Chapitre 9-Agnès Sorel

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L'esprit perdu, la sensation de n'avoir plus aucun souffle, comme si elle plongeait dans un nuage maussade de tristesse à l'infinie... Agnès se tenait devant sa fenêtre, le regard divaguant au loin. Elle avait quitté Thibault pour remonter dans ses appartements, elle n'avait pu rien dire... Bon dieu, pourquoi aucuns sons ne lui étaient parvenus ? Pourquoi n'avait elle pas réussi à lui faire part de toute la mélancolie qui emprisonnait son coeur ? Elle ne voulait pas qu'il meurt... Non, jamais elle n'aurai voulu une telle chose.

La voilà à présent qui se souvenait de chaque moments passés avec lui, si court et peu soient-ils. Elle aurai dû être une bonne épouse, suivre les ordres de son père, ne pas tomber amoureuse d'un autre homme qui paraissait en fin de compte, la mener à sa fin. Tuer et survivre... était-ce ce qui l'attendait ? N'avait elle pas toujours rêvé d'une sécurité libératrice ? Et maintenant, elle se trouvait ainsi, entre deux chemins différents, le choix compressant son âme. Qui allait-elle donc revoir ? Qui allait-elle rejoindre en ce matin de départ à la guerre ?

Il y avait tout d'abord Louis, le Duc de Vendôme. Il était un grand homme, le plus honorable et courageux qu'elle puisse rencontrer. De plus, une chose bien plus importante l'amenait à le désirer et l'admirer... Elle l'aimait.

Ensuite, il s'agissait de Thibault. Une bonne personne, gentil et attentionné, il était véritablement un parfait époux. Mais Agnès avait compris que son coeur ne manifestait à l'égard de Thibault qu'un profond respect et une part d'amitié sincère. Rien d'autre... La certitude que son coeur appartenait au mauvais garçon la chagrinait.

Elle aurait dû aimer le Marquis, elle aurai dû ne jamais rencontrer le Duc... Elle aurait dû... Et pourtant, elle se sentait voler. Car elle avait ce danger qui lui apportait cette sensation de vivre comme nulle autre. Oui... Elle avait cette impression d'importance et de mystère qui l'impressionnait certe, mais la fascinait.

Elle ne se reconnaissait plus, elle ne savait plus qui elle était. Où devait-elle aller ? Bon Dieu... Voir Louis ou Thibault ? Sauver son époux ou rejoindre celui qu'elle aimait véritablement ? Elle avait peur... Thibault lui offrait une liberté alléchante, la laissant aimer celui qu'elle voulait et dans ce cas présent, le Duc. Alors qu'attendait elle ? Elle devait revoir le Duc, lui dire qu'elle acceptait tout danger pour lui et surtout lui avouer tout ce qui se jouait dans son coeur. Elle en avait besoin, autant que lui... Elle ne pourrai entreprendre de telles choses sans s'être confesser à lui. Elle ne lui suffisait que de partir vers la coure principale du château, le recouvrer serai simple... Alors pourquoi doutait-elle autant ?

Quelques minutes interminables à réfléchir la fit choisir. Elle savait à présent, et elle avait terriblement mal de savoir ce qu'elle allait faire...

Elle sortit donc de ses appartements, la gorge et les lèvres sèches, le souffle court... La douleur dans son coeur la fit patienter un moment en silence. Elle put seulement après faire un pas, puis un deuxième pour se fondre dans la masse de gens qui se trouvait dans les couloirs du château royale. Tout le monde paraissait essoufflé, triste et anxieux. Mais elle ne pouvait les entendre... Puisqu'elle ne ressentait que sa propre souffrance, telle une égoïste.

Elle parvînt jusqu'à un garde et lui tendit une lettre de ses mains tremblantes. L'homme l'interrogea du regard, mais elle se contenta de lui avouer le destinataire. Il prit le bout de papier soigneusement plié et parfumé, hochant la tête comme accord. Agnès lui sourit avec une pointe de peine et disparût peu à peu. Elle replongea dans les bas fonds de la majestueuse demeure et se faufila entre les personnes qu'elle rencontrait... Elle retenait ses larmes, elle refoulait sa tristesse... Elle se cachait et se refermait sur elle même pour se sentir présentable devant celui qu'elle avait choisi.

Agnès SorelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant