En apnée

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Quand je me réveille enfin, mon premier réflexe est de regarder où je me trouve. La lumière m'éblouit. Les murs sont blancs. Des appareils sont reliés à mon bras et poussent des bip bip infernaux. Comment me suis-je retrouvée là ? Je suis dans un lit d'hôpital aux draps blancs.

Je parviens à me redresser en poussant un gémissement. Je remarque Éden endormi, la tête sur mon lit, les cheveux enfouies dans un mini coussin. Je tend la main et caresse ses cheveux ce qui le sort immédiatement et brutalement de son monde de rêves. Je pousse un cri de surprise. Il se frotte les yeux comme un petit garçon, avant de se tourner vers moi.

- Luna ! Tu es réveillée ! dit-il en attrapant ma main.

Je lui souris. Il se rapproche de moi, et approche doucement ses lèvres vers les miennes. Puis son baiser devient fougueux. Il pose sa main sur ma hanche ce qui me fait pousser un petit cri de douleur. Il s'excuse. Je m'écarte doucement.

- Que s'est-il passé ?

Mon garçon aux yeux gris devient livide. Il passe une main dans ses cheveux avec nervosité avant de secouer la tête afin de chasser ses larmes prêtent à survenir à tout moment.

- Je suis pas sûr que tu veuilles vraiment savoir ...

- Si s'il te plaît tout est confus dans mon esprit , je ne me rappelle de rien.

- Après ta conversation avec Jacob tu es partie en courant puis tu as pris ma voiture . J'ai couru pour te rattraper. J'ai suivis la route sans jamais m'arrêter. Puis j'ai vu une voiture filer droit vers le lac. J'ai entendu le conducteur de l'autre véhicule, crier " elle a perdu le contrôle de sa voiture."

Il secoue de nouveau la tête, une larme coule sur sa joue avant de reprendre avec difficulté.

- Le véhicule était en train de s'enfoncer dans les eaux infinies. Je me suis passé une main dans les cheveux en priant pour qu'il ne te sois rien arrivé juste avant de plonger. J'ai nagé jusqu'au fond. Et puis je t'ai aperçu. Je ne m'attendais pas à ça. J'ai hurlé ton nom. Ta ceinture était coincée, tu te débattais contre celle-ci. J'ai commencé à tambouriner sur la vitre. Je t ai vu perdre connaissance. Je suis assez fort en apnée mais là j'avais dépassé mes limites. Je devais agir vite. J'ai frappé de toute mes forces la vitre, qui a finalement explosé en mille morceaux. Et c'est là que j'ai vu ta jambe coincée. Je suis passé à travers la vitre, ouvert la portière de l'extérieur avant de te remonter je ne sais pas comment. J'avais si peur. Les pompiers ont essayés de te ranimer mais sans succès. Je ne pouvais pas supporter de te voir comme ça, de me dire que j'avais échoué. Une colère énorme m'a envahit. J'ai hurlé ton nom, crié de toutes mes forces. Les pompiers ont réessayés une fois puis deux, puis trois. Ils sont venus m'annoncer qu'ils avaient fait leur possible. Je n'ai pas supporter. Je t'ai embrassé de tout mon être, avec une telle rage. Sans m'en rendre compte mon poing à frapper ton coeur. Mais tu ne bougeais pas... J'ai eu si peur...

Il éclate en sanglot. Il paraît soudain si fragile, si précieux, si peureux...

Quelques minutes plus tard, une infirmière ,blonde une pochette à la main suivis de près d'un homme d'une quarantaine d'années ( sûrement le docteur ) font leur apparition dans ma chambre.

Éden se ressaisit et s'écarte du lit.

- Comment va notre petit "miracle" ? sourit le docteur.

Éden me devance et répond à ma place:

- Tu as vu comment ils t'ont surnommés ? dit-il en me regardant. Elle va bien elle est juste choquée, elle ne se souvient plus de "l'accident".

- Tu t'en est sortie presque indemne ma puce, c'est un vrai miracle !

Il se tourne vers l'infirmière :

-Madame quelle est la gravité de ses blessures ?

Elle contemple sa fiche en fronçant les sourcils :

- Touchée à la hanche, jambe droite fracturée et peut être plus grave, impact à la tête, deux côtes cassées.

Je grimace en dégageant mes draps pour apercevoir ma jambe. Elle est complètement nu posé dans une attelle bien fermé. Tout le monde observe mes moindres gestes.

- Tu as évité de justesse le plâtre! Quel bol !

Je ne peux m'empêcher de lui sourire. Je me rend à présent compte que je resterais un bout de temps dans cette chambre hideuse.

Une femme fait son apparition, je reconnais le visage inquiet de ma mère. Je me tourne vers Éden.

- Tu l'as appelé ?

Il ne répond pas.

Ma mère accourt et me prend dans ses bras me faisant pousser un petit gémissement.

Je t'ai rêvéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant