Quand nous sommes au lycée, Esmérya m'ignore. Aux yeux du monde, nous ne sommes rien d'autres que de vagues connaissances. Nous restons discrets : un salut de la tête par ici, un sourire poli par là. Personne ne peut ni ne doit se douter que je passe mes soirées entre les griffes de l'Ensorceleuse, à boire du thé et à jouer à des jeux de divination. Encore moins à l'embrasser. Et plus si affinité.
C'est un accord tacite, nous n'en avons pas discuté et cela me convient très bien. Je n'ai aucune envie de subir les questions de Thomas et Jess ou de me justifier auprès de Jas.
D'ailleurs je n'ai toujours pas compris pourquoi il se méfiait autant d'Esmé. Enfin si, elle peut être étrange parfois, mais de là à la trouver dangereuse pour ma santé ?
Je lâche un petit rire, amusé par les pensées qui me traversent l'esprit. Les autres élèves me dévisagent, certainement étonnés de voir quelqu'un d'aussi guilleret un jour de bac blanc.
Concentre-toi sur les flux monétaires, idiot ! J'espère ne pas avoir passé la soirée à te faire réviser pour rien !
Je souris intérieurement. Toujours aussi agréable la demoiselle.
Ça aussi, nous n'en parlons pas. Je ne sais pas comment ça se fait que je puisse entendre sa voix dans ma tête, mais élucider ce mystère ne me semble plus très important. D'ailleurs l'ai-je trouvé important un jour ?Je lâche un nouveau petit rire et j'entre dans la salle à la suite de ma belle Ensorceleuse.
*****
Je me tiens à nouveau dans cet endroit étrange, mais cette fois, dans un espace plus restreint. J'observe les environs et déduit de la tonne de paperasse qui encombre la pièce que je suis dans une sorte de bureau. Bien que je sache que personne ne peut me voir, je ne peux m'empêcher de m'aplatir contre le mur, mal à l'aise de me retrouver dans cette position de voyeur.
Il y a encore cette femme, Mélisandre et ce jeune blond qui semble lui servir de conseiller.Elle est assise sur le rebord d'une fenêtre d'où émane un léger vent et semble réfléchir, tandis que lui pianote nerveusement sur l'accoudoir du fauteuil dans lequel il est confortablement installé. Il ne cesse de croiser et décroiser les jambes ce qui semble exaspérer Mélisandre.
- Cesse de t'agiter Elio, veux-tu ?
Ah oui c'est ainsi qu'il se prénomme, j'avais oublié.
- Pourquoi n'a-t-on plus de nouvelles ? demande le jeune homme avec une voix dont il tente visiblement de maîtriser les tremblements.
La femme se passe les mains dans ses cheveux blonds, qu'elle a pour une fois détachés et soupire :
- Je ne sais pas. Il arrive parfois que certains d'entre nous cessent d'aller à la source par désespoir...
- Jamais aussi rapidement ! l'interrompt brusquement Elio en se levant.
Le jeune homme commence à faire les cent pas, passant et repassant sous mon nez à m'en donner le tournis.
- Demain ça fera la treizième lune que nous n'avons plus de nouvelles. Encore une et je vais la chercher.
- Tu n'as pas l'autorisation d'entrer en contact avec les bannis, assène sèchement Mélisandre, m'arrachant un sursaut, et encore moins avec une déchue.
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Les Ailes de l'Ensorceleuse
Paranormal#Wattys2016 : Vainqueure catégorie "Nouvelles voix" MERCI <3 Enzo, dix-huit ans, mène une vie ordinaire, entouré de sa mère, de sa sœur et de ses amis. Sa vie prend peu à peu un détour intriguant lorsque Esmérya intègre le lycée où il étudie. Imp...