tout son dégoût du regard, à ce membre de sa famille à qui elle devrait pourtant être liée. Rien de plus, pas une parole ne sortait de leur bouche. Le brun ne savait plus quoi faire pour apaiser ces tensions qui ne cessaient de grandir au fil du temps que sa petite sœur se renfermait sur elle même.
Après quelques instants, Maelenn tourna les talons. S'éloignant petit à petit de son grand frère, le laissant complètement déboussolé. Le jeune homme inspira un grand coup, venant s'asseoir sur le rocher où l'était quelques minutes auparavant la jeune femme.
***
• 18h30
Après avoir marché encore et encore pendant plus d'une heure, laissant ainsi ses pensées voyager et ses regrets l'envahir, Maelenn rentra chez elle. Elle monta de deux en deux les marches de l'escalier interminable du bâtiment, arrivant presque la respiration accélérée devant la porte blindée en bois de son petit chez elle, au troisième étage, qu'elle ne tarda pas à ouvrir. Face à elle, des tonnes de cartons étaient éparpillés dans tous les coins, celle-ci se fichant bien des choses pour prendre le temps de les ranger. Les murs étaient imprégnés de trous non profonds mais pourtant bien visibles, le blanc de ceux-ci devenait jaunâtre de part l'addiction de la belle au tabac. Le bazar était monstrueux, la décoration était inexistante. Aucun inconnu qui franchirait le seuil porte ne devinerait à vue d'œil qu'il s'agissait du logement d'une jeune femme. Pourtant, tout cela ne ressemblait nullement à la petite Maelenn des années précédentes. Les petites bougies colorées, la peinture rose, et les fleurs qui parfumaient l'ensemble des pièces, semblaient appartenir au passé d'une toute autre personne. Non loin du canapé, un piano. En effet, celle qui adorait chantonner des chansons en s'accompagnant à la guitare au bord de la mer, était une passionnée de musique. Jouer de ces deux instruments était comme un besoin vital pour elle.
Leur maman étant décédée d'un incendie très violent sur son lieu de travail quand ils étaient plus petits, Marc, leur papa, s'était donc chargé de les élever, malgré la souffrance qu'il gardait au fond de lui depuis tant d'années, les psychologues ne parvenant aucunement à le faire aller mieux. Ne souhaitant pas laisser cet homme qui avait tout fait pour eux depuis leur plus tendre enfance, le grand frère et la petite sœur avaient ensemble décidé de rester auprès de lui, tant que leur situation amoureuse n'était que néant. Cependant, la mort tragique de ce dernier avait bien chamboulée les choses, Maelenn, ne supportant plus son aîné avait donc choisi de quitter le domicile dans lequel elle avait habité jusqu'à ici. La jolie brunette s'était donc achetée cet appartement, petit, mais largement convenable et suffisant pour une jeune femme seule, peu après cet événement qui n'avait fait que l'abattre plus qu'elle ne pouvait déjà l'être. Maelenn était devenue une jeune femme solitaire, elle n'approchait plus qu'un minimum de personnes, préférant la solitude. Démissionnant pour cette raison, de son poste de serveuse dans un petit restaurant en plein centre ville, ses difficultés financières n'ont fait que s'accentuer, la poussant même à revendre nombreux de ces objets personnels. Plus les mois passaient, plus les jours défilaient, plus la dépression de la brunette s'amplifiait.
// Hi ! Je me lance dans quelque chose de bien différent de précédemment, je laisse ainsi ''le fantôme d'Abigail'' de côté, mais je compte bien le reprendre dès que l'inspiration me sera revenue. Je ne sais pas si ce premier chapitre ( plutôt court !) plaira, je n'ai pas pour habitude d'écrire à la troisième personne ainsi qu'au passé. Plein de bisous et câlins, et n'hésitez pas à me dire ce qui ne va pas.♥♥♥♥♥ Manon.
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Shattered Lives.
Mystery / ThrillerMaelenn, jeune femme passionnée aux origines Bretonnes se réfugie dans la musique afin d'oublier au mieux les problèmes qui lui tombent dessus au quotidien. Le destin auquel elle ne croit pourtant pas, la dirigera bien vite sur la route d'Alejandro...