Dieu est mort

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ELLES VEULENT TOUTES PARTIR. Voici ce que je lis sur l'affiche de Hunger Games ; elle est à la porte du Foyer... Le Foyer, c'est un paradis sophistiqué, une pièce climatisée et teintes angéliques où se mélangent aux murs, de dix mètre et quelques de haut, les motifs de roses, asséchées jusqu'aux derniers pétales imbriquées... Ce ne sont que des fleurs en papier glacé ; cristallisées là des années de cela par une main toute puissante... Aujourd'hui les voici craquelées, moi, je les décortique : à mes yeux clairs, elles s'entrouvrent sur une exquise douceur qui flagellent l'amour disparu. Et je me questionne : pourquoi tout est si beau ?

Au centre du foyer, canapés rouges ; cuir satiné, reluisant sous les angéliques lumières tamisées, cent vingt coussins nacrés sous absinthe pour soixante matelas tous moelleux, rembourrés de plumes de colombes. A la surface, une matière écarquillée, peau de croco ; mille deux cent jeunes gens squattent ici – des fois debout des fois assis, ils viennent ici par groupes ; et nous, c'est en groupe que nous sommes : Alexander Martin, Guillaume Wright, Léonard Scooty, Nikolaï Ratajowski, Lew Damon et moi, Levon Dravisky.

Ces mobiliers de living-room encadrent chirurgicalement la table basse, ovale, aux airs de science-fiction ; nos pieds dessus sur le marbre laqué noir, pieds en verre, nous débattons sur les actrices comprises entre notre tranche d'âge potentiellement baisables à Hollywood : « Si elles ont plus de vingt ans, elles sont bonnes pour la casse. Si elles ont moins de quinze ans, on est bon pour la taule. »

Guillaume porte un blazer noir Balmain : en laine, fermé par deux boutons au milieu, sous lequel contraste une chemise blanche Valentino, laine également ; et un jean, Kenzo, slim, laine noire, puis de sombre bottines Chelsea en cuir de veau.

Guillaume ; voici l'unique personne intéressante de l'établissement ; et la fille qu'il fréquente, femelle de L4, conglomérat de blondes effilées aux neurones aussi minime qu'une bande de fanatiques-féministes-ménopausées, est ma petite amie, répondant au doux nom sucré des contes de fée : Alice.

« Des femelles cultivées à Hollywood ? Diable... Nous ne risquons pas d'en trouver des masses ; bon, d'avance, épargnons-nous les discours pseudo-féministes, social justice warrior et autres conneries... Préservons l'essentiel, évidons tout superflu : les filles intelligentes n'existent pas. »

Moi, je porte un blazer Neil Barrett, noir, confection 100% laine ; t-shirt gris Diesel, coton, au col en v ; jean slim Rick Owens, couleur noire, puis en guise de souliers, des bottines Dolce & Gabbana à lacets, bouts ronds et à l'effet finition usé.

« C'est vrai, dis-je. Selon moi il y a l'autre Chloé Moretz, dans Kick-Ass, une valeur sûre du cinéma de tous genre ; tant à blockbuster qu'aux écrans plus indépendants. Chloé. Chloé Moretz un nom de jeune fille de seize, veillant sereinement aux prochains rôles qu'elle dénichera dans les recoins obscurs du tout-Hollywood... Pour au moins une dizaine d'année, je dirai. »

Silence.

« Et puis elle est blonde. »

J'adore les blondes. Dans ma classe, il y en a six : Alexandra Brown, Abigail Bress, Lou Anderson, Hope Graham, Gillian Crawford et, enfin, Kristine Van.

« Définitivement en désaccord avec toi, Dravisky, dit Lew. Moretz elle sera morte et enterré d'ici un ou deux, absolument... Et, si je ne me trompe, elle s'est déclarée récemment... euh... comment dire cela, hein, sans vexer la bonne conscience de notre cher et appréciable peuple Londonien... »

Lew regarde le plafond : une lumière christique, laquelle claque l'œil, iris lubrique slashé sous d'opaques clartés... Il nous est impossible de voir ce qu'il y a plus au plafond.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 28, 2020 ⏰

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