L'instant crucial

Ma bulle de bonheur

J'avais approximativement une douzaine d'années quand j'ai découvert les source de toutes mes souffrances à venir. Un lourd secret si difficile à garder que je n'avais pas osé le confier à une quelconque personne. De toute manière, je ne pourrais plus le faire à présent.

J'étais orpheline de mère dès ma naissance. J'ai été élevée par ma plus grande sœur. Mon père ne voulait pas de moi. Il m'a toujours répété que j'avais assassiné la seule chose qui comptait pour lui en venant au monde. A présent, seules ses paroles peuvent venir me hanter. Il a sombré l'année de mes huit ans dans l'océan de chagrin dans lequel il peinait à nager depuis ma naissance . Je n'ai pourtant manqué de rien durant ma si courte enfance. Ma sœur aînée, Eléonore m'a élevée de la même manière que sa propre fille, Blanche.

J'ai vécu dans une bulle de bonheur durant les onze premières années de ma vie. Le père de Blanche était pharmacien et gagnait assez bien sa vie pour subvenir aux besoin de toute sa famille. Il s'appelait Félix. C'était la personne la plus optimiste que je connaisse. Il avait beaucoup d'humour et savait soutenir Eléonore quand son moral était au plus bas, après la mort de son père.

Blanche et moi nous entendions bien. C'était une enfant énergique et pleine de vie. Elle ressemblait tant à Félix. Souvent, nous allions jouer dans le bosquet se trouvant non loin de la maison. Nous grimpions aux arbres et observions les mouettes qui volaient dans le ciel puis partaient dans la direction de la mer. Nous pensions qu'elles étaient des messagers et qu'elles nous cherchaient pour nous transmettre un message. Nous leur faisions souvent de grands signes accompagnés d'acclamations mais elles ne se posaient jamais sur notre arbre. Nous jouions souvent à sauter de branche en branche, d'arbre à arbre. Nous faisions souvent des courses mais nous étions aussi agiles l'une que l'autre, impossible de nous départager. Mais notre jeu favori était sans doute la recherche des fées. C'est une certaine tante éloignée se prénommant Agrippine qui nous avait apprit à les chercher.